A 39 ans, Jean-Marc Gaillard est toujours aussi motivé à l’idée de débuter un nouvel hiver de Coupe du monde de ski de fond. Il a décidé cette année de laisser le classement général de côté pour cibler plus précisément certaines étapes. Entretien avec un véritable passionné.
Jean-Marc, pouvez-vous faire un point sur votre préparation ?
La préparation s’est très bien passée jusqu’à maintenant, on a pu travailler vraiment comme on le souhaitait. On a des petits bobos dans l’équipe quand même, mais d’une manière générale, ça s’est plutôt bien passé.
Quel bilan faites-vous de la saison dernière ?
L’an dernier, c’était plutôt bon sur le début, les premiers résultats m’avaient rassuré. Du coup, je m’étais mis l’objectif des Championnats du monde. Je suis tombé malade pour les Championnats du monde, donc je suis rentré à la maison. Finalement, ça fait une saison qui est en demi-teinte, parce que l’objectif, c’était les Mondiaux. C’est aussi ce qui donne envie de repartir, même si tout donne envie de repartir. Quand ça marche bien, on veut repartir pour continuer sur cette dynamique, et quand ça marche moins bien, on veut repartir pour se prouver qu’on peut faire mieux. J’aimerais remplir un peu plus les objectifs cet hiver, après, on ne fait pas toujours ce qu’on veut. Même s’il n’y a pas de grand événement cette année, il y a un calendrier Coupe du monde qui est chargé, avec de belles courses. Ça donne toujours envie.
Justement, quels seront les objectifs cet hiver ?
Cette saison, l’objectif va être de cibler plus mes objectifs. Ça va être mon premier hiver où je n’ai pas forcément envie de faire une saison de Coupe du monde complète. Le classement général n’est plus dans mes cordes. Par contre, j’ai envie de cibler certaines étapes qui m’ont réussi par le passé. Monter sur le podium, je ne sais pas, mais réussir à s’en approcher le plus possible. On a aussi un nouveau format avec un Tour de Ski en Scandinavie en février, ça peut être intéressant de découvrir ça, et essayer de faire du mieux possible.
« Il faut réduire les coûts »
Le calendrier est assez démentiel. Y a-t-il trop de courses ?
Ce n’est pas un calendrier trop chargé. C’est bien qu’il y ait régulièrement des courses, quasiment tous les week-ends. On s’est entraîné pour ça, on a envie de courir et on a tous les crocs. C’est important. Le souci, c’est que c’est tout à droite, à gauche, ce n’est pas forcément super bien fait. Du coup, c’est beaucoup de voyages, beaucoup de frais engagés par les fédérations. Ça, c’est problématique, il va falloir assez vite régler ce problème dans le ski de fond. Il faut réduire les coûts, 80 % des fédérations ne peuvent plus se permettre de suivre un calendrier pareil. Tendre un peu vers ce que fait le biathlon, avec des blocs de courses, ce serait plus raisonnable pour tout le monde. Après, quand il y a beaucoup de courses, il y en a pour tout le monde au moins. Je pense qu’il y a pas mal de monde qui ne va pas viser un général mais cibler des étapes. Il y a des courses tout le temps, faire quelques impasses pour arriver plus frais sur certaines étapes, c’est intéressant, même si c’est risqué parce qu’on sait que la saison passe très vite.
Que penser de l’apparition du Tour de ski scandinave et des modifications apportées au calendrier ?
Quelques petites modifications, c’est toujours bien. Je pense qu’il faut évoluer. Quand on fait le point après chaque saison, le staff et les athlètes parlent du fait de faire évoluer le calendrier. Même si ça prend un peu de temps, on est un peu écouté et je pense que tout le monde est gagnant. Concernant les formats, c’est encore loin d’être uniformisé à deux ou trois formats pour simplifier les choses. Mais ça va dans le bon sens. Et ces formats « Tour » sont forcément plus attrayants qu’une étape de Coupe du monde classique.
Avez votre expérience, vous considérez-vous comme un leader naturel en équipe de France ?
Non, il n’y a pas vraiment de leader. Maurice (Manificat) est notre leader sportif, c’est notre tête de gondole même si l’équipe de sprint est super solide. C’est hyper important qu’il soit en forme, ça booste tout le monde, le staff et les coureurs. Moi je suis un peu l’ancien de la bande, mais chacun amène quelque chose, les jeunes aussi. Au sein du groupe d’entraînement, c’est vraiment homogène et on s’entend tous très bien.
« Une belle génération arrive »
Une belle génération française pousse derrière vous…
Oui, franchement, c’est chouette, parce qu’on a une belle génération qui arrive. On a des champions du monde Juniors, des champions du monde U23. On a une meilleure génération que des pays comme la Suède, on a donc un réservoir qui est super. On a de la chance d’avoir une génération comme ça, j’espère que ça va continuer car c’est une belle dynamique. C’est aussi ce qui me motive à continuer, de voir que le groupe vit bien. Je ne suis vraiment pas inquiet pour les prochaines années, il y a vraiment de la qualité.
Ce n’est pas trop difficile de repartir pour une 19e saison de Coupe du monde ?
Le plus dur, c’est l’éloignement de la famille, maintenant que j’ai deux petits garçons. C’est vrai que c’est ça qui est le plus embêtant. J’essaye d’optimiser au mieux mon emploi du temps, par exemple, mes enfants vont venir sur le stage à Tignes pendant quelques jours, c’est pendant les vacances, ça tombe bien. Après, cette vie d’athlète, ça continue de me plaire, c’est loin d’être une contrainte. Au printemps, je me dis : Bien sûr que je continue ! C’est ce que j’aime faire, pourquoi je changerais ? J’ai encore cette flamme et cette envie.