Jean-Paul Sinanian a été réélu président de la Fédération française de billard. Il veut continuer de faire connaître ce sport, sans oublier de soutenir les clubs en difficulté à cause de la situation sanitaire. Interview.
Quel a été votre premier sentiment après votre réélection à la tête de la Fédération française de billard ?
Une satisfaction d’avoir été réélu avec une bonne marge (75,65% des voix, ndlr). Je voulais continuer les actions mises en place. À cause de la crise de Covid-19, nous n’avons pas transformé l’essai. Je ne voulais pas partir tant que je n’avais pas réellement réussi.
Que voulez-vous accomplir lors de votre troisième mandat ?
L’ambition est que le billard soit reconnu comme une discipline à part entière et lui redonner sa place de sport traditionnel. Tout le monde a déjà joué au billard une fois dans sa vie. C’est une discipline intergénérationnelle, qui peut être pratiquée par les hommes et les femmes et qui implique le dépassement de soi, de la concentration et de la maîtrise. Dans les villages olympiques, les athlètes se retrouvent autour d’une table pour jouer et déstresser. Le billard est partout, mais discret. Nous voulons le remettre au premier plan.
De quelle manière ?
En le rendant de plus en plus visible. Depuis deux mandats, la Fédération accompagne les clubs pour qu’ils fournissent un accueil digne de ce nom aux pratiquants. Nous souhaitons avoir de nouveaux licenciés, plus jeunes et plus de femmes. Nous développons un axe pour vulgariser notre sport grâce à un partenariat avec Décathlon, qui a conçu un billard Carambole 1/3 de match, léger et transportable. Ce produit est plus facilement déplaçable pour faire des démonstrations sur des forums des associations ou lors de foires, par exemple. En multipliant les actions avec Décathlon, nous profitons de leurs moyens de communication. Nous constatons que de plus en plus d’enseignes proposent des billards, des jouets aux plus grands, dans leurs catalogues. Le changement va dans la bonne direction.
Est-ce également pour une meilleure visibilité que vous avez postulé pour entrer au programme des Jeux olympiques de Paris 2024 ?
Nous n’étions pas totalement utopistes, nous savions qu’il y avait que très peu de chances que le billard devienne un sport olympique. Cependant, cette campagne de novembre 2018 à mars 2019 nous a offert une communication médiatique. Nous avons fait prendre conscience que le billard est un sport avec une organisation et des structures adaptées. Nous n’avons pas encore fait le choix de postuler pour les Jeux olympiques de Los Angeles en 2028, c’est trop lointain. Ce qui est certain, c’est que nous allons continuer de travailler avec le Comité d’organisation de Paris 2024 pour profiter de cette vitrine. Nous ne relâchons pas l’effort.
Connaissez-vous le nombre de pratiquants de billard en France ?
Le billard compte quatre disciplines officielles dont l’importance est disparate en France. Sur nos 16 000 licenciés, environ 12 000 pratiquent le carambole, 3 000 à 3 500 le blackball, puis le billard américain et le snooker ont la portion congrue. Cependant, nous ne les abandonnons pas car on considère qu’elles ont leur place à la Fédération. Nous menons un travail de terrain auprès des ligues, des comités et des clubs pour qu’ils fassent de la place à ces disciplines.
Comment les structures de billard ont-elles traversé l’année 2020 ?
Elles ont été fermées environ deux mois au printemps, puis à nouveau depuis novembre. Dans notre malheur, nous avons la chance d’avoir près de 400 clubs hébergés dans des structures municipales qui rencontrent moins de difficultés. Environ 200 clubs sont purement commerciaux ou privés et doivent continuer d’assumer des frais de location. Dès mars, la Fédération française de billard a mis en place la procédure « résilience Covid-19 », qui a été alimentée notamment grâce à l’aide supplémentaire du CNOSF. Les structures peuvent faire des demandes d’aide, nous nous penchons sur leurs dossiers et voyons ce que nous pouvons faire. La Fédération fait tout pour sortir de cette crise avec le minimum de pertes de licenciés et de structures.
Que peut faire la Fédération en vue de la relance ?
S’organiser le mieux possible pour soutenir les clubs et inciter les licenciés à retourner autour des billards, en particulier les personnes âgées et fragiles qui peuvent avoir des appréhensions à revenir dans des lieux avec beaucoup de monde. Nous avons besoin d’être accompagnés par le CNOSF et tous les décideurs dans le monde du sport pour assurer la relance, sur la communication et sur l’aide à la reprise de la licence. Dans ce nouveau mandat, la première chose à faire sera d’aider les clubs, puis ne pas perdre de vue l’ouverture vers l’extérieur.
Êtes-vous prêts à reprendre ?
Les clubs n’ont pas le droit d’ouvrir, ça nous ennuie. Le billard est un sport sans contact, qui peut se pratiquer avec le port du masque, la distanciation physique est possible en allant alternativement à la table. Dès la fin du premier confinement, les pratiquants avait repris avec un protocole sanitaire validé par le ministère des sports. On peut recommencer, sachant que le billard apporte un bénéfice indéniable sur le physique, mais aussi pour le mental afin d’évacuer le stress du quotidien et qu’amène la Covid-19.