Jean-Philippe Lustyk : « Plein de choses à raconter sur la boxe »

Crédit photo : Editions Marabout

Auteur d’une nouvelle édition de son ouvrage « Le grand livre de la boxe », Jean-Philippe Lustyk se replonge dans ses souvenirs, en donnant sa vision de la boxe actuelle.

Pourquoi vous êtes-vous lancé dans une nouvelle édition de votre ouvrage « Le grand livre de la boxe » ?

La première édition édition est sortie il y a maintenant 5 ans et a été un succès. Avec les éditions Marabout, nous avons échangé au printemps dernier. Et on s’est dit « pourquoi ne pas donner une nouvelle vie à ce livre ? » Il y avait une véritable demande, et on avait l’opportunité d’apporter des choses nouvelles, on s’est donc lancé. En cinq ans, beaucoup de choses se sont passées dans le monde de la boxe. Je pense en particulier au développement de la boxe féminine. J’ai enrichi le livre d’un nouveau chapitre, j’ai modifié les chapitres précédents avec de nouvelles photos. Il y a plein d’ajouts et plein de choses à raconter. On a également ajouté un QR Code directement connecté avec mon podcast « Ring Story », dans lequel je raconte des histoires qui sont directement connectées avec ce que j’écris. Le livre est donc plus gros, il y a 20 pages de plus. Il y a plus de combats mythiques, de nouveaux combats… je suis très heureux de cette nouvelle version.

Et est-ce que vous avez aussi tenu compte des retours des lecteurs de la première édition ?

C’est une bonne question, mais curieusement, je n’ai pas eu de retours spécifiques. Bien sûr, un livre n’est jamais parfait. Ce livre-là n’est pas exhaustif, c’est une encyclopédie personnelle qui fait 270 pages. Les remarques portaient souvent sur « tiens, il manque tel ou tel combat », mais il est impossible de tout raconter, il y a forcément des oublis. Sinon, il me faudrait plus de 1000 pages ! La première édition était de 2,2 kilos. Cette fois, on monte à 2,4 kilos, c’est conséquent. Je ne pouvais pas tout raconter, mais c’est toujours sympa de voir lien avec le public qui me suit depuis 40 ans. C’est un privilège de partager cette passion commune avec les fans de boxe.

« C’est un voyage dans le temps pas désagréable du tout »

Qu’est-ce que ça vous procure de vous replonger dans tous ces souvenirs ?

C’est un voyage dans le temps pas désagréable du tout (rires). Il y a forcément de la nostalgie, mais curieusement, je préfère toujours penser au combat suivant, au combat de demain. C’est aussi pour cela que dans les ajouts de cette nouvelle édition, il y a les derniers grands combats de ces dernières années. Mais, pour être honnête, c’est spécial de se replonger dans tout ça, je ne pensais pas avoir autant de documents ! J’ai cherché dans mon bureau, chez moi, et même chez ma mère, il y a vraiment beaucoup de documentation, je pourrais d’ailleurs encore enrichir le livre.

Une troisième version du livre, ça fait partie des projets ?

Oui, parce que c’est une histoire un peu sans fin. J’ai été témoin de la boxe à partir des années 1980, c’est à partir de cette période que je peux raconter de nouvelles choses. J’ai des programmes, des accréditations, des photos… plein de choses qui permettent aux fans de boxe de pouvoir se replonger dans cette période qu’ils ont aimée. Parfois, je me suis surpris à dire « ah tiens, j’ai commenté ce combat-là ». C’est une vraie redécouverte et je suis très touché d’avoir pu vivre tous ces moments-là. J’en avais déjà conscience à l’époque, mais plus le temps passe, plus vous vous rendez compte des moments privilégiés que vous avez vécus.

Vous l’avez dit, en cinq ans, il s’est passé beaucoup de choses dans le monde de la boxe. Mais a-t-elle évolué dans le bon sens ?

Je pense par exemple qu’il y a la catégorie des poids lourds qui est passionnante, encore plus aujourd’hui qu’hier. Il y a des talents fous, de vrais champions. Il y a un regain d’intérêt assez important pour cette catégorie. Le problème, c’est la multiplication des fédérations qui fait que les meilleurs ne se rencontrent pas tout le temps. Or, il faut qu’il y ait de grands combats. Il nous faut des combats de légende dans la lignée des plus grands.

Après, dans la boxe, il y a des nouvelles choses qui se créent, à l’image de l’exhibition entre Mike Tyson et Jake Paul. Sur ce type d’événement, on sort un peu du cadre. Mon livre raconte des combats mythiques, des séquences majeures de l’histoire de ce sport qui ont marqué sur un plan émotionnel. Or, ce n’est pas le cas de ces exhibitions. C’est un show, c’est génial. Je me suis levé, j’ai regardé ça sur Netflix, je ne pouvais pas le louper. Mais, en termes de suspense, ça n’égale pas les grands combats de la discipline. Beaucoup disent que la boxe a besoin de ça, car elle souffre face au MMA. Mais je ne pense pas, je crois que les deux se développent parallèlement, en touchant des publics différents. Je prends un exemple : cette année, à Londres, j’ai assisté au combat entre Anthony Joshua et Daniel Dubois. Il y avait 98 000 personnes, c’est un record. Ça montre que la boxe peut attirer, mais qu’il nous faut de grands combats.

« Des champions et des boxeurs de valeur, il y en a en France »

Cette année, il y avait un rendez-vous majeur avec les Jeux Olympiques. En parlez-vous dans votre livre ?

Non, je ne l’ai pas évoqué. Il faut faire des choix éditoriaux. Mais je pense que s’il y avait eu une médaille d’or française, je l’aurais évoqué. Il y a une performance correcte de l’équipe de France, qui était attendue avec ces trois médailles. Mais, dans mon futur projet, je vais raconter des choses sur nos boxeurs français, notamment Sofiane Oumiha, qui est un immense champion.

Aujourd’hui, quel regard portez-vous sur la boxe de haut niveau en France ?

Je suis toujours positif, c’est ma nature, je vois le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide. La situation en France est un peu complexe. Des champions et des boxeurs de valeur, il y en a. Je pense que c’est avant tout un problème de médiatisation, de visibilité et de fréquence de nombre de combats. Ce n’est pas en boxant une fois par an que ces boxeurs vont pouvoir marquer les esprits et être reconnus. Quel média va diffuser et mettre en valeur cela ? Combien de fois vont-ils se produire sur un ring ? Deux fois, trois fois, quatre fois ? Il est important de se poser ces questions-là. Et je pense que malheureusement, l’échec de Tony Yoka c’est l’échec de la boxe ; Si Tony Yoka avait répondu présent et avait atteint le niveau que nous espérions, il aurait boosté tout cela.

Quitter la version mobile