Retrouvez la lettre mensuelle de Jean-Pierre Faye, président de l’association « Sportculture 2020 », qui évoque ce mois-ci l’héritage que doit absolument laisser Paris 2024.
Soutenue dès 2012 par « Sportculture 2020 », le principe d’une candidature aux jeux olympiques et paralympiques de 2024 était associé à une démarche de mise en synergie du sport et de la culture qui accompagnerait les évolutions sociétales du 21ème siècle tournées vers la jeunesse. Une mise en synergie qui reprenait celle défendue par Pierre de Coubertin en 1906 lors d’une conférence consultative qui avait réuni des sportifs, des hommes de lettres et des artistes.
Une mise en synergie où était esquissée la possibilité de confier à chaque ville qui le souhaiterait, pendant l’olympiade « 2020-2024 », l’accueil spécifique de l’une des disciplines sportives, olympique ou non-olympique, associée à la valorisation de l’une de ses activités culturelles parmi les plus emblématiques. Une discipline sportive pour laquelle il devait être assuré aux athlètes de tous les pays les meilleures conditions d’entraînements ainsi que l’association et la participation prioritaire aux activités culturelles locales. Le rapprochement de la discipline olympique et de l’activité culturelle choisies par la ville d’accueil suscitait un côtoiement des artistes, des athlètes et des jeunes qui pouvait s’afficher à tous les niveaux : local, national et international.
Une mise en synergie qui, au sein de ces villes d’accueil et pendant les années précédant les jeux, permettait aux athlètes et aux artistes de partager avec les jeunes des quartiers des lieux de la vie sociale (hébergements, culture, loisirs, éducation, aide aux reconversions, …).
Une mise en synergie que la candidature parisienne à l’Exposition Universelle, prévue dans les mois qui allaient suivre les J.O., allait propulser en ambitionnant le regroupement des savoir-faire économiques, technologiques et numériques avec ceux que les jeunes imaginent chaque jour dans leurs pratiques culturelles et sportives. Un véritable marqueur de l’évolution d’une société où « savoir-faire entrepreneurial » et « art de vie » se complètent et se valorisent mutuellement.
Malheureusement, les décisions qui vont suivre vont tourner le dos à la jeunesse : La première sera le refus de l’organisation de l’Exposition Universelle par le Président Macron alors que, quelques mois auparavant, il en avait vanté l‘excellence et la nécessité devant le parterre d’associations qu’il avait convié à Bercy, en tant que ministre de l’économie (« Sportculture 2020 » était présente).
La deuxième est le déplacement progressif, en des lieux moins populaires, d’épreuves initialement prévues dans le département de Seine-Saint-Denis telles que le volleyball, source de rapprochement des pratiques entre jeunes et sportifs de haut niveau. Et ce alors que, dans l’esprit développé en amont, et comme le rappelle le maire de Saint-Denis : « C’est la place de la Seine-Saint-Denis qui a donné du sens à cette candidature » ( Cf : « Le Monde » du 10 septembre 2020).
La troisième anéantit pour un temps, au niveau national, la mise en synergie du sport et de la culture avec les propos peu amènes que viennent de s’échanger quelques « élites » de la culture et du sport par l’intermédiaire des tribunes du « Monde » des 17 et 22 septembre, avec des formules telles que : « JO de Paris : Il est irresponsable de dilapider l’argent public dans une opération de prestige pharaonique ». Un échange de propos sur les jeux olympiques où la « jeunesse » a manifestement été oubliée.
Fort heureusement, en conclusion de la dernière tribune, on peut lire : « Toutes les expressions et les émotions artistiques, culturelles et sportives se valent et doivent être enseignées ». Une approche, que les plus hautes instances nationales réfutent afin de préserver leur discours égotiques mais une approche qui, de fait, nous incite encore plus fortement à construire localement ces nécessaires mises en synergie. L’action « Passeport pour la 6ème » réalisée cet été par « Sportculture 2020 » en partenariat avec les « Francas » et le CREPS de Montpellier en a démontré la justesse à travers les moments d’échanges, de motivations scolaires et de rêves vécus entre les jeunes des quartiers et les sportifs de haut niveau *. Les membres des équipes de France de judo et de volleyball, les espoirs du basket international, les acteurs et danseurs des grandes compagnies qui y ont participé étaient non seulement disponibles pour les jeunes mais le plus souvent solliciteurs pour les accompagner. Lors de cette action, « J.O. 2024 » ne pouvait pas être transformé en autre chose qu’en « Jeux Olympiques 2024 ».