Jean-Pierre Siutat est un dirigeant heureux. Le président de la Fédération française de basket-ball (FFBB) dresse le bilan de l’année 2022 et dévoile les objectifs à venir, en vue des Jeux olympiques de Paris 2024. Objectifs sportifs, mais pas seulement…
Quel bilan faites-vous de l’année 2022 pour le basket français ?
Il faut revenir à la raison d’être d’une Fédération. Pour faire simple, nous avons deux objectifs : Le premier, c’est la performance. Le second, c’est le développement territorial. La performance est divisée en deux : la performance immédiate avec les équipes de France seniors, et la performance durable, qui consiste à créer de nouvelles équipes, de nouveaux champions et de nouvelles championnes. On parle ici des jeunes. Aujourd’hui, pour parler performance immédiate, on était engagé avec toutes les équipes.
Commençons par les garçons, argentés lors du dernier Euro…
Les garçons, lors de cet Euro, ont décroché une médaille d’argent. On banalise toujours les résultats, mais c’est le troisième podium consécutif après ceux obtenus à la Coupe du monde et aux Jeux olympiques. On peut être déçu par la manière dont on tombe en finale contre l’Espagne, mais je rappelle qu’il y a de très grandes équipes qui n’ont pas réussi à se hisser en finale : la Serbie, la Grèce, la Slovénie, pour ne citer que ces pays. Même si on a eu de la chance lors des huitièmes et des quarts de finale, on décroche une médaille d’argent, avec une équipe qui n’était pas au complet. C’est toujours une fierté, et on continue notre préparation pour les Jeux olympiques de Paris 2024.
Un mot sur le phénomène français du moment, Victor Wembanyama. C’est une aubaine pour le basket tricolore ?
C’est un énorme plus, ça n’arrivera pas tous les jours. On est ravi, c’est à la fois un super joueur et un jeune qui a la tête sur les épaules. Il parle de manière hyper positive de son expérience, du basket français, et pour nous c’est une belle lumière, c’est évident. On en est fier, et on essaie de l’accompagner au mieux.
« Fiers des résultats du basket 3x3 »
Passons à l’équipe de France féminine…
Pour les filles, on savait qu’il y avait énormément d’absentes, Sandrine Gruda et Endy Miyem notamment. On s’est retrouvé dans une situation où, en Australie, Marine [Johannès] s’est blessée la veille du début de la compétition. Pauline Astier, qui avait fait une très belle préparation, s’est blessée aussi là-bas. Quand on voit ce qu’elle est capable de faire en Championnat et en Euroligue, on se dit qu’elle aurait pu nous aider à franchir un cap. L’équipe n’avait pas de pression, on a fait un bon tournoi en terminant à la cinquième place. Très sincèrement, on n’a jamais fait mieux que cette place sur une Coupe du monde. Avec une équipe privée de nombreux éléments, c’est bien. Peut-être qu’on n’a pas été bon par moments, notamment contre la Serbie – ce n’est jamais facile de jouer contre les Serbes –, mais on a battu le Japon et on a fait un gros match contre la Chine. Ce sont des éléments très positifs.
Et concernant l’année du basket 3×3 ?
Sur le 3×3, on a démarré avec une Coupe du monde en Belgique où on a remporté la médaille d’or pour les filles et la médaille de bronze pour les garçons. C’est une belle fierté, ça montre le travail qui a été fait par le staff, par les joueuses et les joueurs. C’est un sacrifice de passer du basket traditionnel vers le basket 3×3. C’est beaucoup d’investissement et de préparation, donc bravo à eux. On a enchaîné avec plein de succès. Les filles ont été sacrées championnes d’Europe. Les garçons n’étaient pas qualifiés, ils ont dû faire face à une blessure, mais on aurait eu notre place aux Championnats d’Europe. On a aussi créé cette équipe professionnelle de 3×3, et c’est une réussite. Pour une première saison, ses résultats sont assez formidables.
« Encore un cap à franchir chez les jeunes en 5×5 »
Et chez les jeunes ?
Chez les jeunes en 3×3, nous sommes Champions du monde. J’ai eu l’occasion de dire que globalement, je n’étais pas satisfait de ce qui se passait chez les jeunes en basket traditionnel. On a eu quelques médailles, mais on a encore un cap à franchir et j’ai demandé à la direction technique de travailler sur ce sujet.
En 3×3, les terrains fleurissent sur tout le territoire…
C’est le second sujet, le développement territorial. On a été touché, comme tout le monde, par la chute du nombre de licenciés liée à la pandémie, au Covid-19. On a aujourd’hui récupéré quasiment tous nos licenciés. On était à 690 000 licenciés l’an dernier, aujourd’hui, nous sommes en progression de 15 à 20% par rapport à l’an dernier. C‘est lié, je pense, aux Jeux olympiques et au travail fait sur le terrain.
Derrière, on sait qu’on doit développer notre offre de basket 3×3. On a fait le choix de proposer une pratique extérieure, et donc des terrains extérieurs. Ça coûte beaucoup moins cher. On est content d’être suivi par le gouvernement pour créer ces terrains de qualité. On en profite allègrement, puisque je crois qu’on est déjà à 160 terrains identifiés et financés via l’Agence nationale du sport. Plus autant de terrains qui n’ont pas pu être financés par l’ANS. Notre volonté, c’est d’arriver à 500 terrains d’ici 2024. On va y arriver.
« Arriver à 500 terrains de 3×3 en 2024 »
Les territoires sont-ils pleinement engagés dans le développement du basket 3×3 ?
J’étais dans le 77 avec le Conseil départemental. On a signé une convention pour réaliser 100 terrains de 3×3. Ils vont financer 100 terrains de 3×3 en extérieur. C’est super ! La Mayenne a fait la même chose. On est en train de développer ça sur plusieurs territoires en France. A Paris, à Marseille qui vient de signer un plan de rénovation de playgrounds. J’ai aussi vu le maire de Montpellier, et ça y est, c’est parti. On va réussir à créer tous ces terrains.
Quels sont les objectifs de la FFBB sur la route de Paris 2024 ?
On travaille pour réussir nos Jeux, et le deuxième objectif, c’est de préparer l’après Paris 2024. Il faut préparer notre réseau, nos clubs, nos ligues, nos comités, la Fédération à cette transformation sociétale qui aura lieu. On y travaille depuis 2017. La pratique extérieure c’est une chose, mais on a aussi racheté les Hoops Factory. On veut développer les franchises Hoops Factory car on trouvera un public différent, le monde de l’entreprise en particulier.
Propos recueillis par Simon Bardet