Jean-Pierre Siutat : « Notre plus-value, c’est le 3×3 »

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Au mois de mars dernier, la Fédération Française de BasketBall a adopté son plan stratégique FFBB2024. Président de cette fédération aux plus de 660 000 licenciés, Jean-Pierre Siutat nous en dit plus sur cette stratégie.

 

Le plan stratégique FFBB2024 a été adopté. Quels en sont les axes majeurs ?

Le premier axe fort est de modifier notre offre de pratique. Structurellement, nous sommes une fédération délégataire qui organise des championnats. En tout cas, c’était ce que nous étions dans le passé. Désormais, on se retrouve en concurrence avec d’autres opérateurs. Notre stratégie a donc pour but de proposer de nouvelles offres de pratiques compétitives, qui répondent à l’attente sociétale, mais aussi de développer toute une série de pratiques non compétitives. Je pense notamment à tout ce qui est lié à la santé, au handicap, au sport en entreprise… Travailler sur nos offres de pratiques doit nous permettre d’avoir une segmentation de marché un peu plus large. Un autre axe fort de cette stratégie concerne les clubs. Demain, nos clubs doivent devenir des centres d’intérêt territoriaux, c’est à dire des endroits où on peut pratiquer du 5×5 traditionnel, mais aussi engager des équipes dans des compétitions de 3×3 et venir faire de la pratique non compétitive.

Qu’est-ce qui vous a poussé à mettre en place une telle stratégie ?

Premièrement, la préparation des Jeux olympiques en France est à la fois une opportunité, mais aussi une menace. Deuxièmement, les gens vont de moins en moins dans les clubs et consomment du sport différemment, ce qui crée les conditions de ce que l’on appelle une « uberisation ». Troisièmement, nous pouvons de moins en moins compter sur les aides publiques, que ce soit venant de l’État ou des collectivités territoriales. Les suppressions d’emplois aidés ont mis les clubs en difficulté. Il était donc important d’agir. Cette stratégie répond également au contexte de la réforme territoriale. Au mois de juin, nous allons fusionner nos régions. On est donc sur un mode de fonctionnement un peu différent. Enfin, nous avons aussi une nouvelle discipline à gérer, le 3×3, pour laquelle nous devons préparer nos équipes nationales en vue des prochaines échéances, mais aussi développer la pratique pour le plus grand nombre sur le territoire. On se devait donc de répondre à un contexte pas si simple que cela.

Les clubs font partie de cette stratégie. À quoi cela correspond-il exactement ?

Si les clubs le souhaitent, ils auront désormais la possibilité d’avoir des joueurs(ses) engagé(e)s en 5×5, mais aussi des licenciés en 3×3 et des licenciés en pratique non compétitive. Il y a aussi des jeunes et moins jeunes qui ne souhaitent pas s’engager dans un club traditionnel. Ils veulent rester libres dans leur volonté de faire du sport. Il faut donc que l’on « capte » ces gens et qu’on leur offre la possibilité de nous rejoindre sur des tournois ou sur différents événements. Avec l’aide de plateformes digitales, le club pourra proposer des services à tous ses pratiquants. Développer le digital, c’est quelque chose sur quoi d’autres fédérations se lancent également. Mais la plus-value que nous avons, c’est le 3×3, c’est-à-dire une pratique qui a une vraie légitimité en raison de sa présence aux Jeux Olympiques.

En quoi est-ce vital pour les clubs de se développer ainsi ?

Aujourd’hui, les clubs souffrent. Il n’y a plus de créneaux dans les salles, on ne construit pas de nouveaux gymnases et il y a de moins en moins d’encadrants. Les clubs sont donc dans une situation où ils refusent des licenciés, car ils ne peuvent pas en supporter l’augmentation. Certains clubs ont donc envie de tenter autre chose pour accueillir de nouveaux pratiquants. Beaucoup de clubs nous ont demandé d’organiser une offre de compétition 3×3. On répondra à cela cette année et on devrait lancer cette compétition début novembre.

Comment résoudre la problématique du manque de terrains ?

On sait qu’on ne construira pas de nouveaux gymnases tous les jours. Actuellement, il y a une véritable guerre des créneaux dans les gymnases. Moi je suis un ancien, je jouais dehors (rires). Or, dans les années 1980, on a tous commencé à se mettre dans les gymnases en délaissant les terrains extérieurs. Aujourd’hui, je pense que le basket pourrait rénover ces terrains extérieurs et proposer une pratique libre. À l’avenir, on peut imaginer que bon nombre de ces terrains puissent être couverts pour proposer une pratique, quelles que soient les conditions. Je désire vraiment que ces terrains en plein air retrouvent une deuxième vie.

Par Olivier Navarranne
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