Troisième lors de l’édition 2016 du Vendée Globe, le skipper de Charal se prépare actuellement pour deux transatlantiques : CIC et New-York Vendée avant de disputer l’Everest des mers.
Vous allez prendre le départ dans quelques jours de la Transat CIC (28 avril), pour quelles raisons vous êtes vous engagé ?
La course fait partie du calendrier IMOCA. C’est une transatlantique nord avec des vents forts et c’est intéressant de se confronter à de telles conditions avant le Vendée Globe. C’est une course mythique que je n’ai jamais faite. Puis, juste en franchissant la ligne de départ, la course me qualifie définitivement pour le Vendée Globe donc cela cochera cette case. Il y a une grosse concurrence.
Les années Vendée Globe sont assez difficiles, car dans cette course, il faut aller vite et avoir beaucoup de fiabilité. Sur les courses d’avant, on va juger les performances, mais surtout voir l’état du bateau, son usure, ses défaillances… On est plus sûr de l’entre-deux. C’est un peu la même chose pour toutes les équipes qui jouent devant.
Quelle relation entretenez-vous avec votre bateau, Charal ?
Je commence à le connaître par cœur. On a fait des petites modifications dessus cet hiver, avec notamment une nouvelle paire de foils qu’il faut apprendre à découvrir. J’ai confiance en mon bateau. On n’a jamais eu de gros soucis de fiabilité et de structure depuis qu’il est à l’eau. C’est un bateau qui va vite. On se connaît très bien tous les deux, mais on se redécouvre aussi à chaque fois sur les courses, c’est ça qui est beau dans ce sport.
Comment allez-vous vous préparer pour le Vendée Globe ?
Cela fait deux ans que je le prépare. La Transat CIC et New-York Vendée sont les deux courses au centre de ma préparation qui me permettront de voir où je me situe en termes de performances et de fiabilité. Cet hiver, on a fait un gros chantier. On s’est attelé à gommer les petites usures et les petits défauts du bateau. Depuis plusieurs mois, je me prépare mentalement et physiquement à cette échéance. Ce qui va être essentiel, c’est de trouver une période de récupération cet été avant d’enchaîner à nouveau sur une période d’entraînements au mois d’août jusqu’à fin septembre. Il faut bien tout prévoir. Il peut y avoir énormément d’aléas lors de la course donc il faut tout bien préparer avant le départ et être précis.
» On ne peut pas s’arrêter sur la route pour faire des courses ! »
Mentalement, comment vous préparez-vous ?
Je travaille avec un préparateur mental. L’idée est d’être dans un échange permanent durant les périodes d’entraînements, de courses. Il faut être capable de parler d’une bonne performance comme d’une contre-performance, de trouver les solutions rapidement pour gérer ses émotions. C’est primordial de faire ce travail-là maintenant, car durant le Vendée Globe, je ne pourrai pas avoir ces échanges. Quand j’aurai un coup de mou, je serai tout seul et il faudra que j’ai les clés pour arriver à me ressaisir en autonomie. C’est dans la tête. Chacun à ses petites astuces : écouter de la musique, faire des photos, discuter avec sa famille… Le vécu, l’expérience et la confiance en soi jouent beaucoup dans la balance.
Il y a aussi la nutrition qui compte. Comment gérez-vous cela ?
C’est capital. On ne peut rien oublier, car on ne peut pas s’arrêter sur la route pour faire des courses (rire). On a un enjeu, c’est le poids à bord. Il faut vraiment bien gérer l’optimisation du poids et les apports journaliers dont on a besoin. J’ai la chance avec Charal que cela soit leur métier. La gamme Charal Sport développe pour moi des produits, notamment des plats préparés, adaptés à mes besoins en mer. On travaille ensemble pour me faire des plats en quantités, en apport nutritionnelles et caloriques suffisant par jour. Ce qui est capital aussi, c’est d’avoir quelque chose qui donne envie de manger. Sur un bateau, on est un peu dans le stress de la course, dans un milieu humide, ça bouge… On a pas tout le temps envie de manger. En général, je perds 2 à 4 kg.
Quel résultat espérez-vous sur la 10e édition du Vendée Globe ?
Le Vendée Globe est une course extrême. On ne peut pas faire mieux ou pire que le Tour du monde en solitaire. Sans escale, ni assistance : ça, ça fait clairement la différence. On ne peut pas faire plus dur que cela. L’objectif, c’est toujours de tout mettre en œuvre pour gagner des courses. J’ai fait cette course quatre fois et à chaque fois j’ai vécu des scénarios auxquels je ne m’attendais pas du tout. Pour l’instant, on met toutes les chances de notre côté pour prendre le départ non pas en tant que favoris, mais de binôme bateau/skipper que l’on juge capable d’être aux avants postes. Si on y arrive, on aura fait un gros travail. Après, la course, c’est la course (sourire).