Son palmarès est long comme le bras. En saut en longueur, Ronan Pallier a accumulé huit titres de champion de France, a été champion d’Europe en Pologne et a atteint la quatrième place au Mondial d’athlétisme handisport, chez les malvoyants. A Tokyo, il sera sur la piste des Jeux paralympiques, après avoir déjà participé en 2004 et 2008. A 50 ans, il est toujours au top de sa forme et ne cache pas ses ambitions de podium. Toujours avec optimisme et détermination, un état d’esprit qu’il n’a pas lâché malgré le déclenchement de son handicap.
Malvoyant à 30 ans, athlète de haut niveau à 50 ans
En 2002, Ronan Pallier perd la vue en quelques jours à peine. « C’est un handicap de naissance », explique l’athlète dans les colonnes de Ouest-France. « Une rétinite pigmentaire évolutive, une dégénérescence de la rétine. ». Depuis cette perte subite, il ne distingue plus les formes mais seulement les lumières. Pas de quoi freiner son envie de sport. Pupille de la Nation, venu de la Réunion et adopté en Bretagne, il aurait pu être footballeur avant de se tourner vers l’athlétisme, et de réussir chez les malvoyants.
« Mes muscles sentent le sol et se souviennent »
Mais sur la piste, comment fait-il ? « Je fais abstraction du fait que je ne vois pas » affirme le Nantais, toujours à Ouest-France. « Quand je saute en compétition, je me concentre sur mes appuis et sur les claps de mon entraîneur. Mes muscles sentent le sol et se souviennent. Dès qu’ils sentent un terrain plus mou, ils préviennent mon cerveau que le saut, c’est maintenant. ». Des sauts à plus de six mètres, qui impressionnent son coach Fabrice Ploquin, « toujours épaté de voir Ronan prendre son élan dans le noir total, sur 42 mètres, et impulser au bon moment ». Salarié de la Semitan, réseau de transports en commun de Nantes métropole, il milite pour l’accessibilité dans les bus et trams. C’est le combat « de service public » qu’il portera sur la piste à Tokyo, en plus de la lutte pour un podium olympique.