Stéphane Houdet, légende du tennis-fauteuil français, sera peut-être le porte-drapeau masculin aux Jeux Paralympiques de Tokyo. Entretien avec le quadruple médaillé paralympique et vainqueur de quatre Grand Chelems dont Roland-Garros à deux reprises.
Pourquoi avoir pris la décision d’être candidat pour le rôle de porte-drapeau ?
Jusqu’à présent pour les Paralympiques, c’était un poste pour lequel on était élu et non candidat. Il se trouve que le comité paralympique et sportif français a choisi, pour faire connaître les sportifs et les disciplines, de faire appel à un vote du public. Pour ma part, c’était une demande de la fédération française de tennis. Ce qui me correspond bien parce qu’il faut se mettre au service des autres et non l’inverse pour un poste où l’on doit être plébiscité plutôt que candidat.
Qu’est-ce que cela pourrait représenter dans votre carrière de devenir porte-drapeau aux Jeux Paralympiques ?
Ce serait un moment important. Ce moment s’est prolongé à partir de ma victoire à l’US Open en 2017 après les Jeux de Rio où j’avais envisagé une gentille fin de carrière. L’annonce de Paris 2024 a fini de me convaincre de continuer à être sur les courts.
Quel regard portez-vous sur l’unification des équipes de France olympique et paralympique ?
C’est magique. Depuis le temps qu’on milite pour que tous les sports et toutes les différences soient reconnus… J’étais en conférence de presse, mercredi, avec Clarisse Agbegnenou, on est vraiment considéré comme des sportifs jusque dans les vestiaires des tournois de tennis. Le faire au nom de la France, être derrière un même drapeau, c’est un moment historique du sport français. Il y aura un avant et un après Jeux de Tokyo pour la France.
Que représente les Jeux pour vous ?
Pour nous, tennismen, c’est la cerise sur le gâteau tous les quatre ans. On a la chance d’avoir un calendrier chargé en jouant les quatre tournois du Grand Chelem. Se retrouver en équipe de France, soutenu par toute une nation, c’est le moment que tout le monde a envie de vivre en tant que sportif. Je pleure en voyant des podiums depuis que je suis gamin. Sur le circuit, on peut seulement vivre une Marseillaise aux Jeux. Quand elle retentit, c’est fort en émotions. Et cela correspond à l’engagement d’une vie sportive complète. Même si j’ai d’abord rêvé d’être joueur de tennis professionnel avant de devenir vétérinaire. Et finalement, mon accident m’a permis de retrouver les joies et la vie d’un sportif. C’est une vie de rêve.
Qu’est-ce qui vous anime encore pour être toujours sur le circuit ?
J’adore ça. C’est un plaisir immense de parcourir le monde mais aussi de jouer, m’améliorer et performer. J’ai réfléchi plusieurs fois et toujours en amont à une fin de carrière. Je suis allé à Pékin pour mes premiers Jeux en pensant que ce serait peut-être les derniers. En même temps, j’étais en train d’apprendre. J’ai toujours pensé à la suite en me projetant sur les Jeux suivants. En 2012, je gagne mon premier titre du Grand Chelem en simple à Roland-Garros, je fais une finale en simple aux Jeux de Londres. L’année suivante, je gagne Roland-Garros et l’US Open toujours en apprenant. D’année en année, je me dis que tant que je prends du plaisir, que je ne suis pas blessé et que je suis encore performant, je joue.
Quels seront vos objectifs à Tokyo ?
L’or en double et une médaille en simple. Je suis encore capable de gagner de grands tournois. Tout le monde est fort mais j’ai dans un coin de ma tête l’or en simple.