Capitaine de l’équipe de France de rugby-fauteuil, Jonathan Hivernat vient de vivre un mois assez fou. Canada Cup, titre de champion avec les Dragons Catalans… mais aussi Covid, l’athlète de la Team SPORTMAG se confie.
Jonathan, comment vous sentez-vous ? Vous étiez au Canada pour participer à la Canada Cup…
Je reviens d’une période Covid. Pendant une semaine, j’ai essayé de faire au mieux pour rester en forme. Depuis deux semaines, j’ai bien repris l’activité physique et j’ai retrouvé mon niveau. Je me sens vraiment très bien, ce qui m’a permis d’aborder ce tournoi dans de bonnes conditions. La Canada Cup, c’est avant tout une compétition pour préparer l’avenir de cette équipe de France. Tous les joueurs présents au championnat d’Europe n’étaient donc pas là, ce qui nous permet d’en profiter pour tester de nouvelles lignes et de nouvelles compositions. Cela doit nous permettre de faire souffler les cadres et d’avoir un effectif plus large pour continuer de performer et de progresser.
En tant que capitaine, quel est votre rôle sur ce type d’événement ?
C’est une chance et une réelle opportunité pour ces joueurs de pouvoir s’exprimer et de prendre de l’expérience. En tant que capitaine, j’amène toute cette expérience du jeu. Le côté stratégique est très important. C’est quelque chose qui me tient vraiment à coeur, cette notion d’héritage, de pouvoir être la construction, d’aider. C’est un tournoi que nous avons pris très au sérieux, qui nous permet de progresser. En 2012, j’ai participé à la Canada Cup pour la première fois. Aujourd’hui, c’est moi qui permets aux autres de découvrir cette compétition.
La compétition existe depuis longtemps au Canada. Le rugby-fauteuil est-il vu différemment là-bas ?
Le mouvement parasportif est complètement en adéquation avec le mouvement de très haute performance. Encore aujourd’hui, on souffre un peu de ça en France. C’est le Canada qui a créé ce sport-là, qui a instauré ce climat professionnel. Les joueurs canadiens ont des contrats avec des axes de performances. Ils sont tous professionnels et athlètes de très haut niveau. Culturellement, on est dans une dimension tout autre. En France, nous souffrons du fait que nous sommes un sport collectif qui ne peut pas ramener autant de médailles qu’un sport individuellement. Nous sommes également un sport très coûteux. Malgré ces obstacles, j’aimerais que l’on rentre dans cette dimension, dans cette considération, comme au Canada. Aujourd’hui, nous sommes dans un pays comme la France, nous représentons l’équipe de France, mais nous n’avons pas les moyens de nous exprimer au mieux. Ça me déchire un peu le cœur. J’espère donc que Paris 2024 va permettre de changer la donne.
Est-ce justement à vous, les joueurs, de vous mobiliser pour changer la donne ?
Dans cette optique-là, j’ai bien compris que le meilleur vecteur était d’être entreprenant dans notre vie et d’être acteur dans notre façon de faire. C’est à nous de chercher nos propres partenaires et de leur proposer une histoire que l’on coconstruit ensemble. Il faut arriver à se battre, mais aujourd’hui, c’est fou de se dire qu’on doit presque faire ça pour compenser les manques, alors que nous sommes les représentants d’une équipe de France.
Vous êtes devenu champion de France avec les Dragons Catalans. Une expérience à XIII qui est donc un pari réussi…
C’est la concrétisation de tout un projet et d’une année riche avec les Dragons Catalans. Ce n’est d’ailleurs que la première étape avec ce club. C’est un très grand honneur de pouvoir évoluer au sein de l’un des meilleurs effectifs français, d’avoir appris, d’avoir progressé. Pour ma part, c’était un peu partuclier. Mon petit frère joue avec le Stade Toulousain Olympique, qui évolue en 2e division. Sur la même journée, il décroche le titre, et moi aussi avec les Dragons. Le fait le plus marquant a été cela, c’était un moment très émouvant.
Pratiquer cette discipline à très haut niveau était un objectif. Cela me permet de me confronter à des personnes qui, fonctionnellement parlant, sont beaucoup plus fortes et ont plus de fonctions. Tout cela me permet de progresser face à des joueurs aguerris, à la fois individuellement et collectivement.
Quelles sont les prochaines échéances qui vous attendent ?
Il y a un dernier défi : prendre part à la finale de la Superleague, qui aura lieu en Angleterre, à Hull, contre l’équipe de Leeds. La finale aura lieu le 25 juin. La semaine juste avant, je vais avoir l’honneur de porter le maillot de l’équipe de France de rugby à XIII fauteuil lors d’un test-match face à l’Angleterre. Sur deux semaines, j’ai donc deux rendez-vous en Angleterre pour des expériences incroyables. Pour moi, c’est quelque chose qui me paraissait inaccessible. D’arriver à se confronter à ces joueurs, c’est une chose. Mais quand le sélectionneur compte sur moi, car il voit en moi une valeur ajoutée, je retrouve tout ce que j’ai vécu au début de ma carrière pour en arriver là. Désormais, j’ai envie de plus, j’ai envie de gagner avec eux. C’est une très belle aventure humaine.