Julien Hardi est l’un des ambassadeurs de la campagne de recrutement handi-aviron, lancée par la Fédération Française d’Aviron. Paraplégique, le sportif s’épanouit depuis plus d’an dans cette discipline thérapeutique. Rencontre.
Comment êtes-vous venu à pratiquer le handi-aviron ?
Après mon accident qui m’a rendu paraplégique il y a trois ans, je voulais refaire du sport. J’ai essayé le tennis et le basket. Sur un tournoi, un ancien rameur m’a proposé d’essayer l’aviron. C’est un sport que j’avais un peu pratiqué avant pour le loisir. J’ai été intéressé pour le côté cardio car j’ai toujours aimé faire des efforts longs. Le côté nature m’a aussi séduit. C’est bien de pratiquer sur un lac ou sur une rivière en plein air, ça change d’un gymnase.
Quelles sont les principales différences entre l’aviron classique et le handi-aviron ?
Je n’ai pas encore assez pratiqué pour détailler les spécificités. C’est intéressant pour moi de sortir d’un fauteuil roulant pour être dans le bateau. Il faut vraiment être un initié pour faire la différence entre les valides et des handi quand on regarde une course. Cependant, comme dans ma catégorie nous n’utilisons pas nos jambes, la vitesse est divisée par deux.
Quel sera votre rôle en tant qu’ambassadeur de la campagne de recrutement handi-aviron ?
Le choix a été fait en interne à la Fédération Française d’Aviron et s’est porté sur trois personnes. Je pense que j’ai été choisi parce que je suis un néo-pratiquant et parce que je suis en fauteuil roulant. Mon rôle n’a pas encore été entièrement défini. Nous avons tourné des clips et nous avons posé pour des posters qui seront envoyés aux clubs et au sein des cliniques et des hôpitaux. Je vais me rendre dans deux hôpitaux près de Cannes et dans un centre de rééducation pour présenter l’aviron aux nouveaux accidentés.
C’est vraiment un sport thérapeutique pour vous ?
Oui, les bienfaits sont énormes. L’aviron permet de maintenir le dos et les lombaires. Depuis que je pratique, j’ai renforcé ces muscles que je n’utilisais plus, ayant perdu l’usage de mes jambes. Je suis dans une catégorie où l’on a tous les jambes sanglées pour ne pas les utiliser du tout, donc on bascule avec le dos. Cela permet de reconnecter des liaisons nerveuses qui passent dans les jambes. Depuis que je fais de l’aviron, j’ai récupéré en motricité.
Les bases nautiques sont-elles équipées pour accueillir des personnes à mobilité réduite ?
Je suis licencié à la Société nautique de Monaco et il y a tout ce qu’il faut : les bateaux particuliers avec une coque plus grande et tous les outils dont le club s’est rapidement doté. Je peux me déplacer facilement en autonomie. Les deux bases nautiques d’entraînement de l’équipe de France sont accessibles aussi. La base de Vaires-sur-Marne (Seine-et-Marne) est en travaux pour accueillir les Jeux olympiques en 2024, mais une fois qu’elle sera finie, ça sera super ! Toutes les bases nautiques ne sont pas accessibles, mais la plupart sont équipées.
Quels sont vos objectifs avec l’équipe de France ?
J’ai commencé le handi-aviron il y a un an et je suis déjà en équipe de France. Il y a peu de pratiquants dans notre catégorie, nous sommes environ une vingtaine. J’ai participé aux derniers Championnats du monde en Bulgarie. Je me prépare pour les qualifications des Jeux paralympiques de Tokyo en 2020 mais ça sera compliqué d’y arriver. Pour les Jeux paralympiques à Paris en 2024, on verra plus tard, Tokyo est un objectif dans un futur plus proche.