Au pôle France de kayak à Toulouse, Manon Hostens se prépare pour les Jeux olympiques de Tokyo. Celle qui a déjà un palmarès bien garni dans son sport a encore beaucoup d’ambitions. Rencontre.
Comment avez-vous découvert la pratique du kayak ?
Mon frère a suivi Tony Estanguet lors des Jeux olympiques de Sidney en 2000 et a voulu faire comme lui. Lorsque nous avons déménagé en Dordogne, il y avait un club de canoë-kayak près de chez nous, mais mon frère ne voulait pas y aller seul. Je me suis forcée à le suivre parce que ça ne m’intéressait pas. Puis, j’ai mis un pied dans le bateau et depuis je suis restée sur l’eau. J’étais dans un petit club qui n’avait pas d’autres objectifs que le plaisir de naviguer alors que moi je suis une grande compétitrice. J’ai été prise sur des stages de découverte du kayak sur de nouvelles rivières, puis je suis entrée au Pôle France à Toulouse quand j’étais encore cadette.
L’arrivée au Pôle France de Toulouse vous a-t-elle ouverte à une nouvelle vision de votre sport ?
Le kayak a deux disciplines olympiques : le slalom et la course en ligne. À la base, je faisais de la descente et j’ai eu des médailles dans les catégories jeunes. J’ai découvert la course en ligne au Jeux olympiques de la jeunesse en 2010. J’ai pu faire les deux au pôle France en junior, mais en senior, j’ai dû choisir. Je me suis tournée vers la descente où j’ai gagné plusieurs médailles dont le titre mondial en classique en 2016. Cette année-là, je suis revenue à la course en ligne parce que je voulais faire les Jeux olympiques de Rio. Pendant les années qui ont suivi, j’ai continué de m’aligner sur les deux disciplines. Cela m’a réussi puisse que j’ai été championne en K2 500 m avec ma coéquipière Sarah Guyot l’année dernière. 2019 est l’année des quotas olympiques, donc j’ai arrêté la descente.
Vous avez donc pu aller à Rio en 2016. Quels souvenirs en gardez-vous ?
On pense aux Jeux, on rêve des Jeux, mais ça n’a rien à voir quand on y est ! J’avais déjà eu l’expérience des Jeux olympiques de la jeunesse qui m’avait donné un aperçu, mais Rio c’était encore un cran au-dessus. Il y a une ambiance particulière, c’est difficile à décrire. Le kayak est un sport dont on parle peu ; sa seule médiatisation, c’est pendant les JO alors ça galvanise.
Quelles sont vos ambitions pour Tokyo 2020 ?
Aller chercher une médaille. Les trois bateaux K1, K2 et K4 sur 500 m de l’équipe de France féminine ont obtenu leur quota. Je suis contente de voir que le niveau progresse d’année en année. Sarah et moi sommes championnes de France de K2 et avons une base solide pour défendre nos chances aux JO. Les sélections des athlètes se feront lors des Championnats de France en mai. Je suis confiante. De toute façon, on ne peut pas viser la médaille olympique si on n’est pas performant lors des sélections nationales.
Pensez-vous que vous pourrez participer aux Jeux olympiques de Paris en 2024 ?
Même à ceux de Los Angeles en 2028 ! Le kayak est un sport technique où l’on arrive à maturité dans la trentaine. Par exemple, Maxime Beaumont est devenu vice-champion olympique en K1 200 m à Rio à 34 ans et il est potentiellement qualifié pour Tokyo 2020. Je vibre déjà pour les prochains JO, alors les jouer en France, avoir le public derrière moi, me savoir à la maison, c’est forcément un plus. Si j’ai toujours la passion, je continue.
Pourquoi avez-vous intégré le dispositif Athlètes Point.P ?
Dans le cadre du pacte de performance signé avec le ministère des Sports, l’entreprise cherchait un athlète inscrit sur les listes de haut niveau pour représenter la région Occitanie. Le kayak n’est pas une discipline professionnelle, peu de sportifs en vivent. Point.P m’apporte une aide financière qui me permet de payer mon loyer, de ne pas travailler pour optimiser mes entraînements et ma récupération. J’apprécie que Point.P mise sur les valeurs du sport dans les relations humaines. Ils accompagnent leurs clients en s’adaptant au projet de chacun, comme ils le font avec les athlètes du dispositif. J’ai fait deux interventions lors d’un séminaire et d’une inauguration. Le parallèle entre la recherche de performances du sportif et du salarié est très intéressant.
Et vous pouvez également avoir un emploi dans l’entreprise à la fin de votre carrière ?
Certains membres du dispositif Athlètes Point.P ont signé une convention d’insertion professionnelle, mais ce n’est pas mon cas. J’ai mené des études de kinésithérapeute et je voudrais en faire mon métier. Mais, j’aimerais continuer à bien faire des interventions en entreprise et partager mon expérience sur la recherche de la performance et sur le sport santé bien-être.