Victorieuse du Grand Prix de France Henri-Deglane à Nice, puis du Tournoi Ranking Series de Zagreb, Koumba Larroque lance idéalement sa saison 2023. Cette année décisive l’amènera jusqu’aux championnats d’Europe et aux Mondiaux, avec la qualification olympique dans le viseur. La tête d’affiche de la lutte féminine française ne manque pas d’ambitions.
D’abord l’or à Nice puis à Zagreb, c’est vraiment parfait pour lancer l’année ?
C’est une bonne entrée en matière. Ça faisait un moment que je n’avais pas enchaîné les compétitions internationales de cette manière puisque je n’avais fait que les Mondiaux l’année dernière. De plus, je suis de retour dans ma catégorie de poids (-68 kg). J’étais d’abord repartie en -65 kg après une longue période de blessure. Comme j’ai changé quelques petites choses dans mon entraînement, c’était intéressant de faire des tests grandeur nature. Réussir mon début de saison était un objectif. Je devais aller chercher ma place de titulaire. Avec ma victoire à Zagreb, ma place aux championnats d’Europe est désormais garantie. C’est très important pour la suite de la saison.
En 2023, les qualifications vont s’enchaîner… jusqu’aux Jeux olympiques 2024. L’objectif est d’éviter la jungle du Tournoi de qualification olympique ?
Tout à fait. Je dois confirmer ma forme aux championnats d’Europe. La compétition sera décisive en vue des championnats du monde qui sont directement qualificatifs pour les JO. Mon objectif, c’est me qualifier sur les Mondiaux. Cela me permettrait d’éviter le TQO et d’avoir presque un an pour me préparer. Ce TQO se dispute en avril, ce qui laisse peu de temps pour aborder correctement les Jeux, physiquement et mentalement.
« J’ai les armes pour me battre avec les meilleures »
En 2017, SPORTMAG était venu à votre rencontre à l’Insep. A ce moment-là, vous parliez de Paris 2024 comme d’un objectif encore lointain. A l’approche des JO en France, êtes-vous fière du chemin parcouru ?
Les choses ont évolué. 2024 me paraissait loin, alors que j’étais concentré sur Tokyo 2020. Et maintenant, les Jeux de Paris arrivent très vite ! Il y a eu des épreuves, des blessures. Mes premiers Jeux ne se sont pas bien passés (éliminée au premier tour, dans les dernières secondes, alors qu’elle menait 3-0). Pour autant, dès le lendemain, je voulais repartir de l’avant. Cette déception a tout de même été utile pour prendre de l’expérience et, paradoxalement, me donner confiance. Ce jour-là, et sur les championnats qui ont suivi, j’ai acquis la certitude que j’ai le niveau. J’ai les armes pour me battre avec les meilleures. A Paris, je veux ma médaille.
Les Jeux à Paris, vous y pensez tous les jours ?
En permanence. Depuis que je me suis mise sérieusement à la lutte, j’ai toujours pensé aux Jeux olympiques. Paris 2024 est dans un coin de ma tête depuis un paquet d’années. Et maintenant, on ne parle que de ça ! Avec le staff, entre nous, sur chaque compétition… Non seulement on y pense, mais on y pense toute la journée. Tout tourne autour de ça. Tout ce que l’on fait sert à cet objectif. Pour autant, il y a beaucoup d’obstacles à franchir et de caps à passer avant d’y arriver. Avant même les Jeux olympiques, plein d’objectifs doivent être remplis pour Paris, que ce soit en termes de résultats ou de progrès dans ma lutte.
« A Paris, chez nous, c’est l’occasion de se montrer »
Ces Jeux seront importants également pour promouvoir votre discipline, encore sous-médiatisée. Est-ce une motivation supplémentaire ?
Dans la lutte féminine française, on n’a jamais eu de championne olympique. Aller chercher le premier titre et faire parler de nous, c’est motivant. A Paris, chez nous, c’est l’occasion de se montrer. Nos performances auront encore plus d’impact. La lutte féminine n’est pas encore très connue du grand public. Si je peux apporter ma participation, ça serait génial. Le mieux, ça serait de le faire avec une belle médaille !
Chez les -68 kg, vous êtes en concurrence en équipe de France avec Pauline Lecarpentier. Comment gérez-vous cette situation ?
La concurrence est quelque chose d’assez nouveau pour moi. Depuis mes débuts, j’ai toujours été titulaire dans ma “caté”. L’année dernière, quand j’étais blessée, Pauline a fait des performances, ce qui lui a permis d’arriver à ce stade. Pour être honnête, je ne le vis pas mal. Ça réhausse encore mes objectifs et me rappelle que rien n’est acquis. Ça me booste encore plus. Avec elle, j’ai une très bonne partenaire d’entraînement pour être en conditions réelles. Quand on s’affronte en compétition, comme à Nice par exemple, chacune veut prouver qu’elle mérite d’être titulaire. Ce sont toujours des confrontations spéciales. On connaît bien la lutte de l’autre, comment la contrer, comment attaquer…
Dans votre catégorie, l’enjeu n’est pas de perdre du poids mais plutôt de le maintenir…
Exactement. Quand j’ai perdu du poids après mes blessures, ce n’était pas évident de reprendre. Désormais, j’ai pleinement retrouvé ma condition physique et ma forme. Maintenant, je n’ai pas les soucis des régimes ! C’est bien plus confortable. C’est la catégorie dans laquelle je peux performer au niveau olympique.