Arrivé en France il y a seulement quinze ans, le football gaélique est le sport le plus populaire d’Irlande. Surtout présent en Bretagne, ce sport mêle à la fois rugby et football et réunit près de 1 000 licenciés dans l’Hexagone.
Vous êtes passionnés de football et de rugby ? Ne cherchez plus, initiez-vous au football gaélique ! Il ressemble aux deux mais il est beaucoup moins violent, les plaquages et tacles étant interdits. Seuls les coups d’épaules sont autorisés. Il se pratique donc au pied et à la main avec un ballon rond, similaire au ballon de football, mais plus lourd, avec une enveloppe constituée de bandes rectangulaires ce qui lui donne des allures de ballon de volley-ball. Il y a deux façons de marquer : si la balle passe entre les poteaux et au-dessus de la barre transversale à la manière d’un drop, on marque un point. Si la balle entre dans le but sous la barre transversale on marque un but soit trois points. Méconnu dans l’Hexagone, il n’y a qu’en Irlande où le niveau est d’exception, mais cela reste un sport totalement amateur. D’ailleurs, les joueurs ne peuvent jouer que pour une seule équipe, celle du comté dont ils sont originaires. « En Irlande il y a une phrase qui dit « tu ne choisis pas un club, tu en hérites » », se souvient Olivier Kowarski, le sélectionneur de l’équipe de France masculine qui a suivi une formation à Dublin avant de prendre la tête des Bleus en 2014. « Effectivement, changer de club n’est pas concevable sauf cas de force majeure. » Ce sport descend d’une ancienne forme de football pratiquée en Irlande connue sous le nom de Caid, dont on retrouve la trace dès 1537 et dont la modernisation des règles – toujours en vigueur aujourd’hui – date de 1887. Comme au football, il se pratique à onze contre onze en France alors qu’en Irlande il se joue à quinze contre quinze, mais sur un terrain plus grand. Celui-ci est rectangulaire avec des buts en forme de H mêlant les buts de rugby et ceux de football.
Nantes, une des places fortes de la discipline
À Nantes par exemple, le Nantes Football gaélique (appelé également Nantes GAA) existe depuis 2006. Il a été fondé par un groupe d’étudiants et portait le nom de Nantes Étudiants Club. Mais à la suite de sa dissolution en 2014, le club est devenu Nantes Football gaélique, un club affilié à la Fédération française de football gaélique et à la Ligue bretonne. Depuis deux ans, « les Abeilles » – le surnom des Nantais – ont rejoint le club de Don Bosco. Elles évoluent ainsi à l’Éraudière au Nord-Est de Nantes sur le terrain d’un des plus vieux clubs omnisports de la ville (créé en 1948). Mathieu Rivoallan est gardien, mais aussi président de celui-ci depuis deux ans. « Ici, on n’est pas encore équipé pour avoir les vrais buts officiels. Normalement, ils sont 40 cm moins large qu’un but de foot classique et avec des perches qui montent à douze mètres de haut comme au rugby. » Début mars, la 8e journée de D1 du Championnat de Bretagne avait justement lieu à Nantes où le Nantes GAA accueillait les deux rencontres au programme : Guérande – Nantes puis Liffré – Rennes. « Il faut finir dans les deux premiers du Championnat de Bretagne (D1) pour se qualifier pour le Championnat de France », explique le Nantais Pierre Jourdon, qui réalise sa première saison avec les Abeilles. « L’année dernière, un ami qui joue à Vannes nous a invités pour les dix ans du club. Ils organisaient un tournoi ouvert à tous. On y est allé à deux ou trois, on s’est inscrit et ça nous a plu. »
Liffré champion d’Europe
Mais pour se qualifier aux France, il y a aussi la Coupe de Bretagne qui réunit quinze équipes (D1, D2 et D3). Le vainqueur obtient aussi un ticket pour le Championnat de France et, s’il s’agit du premier ou du deuxième de D1, c’est alors le 3e – en l’occurrence Nantes actuellement – qui récupère le billet. « À côté de ça il y a un championnat fédéral qui rassemble Paris, Provence, Toulouse, Bordeaux… comme la plupart des clubs sont concentrés en Bretagne, nous avons le nôtre, régionalisé », raconte Pierre Jourdon. Le Championnat de France, qui aura lieu au stade de la Rabine à Vannes (8-9 juin), mettra donc aux prises en D1 les trois meilleures équipes bretonnes et les trois meilleures fédérales sur un week-end. Liffré, champion de Bretagne depuis dix ans et champion de France en 2013, aura fort à faire avec Paris Gaels GAA, double tenant du titre. Niveau compétition, il y a également un Championnat d’Europe des clubs à Maastricht chaque début d’année. C’est le même principe, on y retrouve la D1, la D2 et la D3. « Cette année, Liffré était en D2. Ils ont été champions », précise Pierre Jourdon. « Rennes était aussi en D2 et nous en D3. On s’est incliné en demi-finale. » Les équipes irlandaises, trop fortes, ne participent pas à cette compétition. « Elles sont hollandaises, belges, slovaques, ça vient de partout. Mais elles regroupent surtout beaucoup d’expatriés irlandais. »
Les Bleus en quête de sponsors et d’équipements
Les équipes de France masculine et féminine étaient quant à elles sur le pont début mars à Arthon (Indre). Une vingtaine de filles et une trentaine de garçons se sont réunis pour un stage de présélection. L’objectif ? Intégrer le groupe France à l’occasion de la troisième édition des World games (du 28 juillet au 2 août) à Waterford en Irlande avec la finale à Croke Park (Dublin). Un joueur nantais fait justement partie de l’équipe de France. Il s’agit de Pol-Ewen Rault qui n’est autre que l’entraîneur-joueur de Nantes, auteur d’un triplé Championnat de France, Championnat de Bretagne et Coupe de Bretagne en 2013 avec Liffré. « Aux World games, ce sera un format différent. Ça se jouera à neuf contre neuf, donc seulement 13 joueurs feront partie de la sélection. » « On tâchera de faire aussi bien que la précédente édition en retournant à Croke Park », espère le sélectionneur des Bleus et professeur d’EPS. Il y a trois ans, les Bleus s’étaient hissés en finale, s’inclinant devant la sélection new-yorkaise. « À New-York, ils ont une cinquantaine d’équipes. Il y a une grosse communauté irlandaise là-bas. Le sport y est trois fois plus développé que chez nous. » En 2016, les féminines avaient, elles, échoué au pied du podium. L’objectif sera cette fois de monter dessus ! En France et tout particulièrement en Bretagne, des efforts sont faits au niveau scolaire pour faire connaître la discipline. « On essaye d’initier les jeunes dans les collèges, les lycées, en UNSS aussi. » Quant à la sélection France, elle cherche activement des sponsors, mais elle a aussi lancé le mois dernier l’opération « Prête-moi ta veste » afin de « s’habiller comme une sélection ». « On a de tout petits moyens », déplore l’entraîneur des Bleus « et pas du tout d’équipement. » Si bien qu’ils ont fait appel aux sportifs de toutes les équipes de France afin qu’ils leur prêtent leurs vestes pour leur prochain rassemblement. Ils espèrent en récupérer 40. Avec une sélection de Bretagne ainsi qu’une autre de Gascogne regroupant les joueurs du Sud-Ouest, la France sera fortement représentée à Waterford lors des World games. « On est une exception dans le monde », constate Olivier Kowarski. « On est le premier pays à avoir un développement du football gaélique avec des locaux. Partout ailleurs, ce sont principalement des expatriés irlandais qui y participent. »
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Le football gaélique en France
- 896 licenciés en 2018, dont 631 hommes et 160 femmes, ainsi que 105 jeunes de moins de 16 ans.
- 24 clubs (dont 11 en Bretagne)
- 4 championnats en Bretagne (D1, D2, D3 masculines et D1 féminine)
- 2 championnats fédéraux (féminin et masculin)
- 4 championnats nationaux (D1, D2, D3 masculines et D1 féminine)