Certaines traditions traversent les siècles. C’est le cas de la choule, une activité héritée du Moyen-Âge qui mélange deux sports plus contemporains : le football et le rugby. À Tricot dans l’Oise, c’est un véritable rite de passage entre deux générations. Focus sur une pratique qui fait la richesse du patrimoine culturel picard.
Chaque année, au printemps, la rue principale de Tricot se transforme en une immense arène pour accueillir la choule, l’événement sportif traditionnel local. La choule se divise en deux épreuves : la première, le dimanche suivant le mardi-gras, entre 17 heures et 18 heures, s’adresse aux débutants et aux plus jeunes ; la seconde, pour les initiés, se déroule le lundi de Pâques, à partir de 17 heures. Le concept est simple : d’un côté les célibataires et de l’autre les hommes mariés. Le choulet, ce petit ballon en cuir en forme de poire est jeté, au milieu de la rue, par la dernière mariée de l’année précédente. L’objectif final étant d’attraper le choulet et de le lancer entre les deux cheminées d’une maison. Tout au long de la partie, c’est le maire du village qui assure l’arbitrage. Certains le verront comme un ancêtre du rugby, d’autres, plus cinéphiles, y verront peut-être le sport qui aurait pu influencer J.K Rowling dans l’imagination du Quidditch, le sport devenu célèbre à travers la saga Harry Potter. Mais à Tricot, pas question de sorciers ou de balais magiques, la choule fait partie de l’histoire locale. C’est un événement pris très au sérieux par ses habitants qui, chaque année, veillent à bien respecter la tradition.
« La seule règle, c’est qu’il n’y a pas de règle »
« Dans une partie de choule, la seule règle c’est qu’il n’y a pas de règle. L’épreuve principale, qui se joue le lundi de Pâques, rassemble deux équipes composées de 30 à 40 garçons de la ville. Avant le coup d’envoi, on voit arriver les chouleurs, habillés de vêtements sales et prêts à en découdre. Il y a généralement de grosses mêlées. Parfois, le maire, arbitre, est obligé d’arrêter le jeu pendant deux ou trois minutes pour calmer les esprits, car il arrive que certains spectateurs soient bousculés », explique Guy Gontarczyk, adjoint au maire et l’un des responsables de la choule de Tricot. Et le gagnant dans tout ça ? La tradition veut que le chouleur qui arrive à jeter le choulet entre les deux cheminées offre, au terme de la partie, un verre à tous les chouleurs dans le café du coin. Mais au-delà de cette tournée générale, remporter cette épreuve est considéré comme un immense honneur à Tricot. « Bien que la tournée lui coûte cher, le gagnant est très heureux de gagner la choule. Certains chouleurs l’ont même gagnée plusieurs fois. En tant que célibataire au début puis en tant que marié ensuite. C’est un événement qui fait partie de notre tradition. Et à Tricot, on ne rigole pas avec la tradition » conclut Guy Gontarczyk.