La thérapie par le froid, plus communément appelée cryothérapie, est depuis une quinzaine d’années en constant développement en France. Mais en quoi consiste exactement cette nouvelle pratique ? Les explications de Jean-Robert Filliard, docteur en sciences, adjoint au chef du pôle médical et référent cryothérapie de l’INSEP, et également Président de la Société Française de Cryothérapie du Corps Entier (SFCCE).
Qu’est-ce que la cryothérapie ?
Les premiers travaux sur la cryothérapie corps entier remontent à 1979 et ont été réalisés par le professeur japonais Yamauchi, avec l’objectif de prendre en charge des pathologies rhumatismales. Ensuite, cette pratique a émigré en Allemagne puis en Pologne. En France, la cryothérapie corps entier apparaît en 2004 à Cap Breton et en 2009 à l’INSEP. La cryothérapie est une thérapie par le froid : si vous vous immergez par exemple dans un bain froid, il s’agira de cryothérapie. Il existe aujourd’hui différentes pratiques de la cryothérapie.
« La cryothérapie a une influence sur plusieurs phénomènes »
Quelles sont ces différentes pratiques ?
Il y a la cryothérapie locale, la cryothérapie corps partiel également appelée cryosauna, et enfin la cryothérapie corps entier effectuée dans une cryochambre. Dans ce cadre, la personne séjourne pendant trois minutes dans une chambre à une température de -110°, après avoir traversé deux autres chambres à -10° et à -60°.
Quels sont ses bienfaits de la cryothérapie ?
La cryothérapie a une influence sur plusieurs phénomènes. Lorsque vous avez une inflammation à un endroit du corps, cette partie présente une température plus élevée. L’exposition au froid va réduire la température et donc l’inflammation. La cryothérapie a également un effet antalgique, grâce à sa capacité de réduire la douleur par le ralentissement de la conduction nerveuse : elle est donc bénéfique pour les pathologies rhumatismales comme la polyarthrite rhumatoïde, la spondylarthrite ankylosante ou la sclérose en plaques, sur lesquelles on obtient aujourd’hui des résultats très encourageants. En Russie, elle est également utilisée pour traiter les psoriasis. Certains spécialistes utilisent même la cryothérapie dans le cadre des troubles du sommeil : l’exposition au froid libère chez l’être humain de l’endorphine, ce qui favorise le sommeil.
« Un recul de 35 000 expositions sur 9 ans »
Quelle utilisation en faites-vous à l’INSEP ?
À l’INSEP, la cryothérapie corps entier est intégrée au pôle médical et est encadrée par des professionnels de santé (infirmières et kinésithérapeutes). Nous utilisons la cryothérapie dans le cadre de la récupération, pour réduire notamment les dommages musculaires liés à la pratique intensive des sportifs. Nous avons aujourd’hui un recul de 35 000 expositions sur 9 ans. Nous prévoyons la mise en place d’un tout nouveau système de cryothérapie corps entier d’ici fin 2018 à début 2019, en prévision des Jeux olympiques.
Existe-t-il des contre-indications ?
Oui, il existe plusieurs cas pour lesquels la cryothérapie est déconseillée, comme l’hypertension artérielle, la grossesse, des symptômes fiévreux, le syndrome de Raynaud (troubles de la circulation sanguine), dispositifs sous cutanés (pacemaker, dialyse)… À l’INSEP, nous n’effectuons pas de cryothérapie corps entier sur les mineurs, car nous ne connaissons pas ses effets sur les cartilages de croissance. Il n’y a en revanche pas d’âge maximum pour cette pratique.