La « remontada » du Cécifoot

L’équipe de France de Cécifoot aborde l’année 2020 avec un rendez-vous majeur en ligne de mire : les Jeux paralympiques à Tokyo. Vice-champions d’Europe en 2019, les Bleus espèrent décrocher une médaille… eux qui ont aussi Paris 2024 en tête.

 
8 septembre 2012, Londres. L’équipe de France de Cécifoot s’incline face au Brésil en finale des Jeux paralympiques. Mais ce jour-là, les Bleus ont écrit l’histoire de leur discipline, décrochant une médaille d’argent au nez et à la barbe des plus grandes nations. « La médaille d’argent olympique, c’est assurément mon plus beau souvenir avec les Bleus », se souvient avec émotion Frédéric Villeroux, présent à Londres en 2012 et aujourd’hui capitaine de l’équipe de France de Cécifoot. « Au-delà de la médaille, c’était une formidable aventure humaine. » Une aventure que les Bleus n’ont pas su rééditer depuis : en 2016, la France n’est pas représentée dans cette discipline aux Jeux paralympiques de Rio. Deux ans plus tard, place aux championnats du monde… terminés à l’avant-dernière place. Une lente descente aux enfers heureusement stoppée depuis, notamment grâce à l’arrivée sur le banc de Toussaint Akpweh. « Cela fait un an que j’ai repris cette équipe de France, juste avant les championnats du monde », confie le sélectionneur. « Nous avions quand même décidé d’aller aux Mondiaux, afin d’évaluer notre niveau. En terminant avant-derniers de cette compétition, nous avons pu voir le chemin qui nous restait à parcourir afin de retrouver le haut niveau. Depuis un an, nous avons mis en place un travail de préparation afin de repositionner le collectif dans un parcours de performances. » Un travail qui a permis aux Bleus de participer aux derniers championnats d’Europe, à Rome, et d’y briller. L’équipe de France est en effet parvenue jusqu’en finale, s’inclinant face à l’Espagne (1-3). Une performance qui lui a permis de valider son ticket pour les Jeux paralympiques de Tokyo.
 

 

Une renaissance lors de l’Euro

 
« On peut dire que nous restons sur un championnat d’Europe réussi, avec cette finale », confie Frédéric Villeroux. « Je pense que c’est la préparation qui a fait la différence. Lors de la Coupe du monde en 2018, nous étions arrivés moins préparés et nous avions terminé 15e. Cette fois, le groupe était prêt, l’engagement de chaque joueur était fort. Nous avons malheureusement plusieurs joueurs qui se sont blessés durant la compétition, mais le bilan reste très positif », souligne le capitaine des Bleus. « Nous aurions bien évidemment eu envie d’aller jusqu’au bout et remporter le titre européen. Mais la qualification pour les Jeux de Tokyo demeure l’essentiel. Après une Coupe du monde ratée un an avant, peu de monde nous voyait nous qualifier pour Tokyo. C’est ce que nous avons réussi à faire, c’est un rebond extrêmement positif. » Un avis partagé par Toussaint Akpweh… même si le sélectionneur voulait encore plus. « De mon côté, je ne suis forcément pas satisfait du résultat obtenu aux championnats d’Europe. Je voulais que l’équipe remporte la compétition. Malgré tout, on peut parler de remontada, un an seulement après avoir terminé avant-derniers des championnats du monde. Peu de monde nous attendait de retour à ce niveau-là si vite. » Une renaissance expliquée par une meilleure préparation, mais aussi par un retour de la confiance dans les rangs des Bleus. « C’est une équipe bourrée de potentiel qui a su renouer avec sa force mentale. 70 % de l’équipe était déjà là à Londres en 2012. Il est donc évident que ce groupe a de la qualité », relève Toussaint Akpweh.
 

Tokyo, « encore un autre niveau »

 
Désormais, ce sont les Jeux paralympiques de Tokyo que l’équipe de France a en ligne de mire. Avec un sentiment de revanche ? « Pas vraiment… plutôt l’envie de reconquérir notre place », assure le sélectionneur. « J’ai pour habitude de définir des objectifs à mi-parcours de la préparation. Mais ce qui est sûr, c’est que nous n’allons pas y aller pour faire de la figuration. » De là à parler d’ambition de podium, il n’y a qu’un pas. « En ce qui concerne Tokyo, je pense que plusieurs nations sont actuellement au-dessus de nous. Nous nous situons dans le milieu de tableau. Réussir à monter sur le podium va donc dépendre du tirage au sort, mais aussi de notre capacité à battre des équipes meilleures sur le papier », explique de son côté Frédéric Villeroux. « Tokyo ce sera encore un autre niveau. Il va falloir nous préparer parfaitement, être tous à 100 %. Heureusement, nous disputons plus de matches en club, cela pousse de plus en plus de joueurs à progresser énormément. Le groupe est bon, nous avons la chance d’être qualifiés, il faudra donc donner le maximum. » Obtenir une médaille serait évidemment un élément très positif pour le Cécifoot, à quatre ans des Jeux paralympiques organisés à Paris. Un événement pour lequel cette discipline se prépare déjà pleinement.
 

 

Paris 2024 en ligne de mire

 
« 2024 est évidemment déjà dans ma tête », explique Toussaint Akpweh. « Nous avons mis en place un groupe « relève », avec des jeunes performants qui vont progressivement intégrer l’équipe de France. Le but est de créer un groupe jeune et performant, avec Paris 2024 en ligne de mire. » Frédéric Villeroux constate que « cela amène une concurrence saine. De mon côté, je suis également encadrant de l’équipe de France Espoirs, je peux donc assister à l’émergence d’une nouvelle génération qui arrivera à maturité en 2024. Les Jeux paralympiques à Paris sont évidemment un grand objectif, l’équipe de France se doit d’être performante lors de ce rendez-vous. Pour cela, il faut travailler en amont afin de préparer cette nouvelle génération. Je pense qu’aujourd’hui, en termes de niveau, le Cécifoot vit un vrai renouveau. Personnellement, j’ai arrêté entre 2013 et 2018, car je prenais moins de plaisir. Lorsque je suis revenu, j’ai constaté une véritable évolution. Même si nous avons un statut amateur, nous nous entraînons comme des professionnels et cela se ressent dans le niveau de jeu. » Les Bleus espèrent ainsi que se montrer performants en 2020 et 2024 sera l’occasion de mettre leur discipline en avant. C’est l’un des objectifs d’Yvan Wouandji, joueur de l’équipe de France, mais aussi ambassadeur des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. « J’espère bien sûr que la France gagnera le tournoi de 2024. Mais surtout, que notre participation permettra de faire comprendre à des instances telles que la Fédération Française de Football que nous méritons d’être accompagnés ; nous espérons que le grand public le découvrira également. Car, ce qu’il nous faut, ce sont des infrastructures, davantage de terrains sur lesquels évoluer, davantage d’aides pour acheter des ballons. Il faut aussi que les entreprises accompagnent davantage les non-voyants dans leur pratique, qu’il y ait plus de sponsors, que des marques s’y fidélisent, que des investisseurs s’y attachent. » Pour le Cécifoot français, briller est ainsi une condition sine qua non pour continuer d’exister.
 

 

Le palmarès de l’équipe de France :
Par Olivier Navarranne
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