La Women’s Cup accorde moto et compétition au féminin

La Women’s Cup, championnat de vitesse moto 100% féminin, a été créée il y a cinq ans pour donner la possibilité aux pilotes femmes, de tous les horizons, de franchir le cap de la compétition. Rattachées à des événements de grande envergure, ces courses permettent à la Fédération Française de Motocyclisme de féminiser sa discipline.

 
Avant les 12H de Nevers-MagnyCours, probablement début août, les spectateurs du circuit mythique assisteront à la première course de l’édition 2020 de la Women’s Cup FFM, seul championnat du monde de vitesse moto 100% féminin sur des circuits fermés. Cette compétition a été créée en 2016 par le Comité au féminin de la Fédération Française de Motocyclisme (FFM), pour attirer de nouvelles licenciées, mais surtout leur permettre de rouler pour la performance, au-delà du loisir. « Des femmes n’osent pas s’aligner en compétition mixte parce que ce n’est pas évident pour elles de trouver leur place », explique Aline Boury, à l’organisation de cette 5 e édition de la Women’s Cup. « Les hommes n’ont pas la même façon de rouler, il y a plus d’agressivité, et cela peut parfois paraître plus dangereux. » Alors, pour ne pas priver les femmes du frisson que peut procurer une opposition ou une victoire, ce championnat a vu le jour, d’abord avec une course unique pendant le week-end des 24H du Mans Motos en 2016, avant de passer très vite à trois manches, puis à quatre depuis l’édition 2018. « Ce sont d’autres sensations qu’en situation de roulage », confie Béatrice Girard, pilote fidèle à la Women’s Cup depuis sa création. « Prendre le départ, se battre pour atteindre la meilleure place, ça fait monter l’adrénaline. »
 

 

Profiter de l’éclairage d’événements majeurs

 
Cette saison, les pilotes engagées dans la Women’s Cup se confronteront avant les 12H de Nevers-Magny-Cours, donc, mais aussi au circuit Bugatti du Mans avant les 24H Motos, à l’Anneau du Rhin et sur le circuit du Val de Vienne, pour la finale. « Nous organisons ces courses toujours en parallèle de grandes organisations », indique Aline Boury. « L’éclairage des événements majeurs, comme les 12H de Nevers-Magny ou le Trophée Vitesse favorisent nos pilotes. De plus, le circuit Bugatti au Mans et celui de NeversMagny-Cours sont des lieux mythiques où beaucoup de monde se déplace. Pour les pilotes, ce sont de magnifiques et inoubliables expériences à vivre. » La Women’s Cup profite en plus de la couverture médiatique et des différents supports de communication de ces événements pour faire parler d’elle. Autre avantage : « les concurrentes peuvent avoir trois accompagnateurs pour les aider et les encadrer lors de la course. C’est plus facile de faire venir des personnes quand il y a d’autres événements à voir », souligne la référente. Si les circuits du Mans et de Nevers-Magny-Cours sont indéboulonnables dans le calendrier, la Women’s Cup change de département pour ses deux autres dates. Des manches de ce championnat ont déjà eu lieu sur le circuit Carole, près de Paris, et sur celui de Lédenon, dans le Gard. Les participantes se confrontent dans deux catégories, 600 cc et 1 000 cc, sur le même modèle de trois jours, plus rarement deux, de compétition : une journée d’essais libres payante, puis les essais qualificatifs qui déterminent la grille de départ de la course. Pour la première fois, un classement rookie sera établi et les trois premières débutantes de chaque manche vont être récompensées. « C’est le moyen de valoriser les débutantes », explique Aline Boury. « Dans les premières places, elles ont un sacré niveau », souligne Béatrice Girard. « Après c’est assez hétérogène. On trouve de tout, de la débutant à l’experte, en passant par les plus débrouillardes. »
 

De 16 à 63 ans

 
Avant cette édition 2020, Béatrice Girard ne participait qu’à une ou deux épreuves, au Mans et à Lédenon. « J’avais quelques contacts sur les réseaux sociaux avec des pilotes qui voulaient essayer la piste et j’ai participé aux Journées piste 100% féminines sur le circuit Carole. Puis il y a eu la première course au Mans et on était toutes motivées pour y participer », se rappelle-t-elle. Cette année, elle s’alignera sur les quatre épreuves du championnat. « Depuis un ou deux ans, j’essayais de trouver des partenariats », relate-t-elle. « Cette année, j’ai la chance d’avoir un moto club qui me soutient. Des coups de pouce à droite à gauche me permettent de réduire les frais. Rien que la prise en charge de la licence qui coûte cher, ça allège. Je peux faire plus d’entraînements. » Un championnat plus étalé dans le temps, d’avril à octobre, assure également un échelonnement des dépenses. « Je ne pense pas gagner le titre, car je roule en 750 cc dans la catégorie des 1 000 cc, mais j’espère quand même faire un top 5 », avance la pilote. Béatrice Girard n’est pas la seule à longtemps avoir fait le choix d’une participation partielle à la Women’s Cup. « Une trentaine fait tout le championnat », relève Aline Boury. « Les autres choisissent leur circuit en fonction de leur budget. 44 pilotes prennent le départ au Mans et à Magny-Cours, contre une quarantaine pour les autres courses. » En cinq éditions, le plateau a été renouvelé à 90%. « Dans la vie d’une femme, il y a des événements très aléatoires. On a un maintien du nombre de pilotes engagées, mais un gros renouvellement chaque année », constate l’organisatrice, étant attachée au Comité féminin de la FFM. « On a des pilotes de vraiment tous les horizons confondus ! En 2019, la plus jeune pilote était Belge et âgée de 16 ans et la doyenne en 2018 avait 63 ans. Nous avons également une maman de cinq enfants et des étudiantes. »
 

Poursuivre la promotion de la moto au féminin

 
À l’aube de la cinquième édition de la Women’s Cup, le Comité féminin de la FFM se satisfait de voir ses objectifs se réaliser : une augmentation du nombre de femmes pratiquantes et des pilotes, engagées depuis la course de 2016, qui maintenant évoluent dans des compétions mixtes comme en Coupe de France Promosport. Pour l’heure, Béatrice Girard n’en fait pas partie : « Je pense à aller sur des compétitions mixtes, mais je reste hésitante. Il faut s’inscrire dès le début de l’année, ce n’est pas évident de savoir si on sera disponible tout le temps. Il faut savoir que la Women’s Cup est le championnat le plus accessible en termes d’engagement. Je vais déjà faire une saison complète, après on verra. » Pour continuer de promouvoir la Women’s Cup, et par extension la compétition pour les femmes, le championnat dispose de deux pages Facebook dédiées – « qui fonctionnent bien grâce à un auditoire des pilotes masculins, des partenaires et des familles des participantes », souligne Aline Boury – et du relais du site de la FFM. « On essaye aussi de participer à des salons pour se faire connaître et démarcher des partenaires pour développer le pan féminisation, comme au Salon du 2 Roues de Lyon », ajoute la référente. « Les filles sont aussi porteuses de la communication lorsqu’elles se rendent sur des salons dans leur secteur, comme à Marseille, au Luxembourg, en Suisse ou au mondial à Paris. » « J’ai fait le Salon du 2 roues à Lyon en février dernier, des femmes et même des hommes sont venus nous voir », raconte Béatrice Girard. « Cela permet de nous faire découvrir et par la suite d’avoir de nouvelles personnes qui nous suivent et qui veulent y participer. » Des dispositifs autour de la moto au féminin qui portent leurs fruits. « Je le vois sur les réseaux sociaux, il y a plus de filles qui s’intéressent à ce sport, qui posent des questions », sourit la pilote. Évolution possible pour l’édition 2021, porter le championnat à cinq courses. « Les participantes sont demandeuses et ça nous permettrait de valoriser l’ensemble des circuits et de faire participer les pilotes à proximité de chez elles », souligne Aline Boury.
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Le calendrier de la Women’s Cup 2020 :

 

 

Par Leslie Mucret
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