Arbitres en football américain et en flag, juges en cheerleading : trop souvent oubliés, leurs rôles sont pourtant essentiels au bon fonctionnement de leurs disciplines.
« Un arbitre, c’est le garant de la bonne tenue d’un match. Comme les joueurs, les entraîneurs et les dirigeants, les arbitres sont un maillon essentiel » Arbitre international de football américain, Yannick Prud’homme est extrêmement fier d’occuper une fonction « exigeante mais très belle », à ses yeux. « Ma carrière de joueur était derrière moi, je voulais voir autre chose. L’arbitrage m’a intéressé, mais il fallait commencer par la base. J’ai monté les échelons au fil du temps : arbitre régional, arbitre national puis arbitre international. C’est un rôle qui me plaît énormément, l’arbitrage permet de voir d’autres équipes, de voir plein de niveaux de jeu. C’est le travail, la préparation et l’investissement qui permettent de gravir les échelons, c’est extrêmement gratifiant. »
Yannick Prud’homme est aussi formateur et responsable des arbitres de football américain au sein de la Fédération Française de Football Américain. « Aujourd’hui, on manque d’arbitres », confie Yannick Prud’homme. « Le groupe français est vieillissant, mais nous avons bon espoir de renouveler tout cela dans les années à venir. Une réforme de la formation est en cours. Les marches entre chaque échelon sont assez importantes, on va mettre en place des formations intermédiaires pour que les marches soient moins difficiles à gravir. Aujourd’hui, les clubs fournissent des arbitres par obligation. Très souvent, ces arbitres restent dans leurs clubs car ils ne savent pas qu’ils peuvent progresser dans cette fonction. C’est une démarche de communication à lancer : si vous êtes arbitre de club, vous pouvez devenir arbitre régional dans les deux ans et arbitre national dans les quatre ans. Ce sont les arbitres qui doivent prendre conscience de cela, c’est une démarche individuelle. »
« Plus on progresse dans l’arbitrage, plus il y a d’exigences »
Une démarche individuelle qui a été entreprise il y a une quinzaine d’années par Gilles Vigne. « J’ai été joueur et j’ai laissé un genou sur le terrain. Je n’ai donc pas pu continuer à jouer. Ensuite, j’avais envie d’être utile à mon sport. Des arbitres, il n’y en avait pas beaucoup, je me suis donc orienté vers l’arbitrage. J’ai toujours eu ça dans le sang, d’être dans la gestion des règles, la conciliation et l’échange. Ça m’a beaucoup plu et j’ai persévéré. Quand je m’engage dans quelque chose, j’y vais au maximum de ce que je peux faire. » Une détermination qui a conduit Gilles Vigne, également président de club pendant huit ans, à devenir arbitre international. « Plus on progresse dans l’arbitrage, plus il y a d’exigences. Il faut parler anglais couramment et avoir une connaissance approfondie des règles et des mécaniques », confie l’arbitre, qui officie désormais sur des compétitions internationales. Mais Gilles Vigne est aussi le président de la Commission Football Américain au sein de la fédération. L’occasion pour lui d’accompagner ses confrères. « Prendre du plaisir, c’est le plus important. Rien ne remplace le travail, il faut apprendre la règle. Les plus capés sont là pour accompagner, mais il est nécessaire de travailler pour progresser. »
« De plus en plus de clubs qui veulent que leurs arbitres se forment »
Travailler et progresser, une nécessité pour Cédric Castaing, en passant du basket au flag football. « J’ai été arbitre de championnat de France au basket pendant 15 ans. Faire 80 matches par an, ce n’était plus compatible avec mon métier d’éducateur. J’étais très intéressé par le football américain. » Mais c’est finalement vers le flag football que s’est tourné Cédric Castaing. « Je suis devenu arbitre de flag en 2011, et à cette époque-là, nous n’avions pas encore de compétitions à arbitrer. Progressivement, l’arbitrage s’est structuré. En 2016, je suis devenu référent auprès de la fédération et nous sommes arrivés à développer tout cela petit à petit. » Si bien qu’aujourd’hui, l’arbitrage en flag football se porte bien. « Nous avons 267 arbitres de flag sur le territoire. On commence à voir de plus en plus de clubs qui veulent que leurs arbitres se forment », révèle Cédric Castaing, également formateur. « Avec les arbitres, on évoque tout d’abord leur fonction. Qu’est-ce que ça représente d’être arbitre aujourd’hui ? Quelle attitude adopter ? Certes, nous avons l’autorité sur la rencontre, mais nous devons faire attention aux autres. Un arbitre n’est pas là pour être vu, il est là pour permettre aux athlètes de donner le maximum dans le respect des règles. » Discipline extrêmement ludique pour les joueurs, le flag l’est aussi pour les arbitres. « Je prends beaucoup de plaisir à arbitrer », confie Cédric Castaing, qui a su progressivement gravir les échelons pour devenir un arbitre national reconnu au sein d’une discipline qui rêve d’une place au programme olympique.
« Nous avons de plus en plus d’anciens athlètes ou d’anciens entraîneurs qui se tournent vers le jugement »
Être aux Jeux olympiques, le cheerleading pourrait l’envisager dans quelques années. En attendant, la discipline surfe sur une belle dynamique, y compris au niveau de l’arbitrage… ou plutôt du jugement, puisque ce sport requiert des juges et non des arbitres. « En cheerleading, il y a des règles bien précises, tout est codifié », confie Karen Cappiello, juge de cheerleading, formatrice et responsable des juges de cheerleading au sein de la FFFA. « Par exemple, on ne peut pas demander à un enfant de 12 ans de faire la même chose qu’un pratiquant de 19 ans. Mais pour toutes les catégories d’âge, il y a des éléments techniques à respecter. Un juge note et évalue selon cette codification. » En tant que formatrice, « le but est de permettre aux juges d’être au top le jour J, que ce soit en technique de jugé ou sur la réglementation. On utilise beaucoup la vidéo avant les compétitions, afin de travailler et de se préparer. Je suis juge en France depuis 2015 et juge internationale depuis la même année, ça me passionne beaucoup de pouvoir aider et former les jeunes juges », explique Karen Cappiello, avec une pointe d’accent so british. Aujourd’hui, en France, le jugement se porte bien en cheerleading. « Depuis 2018, nous avons de plus en plus d’anciens athlètes ou d’anciens entraîneurs qui se tournent vers le jugement. Nous avons donc de plus en plus de gens compétents qui sont plus faciles à former. De manière générale, nous avons désormais des juges mieux formés et plus compétents pour juger une discipline qui progresse beaucoup. » Tout cela au sein d’une Fédération Française de Football Américain qui entend continuer à développer ces rôles essentiels d’arbitres et de juges dans ces trois disciplines.