Joueur de tennis en fauteuil roulant, Laurent Giammartini fait partie des 86 athlètes soutenus par la Région Sud. Une aide bienvenue pour le tricolore, qui assure qu’il est très difficile de trouver des partenaires aujourd’hui…
« En ce qui me concerne, ça ne sera pas mes premiers Jeux. À l’époque, on n’avait pas tout ce suivi, toutes ces aides, qui peuvent être financières. On a maintenant des tests physiques réguliers. C’est bien, parce qu’ils peuvent suivre d’assez près l’athlète et savoir où il en est au niveau santé, au niveau physique, mais aussi tout le reste, pour que l’athlète soit bien préparé. Ils font en sorte qu’on soit bien avant le jour J. »
Une passion qui coûte cher
« Il a fallu que je reparte chercher quelques partenaires. On a heureusement quelques aides de la Fédération Française de Tennis, de la Ligue. Mais c’est peu. Sur ce que ça peut coûter dans l’année, pour les déplacements, il faut compter entre 30 et 40 000 euros. C’est énorme. Si vous ne les avez pas, il va falloir bien sélectionner vos tournois, ne pas aller trop loin. Les billets d’avion, les droits d’inscription, les frais d’hôtel, ça monte très vite. Ça devient très difficile de trouver des partenaires aujourd’hui. »
La route vers Tokyo 2020
« Ce qui me fait repartir maintenant, c’est de revenir sur le circuit et voir que mes résultats sont bons. Je me suis dit qu’il y avait peut-être quelque chose à faire. J’ai repris la compétition en 2014. C’est à partir de là que j’ai vu, en jouant progressivement, que les résultats étaient bons. Fin 2017, début 2018, la FFT m’a dit que j’avais une chance de réintégrer l’équipe de France et pourquoi pas de partir sur les Jeux paralympiques de Tokyo. Maintenant, c’est confirmé, j’ai donné ma réponse. Il a fallu que je donne ma réponse à la Fédération avant de signer cette charte d’athlète de haut niveau. Parce qu’on est aussi suivi par le ministère des Sports et on a des chartes très strictes à signer. J’ai quand même pris mon temps, j’ai bien réfléchi, parce que j’ai une famille, je suis marié, j’ai un enfant. Tout le monde m’a donné le feu vert. La décision, je ne l’ai pas prise tout seul. Petite parenthèse, je suis marié à une femme qui est Japonaise, donc c’est un beau clin d’œil. Ça m’a motivé et je me suis dit pourquoi pas, pour mes derniers Jeux ; ce seront vraiment les derniers parce que je vais avoir 53 ans. Ma femme et moi, on va pouvoir retrouver toute la famille, on a beaucoup de famille et d’amis à Tokyo. Ils n’attendent qu’une seule chose, me retrouver avec la délégation française et me voir là-bas. Je me suis dit : il faut y aller. Il a fallu que j’avance dans le classement mondial, puisque la Fédération internationale a établi qu’il fallait être dans le Top 40 mondial. Si vous êtes en-dessous, malheureusement ce n’est pas possible. Je suis actuellement dans les 30 donc ça va de ce côté-là. On fait énormément de tournois pour gagner des points et monter le plus possible au classement et se qualifier pour les Paralympiques. En plus de la Fédération Internationale de Tennis, il y a aussi la FFT, qui elle aussi décide d’amener 4 joueurs chez les hommes et 2 joueuses chez les femmes. Les deux premiers sont pratiquement sûrs d’y aller. Et ensuite, ça va se jouer entre le 3e, le 4e et le 5e français. C’est assez serré, je suis 5e français pour l’instant, pas loin du quatrième. Tout va se jouer là. Ils jouent aussi sur le classement de double. Il faut avouer qu’en simple, ce sera très, très dur d’attraper une médaille. Mais on peut éventuellement faire quelque chose en double. La FFT envoie quatre joueurs potentiellement médaillables, c’est pour ça qu’ils privilégient peut-être un peu plus, pour les deux derniers joueurs à sélectionner, le double, pour viser une demi-finale, une médaille de bronze en double. On sait très bien que les deux premiers joueurs français, qui sont très forts, feront une médaille en double. C’est une certitude. En ce moment, au classement du double, je suis 19e mondial. Je suis dans les meilleurs en double et tout va se jouer là-dessus. Ensuite, c’est à moi aussi de prendre encore quelques points pour le simple. Dernière chose, on sait que la date butoir sera le 8 juin 2020. On saura qui part et qui ne part pas. »
Paris 2024
« Les joueurs, maintenant, surtout les jeunes espoirs, sont déjà sur une préparation pour 2024. Il y a un gros suivi pour laisser la place. Nous, on ne sera plus là. Ceux qui vont faire Tokyo, à part une personne, ne devraient pas être du voyage. Paris 2024, ça va être difficile. C’est dur, j’ai repris depuis deux ans sérieusement, je force sur la mécanique et quand j’enchaîne plusieurs tournois sur trois semaines non-stop, c’est difficile de récupérer. À un moment, il faut être raisonnable, ça devient trop difficile et ça demande un sacrifice énorme. Dans quatre ans, j’aurai presque 57 ans, ça fera beaucoup. Je continuerai à jouer, mais ça restera du plaisir. Après, ce qui serait intéressant, comme je connais tous ces jeunes, ce serait pourquoi pas d’être entraîneur fédéral. La Fédération me l’avait demandé. Ça me dirait beaucoup de suivre ces jeunes et d’être auprès d’eux. Mais nous n’en sommes pas encore là. »