Laurent Godet est le directeur général des Neptune de Nantes. Pour SPORTMAG, il revient notamment sur l’intérêt que suscite le handball féminin en France.
Êtes-vous satisfaits de l’exposition qu’a eue l’équipe de France de handball durant ces championnats du monde ?
Oui, même si certains matchs n’étaient pas accessibles pour tout le monde et cela m’interpelle. On a eu droit à un accès pour le grand public qu’à partir de la demi-finale.
Comment jugez-vous l’exposition qu’à actuellement la Ligue Butagaz Energie ?
Plus que médiocre ! L’exposition du handball féminin passe exclusivement par la chaîne Sport en France. Cette chaîne est disponible sur les box, assez loin dans les numéros, et très peu connue de la population française.
C’est tout le sujet de la question politique de l’égalité femmes/hommes. Est-ce qu’on doit avoir une volonté politique pour aider le développement du sport féminin en France ou non ? C’est le sens de l’appel que l’on a lancé, s’il n’y a pas de volonté politique, rien ne se fera. Pourquoi TF1 le passe dimanche après-midi, c’est parce que les audiences sont bonnes. La qualité du sport collectif, c’est l’émotion qu’il crée, pas selon s’il est pratiqué par des femmes ou des hommes. Beaucoup d’élus sont venus aux Neptunes et se sont rendu compte que le handball féminin était aussi spectaculaire que chez les hommes. La télévision donnera une visibilité sur la qualité et la pratique du sport. Plus on donnera des créneaux aux sports féminins en France, plus on attirera des spectateurs derrière leur écran et dans les salles.
Oui bien sûr. Des agences marketing proposent de calculer les retours sur investissements. Lorsqu’on contacte ces agences pour le sport féminin, elles expliquent qu’elles ne le quantifient pas.
Que pensez-vous de l’essor des plates-formes dîtes OTT, comme celle du handball masculin, pour diffuser le sport de haut niveau ?
Il faut trouver un équilibre. Les plates-formes sont très bien pour un sport mature. On l’a vu dans la boxe, les combats de Joshua ont battu des records. Quand on est sur un sport qui a besoin de visibilité, c’est compliqué. Sur des sports qui ont un problème de visibilité, ça peine à attirer du monde. Vendredi, samedi et dimanche, je pense que plein de gens ont redécouvert l’intérêt du handball féminin. Alors que quand on est diffusé lors d’événements comme ceux de l’équipe de France, on voit bien qu’on a des téléspectateurs. Le handball féminin intéresse fondamentalement les gens.
Avez-vous déjà des idées à avancer pour améliorer la situation ?
Oui et l’appel qu’on a lancé est pour mettre tout le monde autour de la table. Il faudra un jour légiférer pour donner un coup de boost. On a une télévision française publique de qualité avec un certain nombre de chaînes et ces chaînes doivent être des vecteurs pour développer le sport féminin et la culture. On doit sortir du schéma traditionnel. C’est aussi dans les mains du pouvoir public que se situent ces enjeux-là.
La diffusion du handball féminin est-elle le cheval de bataille prioritaire pour la LFH ?
Oui, parce que ce combat donnerait des moyens nouveaux pour se structurer. Les Neptunes, aujourd’hui ce n’est pas qu’une histoire de handball. Les Neptunes intégreront aussi le club de volley féminin de Nantes l’année prochaine.
Le club nantais est présent dans l’élite depuis plusieurs années. Mais il a entrepris un changement majeur avec un changement complet d’identité (l’ancien nom étant Nantes Loire-Atlantique Handball). Le club deviendra à l’avenir un club féminin multisports en s’associant avec le volley. Les Neptunes ont remporté l’EHF European League de 2021 (seconde coupe d’Europe). Ce titre majeur est l’illustration de la progression du club.