Ancien cycliste professionnel, Laurent Jalabert est désormais consultant pour RTL et France TV. Cette année encore, il était membre du prix CENTURY 21 de la combativité récompensant le coureur le plus combatif à l’issue de chaque étape du Tour de France. Pour SPORTMAG, il revient sur la façon dont est décernée le prix, les difficultés à parfois mêler choix du cœur et choix sportif ainsi que la valeur de ce prix, qu’il a remporté par le passé.
Laurent, vous êtes membre du jury du Prix CENTURY 21 de la combativité, qu’est-ce-que cela représente pour vous ?
Être membre du jury du Prix CENTURY 21 de la Combativité est une forme de reconnaissance. J’ai remporté deux fois le Prix du super-combatif et, aujourd’hui, on m’offre l’opportunité d’exprimer mon choix sur les coureurs que j’estime les plus méritants sur les étapes et à l’issue du Tour de France. C’est une fierté de faire partie de ce jury.
Lorsque vous étiez coureur, quelle était la valeur de ce Prix CENTURY 21 de la Combativité au sein du peloton ? Est-ce une ligne importante dans le palmarès d’un coureur ?
Lorsque l’on me demande mon palmarès sur le Tour, je le cite tout le temps. Je parle de mes deux maillots verts, de mes deux maillots à pois et du super-combatif que j’ai remporté deux fois. Ce Prix définit un état d’esprit. Dans combatif, il y a combat, ça veut dire que tu t’es battu pour exister, pour aller chercher un résultat, pour finir dans les délais… Être combatif, ça signifie aussi que tu as marqué la course de ton empreinte, que tu as su partager des émotions ou donner du plaisir au public. C’est une reconnaissance de ton travail, de ton engagement physique et de ta détermination.
« Il y a assez peu de débats au quotidien car on a plus ou moins la même sensibilité sur les coureurs les plus méritants »
Avez-vous constaté des évolutions dans le Prix de la Combativité depuis que vous êtes membre du jury ?
Non. Depuis six ans, le fonctionnement est identique. Ce sont uniquement les membres qui ont pu changer. Je pense par exemple à Jean Montois (journaliste à l’AFP, ndlr) qui n’est plus là parce qu’il a pris sa retraite. Chacun a ses occupations sur le Tour mais prend le temps de poser son regard sur la course et donner son avis. Au bout du compte, il y a assez peu de débats au quotidien car on a plus ou moins la même sensibilité sur les coureurs les plus méritants.
Pour l’élection du super-combatif, fonctionnez-vous de la même façon ?
En général, quand c’est possible, on se retrouve la veille de l’arrivée sur le village-départ. Cela nous permet de passer un petit moment ensemble et de débattre pour élire le super-combatif des trois semaines de Tour de France.
Pendant ces six dernières années, avez-vous le souvenir d’un moment de désaccord où la situation paraissait compliquée ?
Je me souviens de l’année où Chris Anker Sorensen avait été élu super combatif (2012). J’avais voté pour Thomas Voeckler qui avait pris le maillot à pois et fait beaucoup d’échappées. Il me semblait être le plus méritant. À cette époque, le jury était composé de cinq membres et nous n’étions que deux à avoir choisi Voeckler. Je n’ai pas compris le choix final du jury et n’étais pas du tout d’accord avec eux.
« Le Tour de France a été passionnant cette année »
Pensez-vous que Victor Campenaerts méritait le Prix CENTURY 21 du super-combatif cette année ?
Tout à fait. Victor a marqué de son empreinte cette édition du Tour de France par de nombreuses attaques. Il a été offensif sur les trois semaines de course et sur tous les terrains. Très actif dans les échappées qu’il a su intégrer, il a mis en avant ses qualités de combattant allant même jusqu’à jouer la victoire d’étape à Bourg-en-Bresse.
Est-ce qu’il n’y a pas un risque à mélanger le choix de cœur et le choix sportif quand on choisit le plus combatif ?
Effectivement, il faut faire attention car c’est un Prix qui n’est pas réservé aux Français. Il faut qu’il soit reconnu à l’international sinon on peut voir cela comme une mascarade. Il est important que le coureur désigné soit vraiment le plus méritant. Après, si la voix du public l’emporte entre deux coureurs d’une valeur équivalente et qui ont fait un Tour équivalent, c’est une bonne chose.
Quel est votre sentiment sur le Tour de France de façon générale ?
J’ai trouvé le Tour passionnant cette année. Pendant deux semaines, on a été tenu en haleine. Sur la fin, lors du contre-la-montre, on a pris un petit coup au moral parce que Vingegaard a tué le suspens. Mais, malgré tout, j’ai trouvé que c’était un beau Tour, très difficile. Le spectacle a été très largement à la hauteur de l’évènement.