Cette année, l’UNSS est devenue la deuxième fédération sportive de France. Son directeur national, Laurent Petrynka, président de ISF et nouvellement membre de la commission pour l’éducation olympique au CIO, évoque pour SPORTMAG les éléments clés de cette réussite, ainsi que l’avenir placé sous le signe de Paris 2024.
Qu’est-ce qui explique le nouveau statut de l’UNSS de deuxième fédération sportive de France ?
C’est vraiment le symbole des progrès de l’UNSS qui côtoie désormais les plus grandes fédérations. On entre dans le cercle très fermé des meilleures fédérations de France. C’est aussi la récompense du travail de toute une chaîne qui part des professeurs d’EPS, en passant par les chefs d’établissements et nos services. Nous sommes sur une progression importante depuis plusieurs années ; c’est vraiment une récompense du travail effectué. Derrière cette deuxième place se cache aussi l’envie de l’UNSS de remettre en question ses perspectives de dynamique et d’innovation. On se pose des questions sur ce qu’on doit faire, ce qu’on doit inventer, ce qu’on doit créer. Je pense notamment à La Lycéenne ou au développement de pratiques comme les échecs et le CrossFit. Nous voulons toujours être au plus près de ce que recherchent les élèves, mais aussi au plus près d’une offre territoriale très accessible. Cela fait désormais cinq ans que nous n’avons pas touché au montant de la licence. Ce sont autant de raisons qui expliquent la réussite actuelle de l’UNSS.
En ce mois de mai, l’UNSS va dévoiler son nouveau logo. Quel est le but de ce changement ?
Cela fait plusieurs années, quand nous sommes sur le terrain, qu’on nous dit que le logo est un peu en décalage avec le message de modernité que l’UNSS veut porter auprès des jeunes. L’UNSS, c’est la modernité. Mais j’ai voulu qu’on prenne le temps, car un logo c’est un changement de culture, mais c’est aussi un changement de tous les outils : t-shirt, arches, posters, flammes… Se lancer dans un tel changement a un certain coût. Nous avons surtout voulu que les jeunes soient associés à la démarche de création. On a donc lancé un appel d’offres, auquel des classes ont répondu. Nous avons trois propositions qui seront tranchées par une commission créée autour d’une jeune élève de Toulouse. La commission est également composée de représentants de l’UNSS.
Vous parlez de modernité : de quelle manière l’UNSS et le sport scolaire s’inscrivent-ils dans les nouveaux enjeux sociétaux ?
Aujourd’hui, faire du sport pour faire du sport ne suffit pas. Lorsqu’ils voient les dérives du sport à la télévision, on voit bien que les parents et la société attendent davantage. Il faut aller beaucoup plus loin sur le contenu que l’on propose. C’est pour cela que nous avons mis en place une charte éthique dans tous les événements que nous proposons. Il y a ainsi, associé à nos compétitions, un contenu sociétal que l’on retrouve dans nos programmes sportifs…
Je pense que nous avons une place tout à fait originale et privilégiée. Nous avons un accès de façon monopolistique à la jeunesse. Nos professeurs parlent à 100% de la jeunesse en France, et c’est quelque chose de privilégié. Cela nous donne une responsabilité supplémentaire, car aucune autre fédération ne s’adresse à l’ensemble de la jeunesse. Et puis, nous sommes originaux de par notre modèle, qui est hybride entre un service public et une fédération. Un modèle qui fonctionne d’ailleurs très bien.
Ce mois de mai correspond aussi à l’élection du nouveau président du CNOSF. Quelle doit-être la place de l’UNSS et du sport scolaire dans cette institution ?
J’ai écrit à tous les présidents des fédérations olympiques nationales, ainsi qu’à tous les candidats à la présidence du CNOSF. Il était important de leur dire que nous existons et que nous sommes un mouvement très fort. Nous devons d’ailleurs être un relais vers les fédérations sportives. Je porte auprès des trois candidats la même idée, qui est celle que le sport est un sujet d’éducation, et que, dans le cadre de la candidature de Paris 2024, ce sera un sujet d’héritage immatériel. J’ai eu l’occasion d’en parler avec Thomas Bach, président du CIO, qui porte le même discours que nous à propos de l’éducation. Il a entamé, avec l’ISF (International School Sport Fédération), une réflexion pour favoriser et développer les liens entre les ministères de l’Éducation, les fédérations sportives scolaires, les comités olympiques et les fédérations sportives.
À propos d’héritage, comment l’UNSS s’inscrit-elle dans la candidature de Paris pour les Jeux olympiques 2024 ?
Nous sommes d’abord impliqués sur la mobilisation ; il faut montrer que Paris attend les Jeux. Quand la jeunesse dit qu’elle veut les Jeux, c’est aussi parce que chacun a su mobiliser dans son secteur. À l’UNSS, on a fait en sorte, depuis le début de l’année scolaire, de mobiliser partout et de montrer que la jeunesse française veut les Jeux à Paris. De plus, on ne perd pas une seule occasion de prendre un grand événement sportif, de mettre les jeunes en short et de leur dire de pratiquer. Cela nous permet d’avoir de plus en plus de jeunes qui font du sport.
Le cross international scolaire, organisé en 2018 à Paris, s’inscrit-il justement dans cette dynamique ?
Dès le début, la candidature à cet événement s’est inscrite dans la logique de Paris 2024. La Ville de Paris était très intéressée par le sujet, et nous avons pu faire un test d’envergure avec La Lycéenne que nous avons organisée cette année. Nous avons appris à nous connaître avec la Ville, afin de bien travailler sur les aspects politiques et techniques. Forts de cette bonne relation, nous avons eu la confiance pour l’étape d’après. Le cross-country se courra donc sur le Champ-de-Mars, un lieu exceptionnel pour nos jeunes.
Olivier Navarranne