Vainqueur du championnat de France chez les hommes et chez les femmes, lauréat de la Coupe de France masculine, le club rhodanien vient de vivre une saison 2018-2019 exceptionnelle. Le Directeur général Gaëtan Muller revient pour SPORTMAG sur ses premières années à la tête du club avec son ami Tony Parker et fait la liste des prochains grands objectifs.
« Rien ne réussit aussi bien que le succès. » Cette maxime américaine pourrait très bien sortir de la bouche du tout jeune retraité des parquets de NBA, Tony Parker. Sa brillante carrière de joueur à peine terminée, le basketteur a déjà réussi sa reconversion. Président du club LDLC ASVEL depuis juillet 2014, le meneur de jeu tricolore est devenu un meneur d’hommes, dans un club qui franchit les étapes à grande vitesse. « Nous sommes très satisfaits de ce qu’on a réalisé cette saison », explique Gaëtan Muller, directeur général du club rhodanien et grand ami de Tony Parker. Difficile de ne pas l’être, tant l’ogre LDLC ASVEL a tout dévoré sur son passage. Premier de la saison régulière avec un bilan proche des 80 % de victoires, champion de France dans la foulée (victoire 3-2 contre Monaco en finale, NDLR), sans oublier un titre en Coupe de France (victoire 70-61 contre Le Mans en finale, NDLR), le club de la banlieue lyonnaise n’a laissé que des miettes à ses adversaires. Seule la Leaders Cup (défaite 86-88 contre Bourg-en-Bresse en quart de finale, NDLR) a échappé aux hommes de Tony Parker. Et l’épopée victorieuse ne s’arrête pas là, puisque le club de Lyon ASVEL féminin a également triomphé en championnat (victoire 3-2 contre Lattes Montpellier en finale, NDLR). « C’était important pour nous de créer cette section féminine et le succès des filles est une excellente nouvelle », se réjouit Gaëtan Muller.
Tous les voyants sont au vert
L’exercice 2018-2019 du club LDLC ASVEL a permis de bien remplir l’armoire à trophées. Le club le plus titré de France (19 titres de champion, 9 Coupes de France) a réussi le deuxième doublé Coupe – championnat de son histoire après celui de 1957. Et c’est également sur le plan national le premier doublé hommes-femmes depuis 1963. « Cela met en valeur tout le travail réalisé par le club. Et il faut aussi savoir que cela faisait un petit moment que le vainqueur de la saison régulière chez les hommes n’avait pas remporté le titre derrière », se félicite le directeur général de l’ASVEL. Une performance qui remonte en effet à la saison 2009-2010, lorsque Cholet avait fini en tête du championnat avant de remporter le titre quelques semaines plus tard. Sur le plan sportif, tous les voyants sont au vert, et le club rhodanien présidé par Tony Parker a même de l’avance sur sa feuille de route. « Quand nous sommes arrivés avec Tony, le projet de l’ASVEL était bâti en plusieurs étapes : 1, 3, 5 et 7 ans. La première année, on était là pour observer et apprendre. Les trois ans, c’était le temps que l’on se donnait pour décrocher un titre, ce qui a été fait dès la deuxième année (champion de France en 2016, NDLR). La troisième étape, celle des cinq ans, correspond au temps estimé pour s’implanter durablement au plus haut niveau en France et jouer l’Euroligue, ce qui sera le cas l’an prochain. Dans deux ans interviendra la dernière étape, celle des sept ans, où l’on souhaite se développer à l’international et obtenir notre place dans la durée en Euroligue », détaille Gaëtan Muller.
« Le Final Four de l’Euroligue dans cinq ans »
La saison prochaine, les Rhodaniens vont se frotter à ce qui se fait de mieux en Europe. « L’Euroligue, c’est la deuxième ligue au monde en termes de niveau après la NBA », prévient le directeur général. LDLC ASVEL se mesurera au CSKA Moscou, tenant du titre, au FC Barcelone, au Real Madrid, à Fenerbahçe, au Bayern Munich, à l’Anadolu Efes ou encore à l’Olympiakos. Le seul représentant français en Euroligue recevra d’ailleurs le club grec le 3 octobre, en ouverture de cette prestigieuse compétition. Les dirigeants du club abordent ce nouveau challenge avec envie, mais avec un objectif mesuré. « On doit simplement apprendre dans la deuxième meilleure ligue au monde et réussir quelques coups. » Tout en faisant aussi bien dans les compétitions nationales. Les joueurs vont devoir se retrousser les manches, car cette saison 2019-2020 s’annonce à rallonge. Pas de quoi effrayer Tony Parker, qui connait les saisons à plus de 80 matchs en NBA, mais le calendrier va être démentiel et inédit pour un club français. Avec 34 rencontres de saison régulière en Jeep® ELITE, 34 matchs d’Euroligue, la Coupe de France, la Leaders Cup et d’éventuels play-offs en championnat, le club pourrait connaître une saison à plus de 80 matchs ! Pour tenir la cadence, les dirigeants du club ont souhaité bâtir une « French Team », en recrutant notamment les internationaux Edwin Jackson et Antoine Diot. « C’était une volonté de notre part de recruter français », explique Gaëtan Muller. « On sait où on en est par rapport à notre projet initial et on sait où l’on souhaite arriver. Dans cinq ans, on aimerait s’inviter au Final Four de l’Euroligue. » Le Final Four… Cela rappellera forcément de bons souvenirs aux supporters du club. Lors de la saison 1996-1997, l’ASVEL avait atteint le dernier carré de l’Euroligue (le format de la compétition était différent, NDLR) et avait dû rendre les armes contre Barcelone (70-77) en demi-finale. À l’époque, l’équipe rhodanienne avait également un fort accent français (Jim Bilba, Alain Digbeu, Rémi Rippert, Laurent Pluvy…), même si les Tricolores étaient aidés par les Américains Delaney Rudd et Brian Howard. Nul doute que les fans attendent avec impatience de retrouver de telles joutes européennes…
Parker – Aulas, duo gagnant
Le club LDLC ASVEL souhaite intégrer l’Euroligue sur le long terme, ce qui nécessite un gros changement au niveau des infrastructures. « Ou souhaite pérenniser le club dans la compétition. Et pour cela, on a besoin d’une salle d’au moins 10 000 places. C’est une condition obligatoire pour être en Euroligue de manière permanente dans deux ans », détaille Gaëtan Muller. La bouillante Astroballe va donc devoir laisser un peu de place à une nouvelle salle à Décines, proche du Groupama Stadium de l’Olympique Lyonnais. « Notre vision est de faire en sorte que l’ASVEL puisse utiliser cette nouvelle Arena, notamment sur des matchs de prestige d’Euroligue. La salle pourrait être opérationnelle en 2022/23. En championnat et pour certains matchs d’Euroligue, l’ASVEL continuera d’évoluer à l’Astroballe, la salle historique du club de Villeurbanne », explique Thierry Sauvage, directeur général d’OL Groupe. Un choix facilité par l’entrée d’OL Groupe au capital du club, en juin dernier (voir encadré). Le deal inclut donc le prêt de cette nouvelle salle pour les grands matchs d’Euroligue de l’ASVEL. De là à y voir une envie de rapprochement entre le football et le basket pour former un grand club lyonnais sous un même nom (sur le modèle du Real Madrid, du Bayern Munich ou du FC Barcelone), il y a un pas que Gaëtan Muller ne se permet pas de franchir : « C’est très prématuré d’envisager le football et le basket sous une même entité. On respecte la marque ASVEL et notre « namer » LDLC. » Grandir oui, mais ne pas brûler les étapes. Au pays d’Antoine de Saint-Exupéry, Tony Parker semble continuer à faire « de (sa) vie un rêve et d’un rêve, une réalité ».
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L’académie Tony Parker, un exemple pour la jeunesse
« En septembre, c’est parti pour la Tony Parker Adequat Academy, un projet que l’on veut vraiment développer », raconte Gaëtan Muller. La TPAA, qu’est-ce que c’est ? L’objectif est de proposer une formation à de jeunes sportifs (dont une trentaine de basketteurs, évidemment) parallèlement à leur cursus scolaire. L’objectif est ambitieux : permettre à chaque jeune qui intégrera l’académie d’en ressortir avec un emploi en poche !
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Tony Parker et son mentor Jean-Michel Aulas
OL Groupe et LDLC ASVEL, c’est le début d’une histoire commune. « OL Groupe prend une participation minoritaire dans le capital de l’ASVEL avec 3,4M€ pour 25 % au sein de LDLC ASVEL (équipe masculine) et 0,3M€ pour 10 % au sein de Lyon ASVEL Féminin. En parallèle, nous avons un accord stratégique, notamment de synergies commerciales, dans lequel nous garantissons à l’ASVEL (masculin et féminin), un revenu global minimum annuel de 2,5 M€ sur plusieurs années. Nous pourrons utiliser l’image et la notoriété de Tony Parker pour des développements internationaux à venir, notamment aux USA et en Chine », détaille Thierry Sauvage, directeur général d’OL Groupe. « Cela apporte du partenariat, de l’argent, du contact, beaucoup de choses », se félicite Gaëtan Muller. Une excellente nouvelle pour Tony Parker, qui se rapproche donc de Jean-Michel Aulas, « un mentor » pour le basketteur français, comme il l’avait déclaré dans les colonnes du Progrès.