Considéré comme l’épreuve de Coupe du monde la plus prestigieuse, le Challenge International de Paris (du 10 au 12 janvier 2020) est toujours très prisé. Cette année, il permettra aux fleurettistes d’engranger des points et de la confiance dans l’optique des Jeux olympiques de Tokyo l’été prochain.
Elle est attendue par tous les fleurettistes ! Aussi bien Français qu’étrangers. « C’est une épreuve à la maison, l’une des plus belles Coupes du monde de l’année, voire la plus belle et je ne dis pas ça parce que c’est chez nous, mais le show est incroyable, tous les Français rêvent de la gagner, les étrangers aussi », explique Émeric Clos, entraîneur manager du fleuret messieurs et fleuret dames. « C’est symbolique, c’est Paris, capitale de la France, c’est un super tournoi ! Celui qui gagne a sa tête affichée pendant dix ans en haut des tribunes en tant que vainqueur du CIP. C’est prestigieux. » Lors de la première manche de Coupe du monde à Bonn (Allemagne) début novembre, Julien Mertine – actuel membre de l’équipe de France – a triomphé. Ce n’était pas le même standing qu’à Paris : « on aurait dit une compétition nationale, mais que vous gagniez Paris ou Bonn, ça vous rapporte le même nombre de points. »
Maxime Pauty, régional de l’étape
Seulement, à Paris, les Français s’y sentent bien. « Max (Pauty) l’aime parce qu’il y a du show, il adore ça. Il est d’Issy-les-Moulineaux, ce n’est pas très loin. Pour nous, elle est importante mais le fait qu’elle soit qualificative pour les JO ne va pas changer grand-chose. Les gars vont se battre pour essayer de rentrer dans l’équipe. Julien a pris une belle option en gagnant à Bonn. Maintenant, ils savent ce qu’ils ont à faire. Ils savent que s’ils font un très bon résultat à Paris, ils se rapprocheront des Jeux olympiques », prévient l’entraîneur. Dernier vainqueur français du CIP en 2014, Enzo Lefort est l’actuel champion du monde en titre. Le Guadeloupéen reste sur la meilleure saison de sa carrière. Éliminé au premier tour à Bonn, il s’est bien repris à Tokyo mi-décembre avec un quart de finale. Il compte bien enchaîner à Paris sur une épreuve qui lui tient particulièrement à cœur. « Ma victoire en 2014 avait véritablement lancé ma carrière, c’est la première Coupe du monde que j’ai gagnée. » Il se hissa l’année suivante sur la troisième marche du podium. « Si je suis performant à Paris, ça va me donner des points pour la qualification olympique. Ça fait douze ans que j’habite ici, j’y ai mes plus proches amis, ma copine, chaque année beaucoup de monde vient me voir. Tout le monde a à cœur de performer devant les siens et à tous égards, cette compétition est très importante. » Maxime Pauty, champion d’Europe et vice-champion du monde par équipes en 2019, est le régional de l’étape à Coubertin. « Pour moi, c’est la plus belle Coupe du monde qui existe. L’organisation n’a rien à voir avec celle des autres durant toute l’année. Même pour les étrangers, c’est leur préférée avec son organisation unique, niveau standing championnats du monde. En tant que Français et surtout en tant qu’Isséen, je suis d’ailleurs toujours licencié au club d’Issy-les-Moulineaux, je la considère comme une Coupe du monde à la maison. J’ai grandi à cinq minutes en voiture, ma famille est présente, elle a vraiment une saveur particulière. »
« Les Américains au-dessus de tout le monde »
Après une première manche également ratée en individuel à Bonn (32e de finale), il a réalisé une excellente performance à Tokyo en atteignant la finale. Il se rappelle sa meilleure performance au CIP en 2016 où il avait atteint les huitièmes de finale. « J’étais le dernier français en lice et avoir tout Coubertin à sa cause, c’était extraordinaire. C’est un souvenir marquant. À chaque fois que j’y vais, il y a un peu plus de pression, je ressens plus d’émotion et c’est vraiment la compétition où j’ai envie de briller. » Par équipes, les Italiens et surtout les Américains dominent ces dernières années au CIP, même si la Russie l’a emporté l’an dernier. Le dernier sacre des Français remonte à 2005. Ils seraient bien inspirés de mettre fin à cette disette. « On se met peut-être trop la pression, je ne sais pas », estime Émeric Clos. « Ce serait bien qu’on s’impose. Ça voudrait dire qu’on serait mathématiquement qualifiés pour les Jeux, même si on est déjà bien partis pour. Mais aujourd’hui, les Américains sont au-dessus de tout le monde, donc ça va être assez compliqué. » « Ce serait un beau cadeau pour nous en vue des Jeux olympiques mais aussi pour le public français. Ils sont tout le temps nombreux à venir nous supporter, ce serait bien de leur rendre la pareille », espère Maxime Pauty, qui s’est rendu avec Enzo Lefort et Alexandre Sido (148e) aux Jeux mondiaux militaires à Wuhan (Chine) en octobre pour peaufiner sa préparation, avec deux médailles d’argent glanées en individuel et par équipes. Les fleurettistes ont ensuite dû faire des sacrifices pendant les fêtes. « Ils sont rentrés du Japon le 16 décembre », raconte Émeric Clos, qui accompagnait quant à lui les féminines à Saint-Maur-des-Fossés pour la deuxième épreuve de Coupe du monde. « On s’est entraîné les 17, 18, 19 et 20 avant une semaine de vacances, puis le dimanche 29, le 31 et même le 1er janvier. On aurait aimé leur laisser plus de repos, mais ça n’aurait pas été professionnel et pas idéal pour aborder le CIP le 10 janvier dans les meilleures conditions. »
Lefort, Le Péchoux, Mertine et Pauty tiennent la barre
L’Italien Alessio Foconi, double tenant du titre sera l’une des attractions. « Il est vraiment très très fort », reconnaît Émeric Clos. « Il y a aussi les trois Américains, Alexander Massialas, Gerek Meinhardt et Race Imboden. Daniele Garozzo et Andrea Cassarà également chez les Italiens. » Étant à domicile, les Français ne seront pas douze mais vingt à tirer. Ceux figurant parmi les 16 premiers seront directement qualifiés pour le tableau final du samedi, tandis que les autres démarreront dès vendredi avec la phase de poules puis le tableau préliminaire. Le meilleur fleurettiste français, à l’issue des quatre premières épreuves de Coupe du monde (Bonn, Tokyo, Paris et Le Caire) et des deux premiers Grand Prix (Turin et Anaheim) entre novembre 2019 et mars 2020, obtiendra automatiquement son billet pour les Jeux olympiques via le classement par points. Les trois autres seront sélectionnés par le staff au vu de la saison dans son ensemble. Actuellement composée d’Enzo Lefort (3e mondial), Erwann Le Péchoux (12e), Julien Mertine (13e) et Maxime Pauty (23e), l’équipe de France peut changer à tout moment. « Rien n’est acquis. C’est pour ça qu’il y a une sélection individuelle à aller chercher pour en faire partie. Jérémy Cadot (56e) peut revenir ou Wallerand Roger (69e) qui a un fort potentiel. Il faut savoir être fort dans la tête. Les vieux ont de l’expérience, ils savent mieux gérer ces moments-là que les jeunes. Mais sur une compétition, tout est possible… L’un d’entre eux peut faire un podium et il intégrera alors l’équipe. » Un problème de riches pour Émeric Clos…
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Le CIP, un événement écoresponsable
La Fédération française d’escrime a choisi de s’inscrire concrètement dans une dynamique d’écoresponsabilité. En tant qu’organisatrice du CIP, la FFE s’est engagée à mettre en œuvre les actions nécessaires afin d’atteindre 15 objectifs pour lesquels l’organisation est impliquée. Parmi ces actions, l’événement propose une alimentation à 50% responsable (approvisionnement local, alimentation saine et diversifiée…) et « des repas variés avec une lutte contre le gaspillage. Le traiteur distribue ce qui n’a pas été consommé aux nécessiteux », raconte Cécilia Berder, sabreuse de l’équipe de France et référente « développement durable ». Les transports en commun et le covoiturage sont aussi privilégiés, avec 80% minimum des déplacements effectués en mobilité active : « Nous veillons à ce que les arbitres se déplacent en train plutôt qu’en voiture », confirme Cécilia Berder. L’accent est également mis sur la gestion des déchets, car « toutes les moquettes et tous les tissus utilisés sont proposés gratuitement aux organisateurs de championnats de France », affirme la sabreuse tricolore. 25% de déchets en moins et 60% de déchets sont réutilisés, recyclés ou valorisés. 100 % de la consommation d’énergie et d’eau est maîtrisée et optimisée, « un engagement déjà respecté par le stade Coubertin. » « Nous avons également pour projet d’installer des fontaines à eau pour le public et les participants pour créer une innovation », prévient Cécilia Berder, avant de conclure : « Nous prévoyons de la communication pour sensibiliser les publics (kakémonos, annonces…) et nous avons la grande fierté d’arborer pour la première fois sur les supports de communication le label « charte des 15 engagements écoresponsables ». »