Au plus fort de la pandémie de Covid-19 en France, le Comité Sud de la Fédération française d’études et de sports sous-marins a mis des kits d’oxygénothérapie à disposition des EHPAD. Frédéric Di Meglio, le président, détaille cette initiative.
Comment vous est venue l’idée de demander aux clubs de plongée de mettre à disposition des kits d’oxygénothérapie aux EHPAD de la Région Sud ?
Quelques jours après que le début du confinement, je discutais avec un moniteur de plongée qui est également directeur d’EHPAD et il m’a parlé des problématiques des stocks d’oxygène réquisitionnés pour les hôpitaux. En tant que médecin du sport et président du Comité Sud de la Fédération française d’études et de sports sous-marins (FFESS), j’ai immédiatement fait le lien. J’ai rédigé un mail aux 340 structures de la Région Sud pour leur demander de mettre à disposition leurs kits d’oxygénothérapie aux EHPAD. Nous nous trouvions face à une vraie situation d’urgence pour les personnes dans ces établissements et, selon moi, c’était de l’assistance à personne en danger dans cette période exceptionnelle. Nous sommes passés outre le dogmatisme réglementaire et des propositions inadaptées en termes de délais pour inventer une nouvelle solidarité. Le sport peut aider le grand public.
Qu’avez-vous fourni exactement ?
Les kits d’oxygénothérapie ne pas les mêmes bouteilles d’oxygène utilisées pendant la plongée. Leur but est d’être utilisé après un accident lors d’une sortie en plongée et de donner de l’oxygène au sportif en cas d’œdème du poumon, de noyade ou d’accident de décompression avant la prise en charge par les secours. Ces kits, que les structures de plongée louent, sont obligatoires sur les bateaux.
Comment votre initiative a été mise en œuvre sur le terrain ?
Le Comité Sud a traité avec le plus gros syndicat d’EHPAD privés de la région qui gère 317 établissements, puis nous avons fait un listing des clubs et des établissements intéressés. En tout, 91 centres de plongées se sont portés volontaires pour mettre une à six bouteilles à disposition d’une cinquantaine d’EHPAD. On peut penser que 250 bouteilles ont été distribuées. Je suis conscient qu’il y a besoin d’une traçabilité d’où des conventions signées entre le centre de plongée qui met à disposition ses kits d’oxygénothérapie et les EHPAD qui les reçoivent et à qui la responsabilité est transmise. Soit les directeurs des EHPAD venaient les récupérer, soit le directeur ou le président du club les amenait. Les personnes qui se déplaçaient pouvaient cocher « participation à des missions d’intérêt général sur demande de l’autorité administrative » sur leur attestation dérogatoire. Pour cette raison, j’ai fait un listing des clubs concernés pour informer la Préfecture de cette action afin d’éviter les problèmes en cas de contrôle. Tout était bien cadré.
Comment l’opération va-t-elle évoluer ?
Les centres de plongée vont sûrement récupérer leurs kits fin mai puisque les besoins en oxygène en EHPAD seront moins forts qu’en mars et avril, au plus fort de la crise. On ne sait pas encore s’ils ont été utilisés. D’autres régions ont suivi cette initiative. Un autre syndicat, qui a peu d’EHPAD privés dans la Région Sud mais énormément dans l’Est, a traité avec le comité de son territoire. Une action similaire a aussi été mise en place en Île-de-France, coordonnée par l’Agence régionale de santé.
Avez-vous une date pour la reprise des différentes disciplines de la FFESS ?
Nous sommes dans l’inconnue. Il est possible de reprendre la pratique d’un sport individuellement, mais il est encore interdit d’aller à la plage, sur le littoral ou sur les lacs et de sortir en mer avec un bateau. C’est peu la cacophonie et on n’a pas de prévisions. Comme tout le monde, nous avons annulé pas mal de championnats.