Le Complexe Euroméditerranéen, un Centre de préparation aux Jeux accessible

Le Complexe Euroméditerranéen, situé à Montrodat en Lozère, a reçu le label Centre de préparation aux Jeux pour quatorze disciplines, dont neuf handisport. Vincent Bardou, directeur de l’ALLFS, évoque les atouts du site, dont l’accessibilité à tout type de handicap.

 
Quel est le lien entre l’Association Lozérienne de Lutte contre les Fléaux Sociaux (ALLFS) et le Complexe Euroméditerranéen situé à Montrodat ?
L’ALLFS travaille dans le sanitaire médico-social pour faciliter la vie et l’environnement des personnes en situation de handicap ou malades. Il y a 10 ans, nous nous sommes lancés dans un projet d’envergure en faisant construire le Complexe Euroméditerranéen, composé d’un village de gîtes et d’un plateau sportif. Ce dernier comprend une piste de 400 mètres, un terrain en pelouse synthétique, un gymnase qui répond aux normes du volley, un mur d’escalade, une salle de musculation avec des appareils adaptés aux personnes à mobilités réduites ou amputées d’un membre, ainsi que des espaces de remise en forme avec hammam et balnéothérapie.
 
Quels atouts avez-vous mis en avant dans le dossier de candidature au label Centre de préparation aux Jeux ?
Nous avons l’habitude d’accueillir des délégations sportives de haut niveau. L’équipe de France handisport de tennis de table vient cinq ou six fois par an. D’autres formations, dont l’équipe de France d’escrime fauteuil, s’entraînent régulièrement au complexe. Il y a 30 gîtes dans le complexe et ils sont accessibles à tous les handicaps, dont visuels et mentals. Nous avons une capacité d’hébergement de 100 lits. Notre centre d’appareillage de prothèse est également un plus. Lors de sa préparation pour les Jeux de Rio, un escrimeur avait cassé son fauteuil. En moins d’une journée, il était réparé. Nous mettons à disposition notre plateau technique du Centre d’éducation motrice et du Centre de rééducation fonctionnelle et nous pouvons aussi faire appel au tissu local pour trouver des kinésithérapeutes par exemple.
 

 
Vous êtes donc satisfait que Paris 2024 ait retenu le Complexe Euroméditerranéen parmi les Centres de préparation aux Jeux…
Ce n’était pas étonnant d’être désigné. En revanche, nous avons été agréablement surpris d’avoir reçu le label pour autant de disciplines, neuf handisports – athlétisme, basket fauteuil, boccia, escrime fauteuil, goalball, rugby fauteuil, tennis de table, triathlon, volley assis – et cinq valides – athlétisme, escrime, football à 5, handball, tennis de table, triathlon. Nous avons bon espoir d’accueillir des délégations étrangères de tennis de table et de boccia en particulier. Mais dans quel volume, on ne sait pas.
 
Avez-vous des appuis au niveau local ?
Nous avons le soutien politique de la Communauté de communes du Gévaudan. Pour faire partie des Centres de préparation aux Jeux, il fallait que la collectivité ait d’abord le label Terre de Jeux 2024. Nous sommes aussi en contact avec la Région Occitanie qui veut communiquer sur le Complexe Euroméditerranéen avec les 42 autres sites du territoire.

 
Que va faire l’ALLFS maintenant que le label est obtenu ?
Début juin 2021, le comité d’organisation de Paris 2024 va distribuer les catalogues recensant tous les Centres de préparation aux Jeux en France aux fédérations étrangères et aux comités internationaux. Nous allons nous mettre en ordre de marche pour améliorer la communication et faire de gros efforts pour rendre le site bilingue. Nous souhaitons également profiter d’un plan de relance du gouvernement pour déposer un dossier afin d’améliorer notre site. Nous travaillons à la mise en place d’un laboratoire d’analyse du mouvement pour répondre à un besoin sanitaire et de recherche de la performance. Enfin, l’amélioration de la restauration est également un projet. Toute cette période en tant que Centre de préparation aux Jeux va nous aider à construire l’après. La dynamique doit durer au-delà de 2024. Le haut niveau, c’est la cerise sur le gâteau, un moteur pour mieux faire connaître le complexe. Nous espérons convaincre les clubs et les équipes régionales de venir en stage sur notre plateau exceptionnel.
 
Qu’apporte le label Centre de préparation aux Jeux à l’ALLFS ?
Si nous avons fait construire ce complexe avec un plateau sportif, c’est également pour le champ médico-social. La loi du 11 février 2005 a réaffirmé les droits aux vacances et au sport des personnes en situation de handicap. Notre association s’est saisie de cette orientation pour lui donner du sens. Cet outil a été conçu pour permettre un accès à la performance comme au sport de masse et de loisirs. Nous pouvons répondre à tous les niveaux de demande. Des jeunes en situation de handicap peuvent voir des sportifs de haut niveau s’entraîner et être poussés vers la haute performance. Par ailleurs, quand des équipes de valides viennent en stage, on leur fait signer une convention pour qu’elles s’essayent au handisport. C’est important d’avoir un lieu qui offre une mixité. C’est notre manière de faire avancer le regard du monde valide sur le handicap. Nous recevons aussi des apprentis du CFA Animation Occitanie Sport en séjour de sensibilisation au sport et au handicap.

Propos recueillis par Leslie Mucret
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