Le CROS Bourgogne-Franche-Comté multiplie les efforts pour le sport santé

Test de souplesse et de force dans le carnet de suivi avec Jonas LAVAL

Fort d’un historique qui le place parmi les pionniers dans les programmes de sport santé, le Comité régional olympique et sportif Bourgogne-Franche-Comté continue de lancer de nouvelles initiatives. Le but : permettre aux patients atteints de maladies chroniques d’accéder à l’activité physique avec l’aide primordiale et unie des acteurs du sport et de la santé.

 
C’est une relation gagnant-gagnant : les bienfaits du sport sur la santé ne sont plus à démontrer tant l’ensemble des études sur le sujet sont unanimes. Encore faut-il les retranscrire dans le quotidien de chacun. Ce rôle, les acteurs régionaux et locaux le remplissent de plus en plus par leur proximité.

« Avec le sport santé, nous sommes dans l’air du temps »

C’est notamment le cas du Comité régional olympique et sportif (CROS) Bourgogne-Franche-Comté, qui s’est attelé à faire du sport santé une priorité. Avant la fusion des deux régions en 2016, la Franche-Comté avait déjà entamé bien des initiatives allant dans ce sens. Dès 2007, le territoire franc-comtois a organisé un travail minutieux autour de la santé par l’activité physique via son Réseau sport santé (RSS) qui englobe l’ensemble des acteurs issus du sport, de l’éducation et de la santé. Depuis l’extension en 2016, la Bourgogne-Franche-Comté fait figure de véritable locomotive et le RSS s’applique à se pérenniser sur l’ensemble de la région, à communiquer autour du sport santé et à former les différents acteurs concernés. « Avec le sport santé, nous sommes véritablement dans l’air du temps », estime Chrystel Marcantognini, directrice du CROS Bourgogne-Franche-Comté depuis mars 2018. « Pour nous, il est évident qu’il s’agit d’un enjeu majeur. Depuis que l’Agence régionale de santé (ARS) nous a confié cette mission de développer le sport santé sur le territoire, nous la prenons à cœur. Et je peux dire que nous avons une équipe extraordinaire qui nous permet d’être parmi les plus en avance sur le sujet. Au début, nous étions l’une des seules régions à avoir un dispositif bien au point. » Quand, deux ans plus tôt, il a fallu faire le choix de déléguer ces missions autour du sport santé, l’ARS s’est donc appuyée sur l’expérience des troupes en présence au CROS. Les objectifs de ce réseau : soutenir les professionnels pour l’accompagnement des patients dans la reprise d’activité physique, coordonner les pratiques professionnelles grâce à des formations et sensibiliser le public, notamment celui qui s’en est éloigné, à la pratique sportive.
 

 

Des initiatives adaptées selon les besoins

Régi par le Plan régional sport santé 2016-2020, le RSS du CROS Bourgogne-Franche-Comté peut s’appuyer sur un dispositif qui a déjà fait ses preuves et qui fait figure de moteur : le Parcours d’accompagnement sportif pour la santé (PASS). Créé en 2012, le PASS, qui n’est autre qu’un modèle de sport sur ordonnance pour les personnes atteintes de pathologies chroniques, symbolise ainsi parfaitement l’un des principaux objectifs du réseau : la sensibilisation des personnes aux bonnes pratiques du sport afin d’améliorer leur santé. « C’est un dispositif qui permet aux médecins de prescrire une activité physique et sportive à des patients souffrant d’affections de longue durée (ALD) », explique Marie-Lise Thiollet, cheffe de projet du CROS et l’une des artisanes des actions autour du sport santé en Franche-Comté. « Il y a un véritable intérêt pour tous les acteurs, que ce soient les professionnels de santé, les associations sportives ou les patients. » Pour en bénéficier, il suffit de compléter le certificat médical de prescription d’aptitude par le médecin et prendre contact avec le Réseau sport santé en attendant qu’un coordinateur s’entretienne avec le patient et l’oriente vers l’activité la mieux adaptée. Il ne reste plus, ensuite, qu’à débuter l’activité physique en compagnie de professeurs formés aux maladies chroniques et évaluer les bénéfices de la pratique régulière d’une activité physique. Il est important de noter que les bénéficiaires du PASS sont soutenus financièrement sur leur cotisation annuelle dès la première année, à hauteur de 50 % puis de 30 % la seconde année. Inspiré par le modèle franc-comtois, la force du programme sport santé est de s’adapter aux différentes pathologies. À titre d’exemple, le développement du Réseau de prévention et de prise en charge de l’obésité pédiatrique (RéPPOP) vient en aide aux enfants obèses en impliquant à nouveau l’ensemble des acteurs locaux, afin d’installer une chaîne vertueuse en faveur de ces jeunes en difficulté. Déjà bien établies en termes de formation des éducateurs sportifs, les équipes du CROS souhaitent aller plus loin, notamment avec les associations sportives. « Nous allons bâtir une formation commune », explique la cheffe de projet. « Le souhait est de mettre en place ce tronc commun. Nous sommes en pourparlers avec trois disciplines. Nous voulons nous développer là-dessus. » De même, le CROS a décidé de rendre ses formations plus accessibles en ne modifiant pas le prix depuis 2011, afin que « tout mouvement sportif ne soit pas confronté au frein de l’accessibilité financière. » Autre thème que la région souhaiterait davantage développer : le sport en entreprise. « C’est un domaine où nous pouvons encore nous améliorer », concède la directrice du CROS. « Faire du sport sur place, c’est aussi dans l’air du temps. L’idée de créer des programmes avec les entreprises et pour les salariés qui n’ont pas de temps pour pratiquer leur sport est intéressante. » C’est ce qui a amené le CROS à lancer WORK&MOVE®. « Nous avons adhéré à l’idée lancée par le CROS Occitanie et nous l’avons déclinée dans notre territoire », explique Marie-Lise Thiollet. « De notre côté, nous en avons fait un dispositif sur-mesure selon les entreprises. Chaque programme est différent et s’oriente vers un public qui n’est pas pratiquant, comme ça peut être le cas d’un salarié qui revient d’une longue maladie. Nous adaptons les solutions pour mettre en place des actions de prévention. »
 

 

« Se focaliser sur l’humain »

Ces actions aussi diverses que concrètes démontrent l’importance de l’échelle territoriale pour mener à bien une politique de sport santé cohérente. « Nous sommes proches du public », explique Chrystel Marcantognini. « Nos équipes sont sur place aux côtés des acteurs territoriaux. Cela nous permet de nous adapter aux besoins de chacun. Je crois que nous parvenons à faire comprendre à de nombreuses personnes qu’il n’existe pas de barrières à la pratique physique et sportive. Aujourd’hui, nous parvenons même à faire des actions en milieu carcéral. Nous organisons des ateliers nutrition, etc… Même si la grandeur de notre région fait que certaines actions peuvent être plus compliquées à organiser, la proximité est essentielle dans le bon fonctionnement d’un programme de sport santé. » La proximité physique se voit même accompagnée d’une proximité numérique, puisque le Réseau sport santé du CROS Bourgogne-Franche-Comté a dévoilé fin septembre un site internet appelé EsPASS. « Il s’agit d’une plate-forme internet avec un double objectif », détaille Marie-Lise Thiollet. « On y trouve les formations pour l’ensemble des personnes concernées par le sport santé. Mais aussi une cartographie pour le grand public de l’offre régionale sport santé. Nous avons réalisé une phase de recensement qui s’articule sur une offre bien-être et sur une offre sport thérapeutique. Il s’agit d’un véritable outil qui pourra, je l’espère, inspirer d’autres régions. » Si l’ensemble des participants adhère au programme sport santé du CROS Bourgogne-Franche-Comté, c’est également parce qu’ils se sentent intégrés dans un mouvement qui va bien au-delà de la recherche de résultats inhérents à ce genre de dispositif. « Le côté social, c’est ça qui est important », soutient la cheffe de projet. « Les gens ne veulent pas être maternés ou infantilisés. C’est pourquoi il est essentiel de se focaliser sur l’humain. Même s’il est toujours intéressant de voir les progrès chiffrés, il n’y a rien qui remplace le lien humain. En ce sens, le côté social est plus important que le résultat. C’est cela qui les fait venir. Nous ne sommes pas sur un one shot. Nous avons une vision à long terme. » Cette vision à long terme à l’échelle régionale et départementale, partagée par d’autres CROS dans l’Hexagone, permet au sport santé de se déployer de manière plus efficace nationalement. La réussite du travail du CROS Bourgogne-Franche-Comté dans un domaine qui prendra de plus en plus d’ampleur à l’approche des Jeux olympiques de Paris 2024, démontre que la proximité représente la meilleure arme dans le rassemblement de chaque acteur autour d’un combat commun : le sport pour tous.

En quelques chiffres :

La région Bourgogne-Franche-Comté ne compte pas moins de 626 155 licenciés pour 7 589 clubs (chiffres 2016, ministère des Sports). Dans ce territoire fort de huit départements et très étendu, le Comité régional olympique et sportif s’appuie sur ses comités départementaux afin d’amplifier les efforts en termes de sport santé. Fer de lance de ce projet, le dispositif PASS a coûté 55 000 euros en 2018. 953 patients ont été accompagnés, alors que 415 prescripteurs ont été enregistrés. À noter la présence de 92 structures conventionnées. De son côté, le dispositif WORK&MOVE® qui a été lancé en 2015 a enregistré 1 374 participations à ses programmes pour 269 interventions en entreprise (chiffres 2018).

Par Anthony Poix
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