Le CROS Région Sud prend le virage du esport

Le CROS Région Sud a organisé un Challenge esport avec plusieurs tournois en juin dernier. Le comité compte s’impliquer de plus en plus dans cette discipline émergente complémentaire avec l’activité physique. Explications du président du CROS Hervé Liberman.

Pourquoi le CROS et les CDOS de la Région Sud ont organisé un Challenge esport fin juin ?
À cause du coronavirus, nous avons annulé toutes les manifestations traditionnelles de la semaine autour de la Journée olympique du 23 juin. Sans connaître les projets du CIO et du CNOSF pour célébrer cette date, nous avons réfléchi à un moyen de maintenir une activité. Le CROS a donc organisé un Challenge esport pendant six jours sur les jeux FIFA20 (football), Street Fighter V (combat) et Virtual Reggata (voile).
Pourquoi le choix du CROS s’est porté sur le esport ?
Nous voulions surfer sur la vague du confinement où beaucoup de personnes se sont mis aux jeux vidéo. La Ligue Méditerranée de Football et la Ligue PACA de basket, par exemple, ont organisé des tournois pendant cette période. On s’est dit que c’était l’occasion de parler des valeurs de l’olympisme auprès d’un public que le CROS ne connaît pas. Pourtant, les joueurs de esport ont entre 8 et 18 ans et le sportif traditionnel se situe dans la tranche d’âge de 8 à 30 ans. C’est la même jeunesse.
 

 
Qu’avez-vous retenu de cet événement ?
Près de 300 joueurs ont participé à la phase de poule des trois tournois pour désigner les challengers par département. En plus de la compétition, le CROS avait organisé deux conférences virtuelles sur les thèmes « L’esport est-il du sport ? » et « Comment développer la place des femmes dans le sport et l’esport ? » avec la présence de la footballeuse internationale française Eugénie Le Sommer. Ces moments ont été suivis par 4000 à 5000 personnes, résultats cumulés. Enfin, le samedi, les finales que nous avons diffusées en direct sur Twitch ont obtenu entre 27 000 et 28 000 vues uniques. Ce sont des chiffres qui nous encouragent à renouveler l’expérience. Le CROS a été heureux du soutien de la Ville de Marseille dans cette opération et nous espérons avoir celui de la Région et des six Départements pour la prochaine édition.
Avez-vous déjà trouvé une date pour la deuxième édition de ce Challenge esport ?
Sûrement autour de la Journée olympique, en juin, l’année prochaine. Si nous sommes encore contrariés par le Covid-19 à ce moment-là, on refera ce Challenge aux mêmes dates. Si on peut à nouveau faire des manifestations traditionnelles, alors on placera cet événement juste avant ou juste après, car notre message est qu’on ne peut pas être efficace en esport si on ne pratique pas une activité physique à côté.

Qu’est-ce que le esport peut offrir au sport traditionnel ?
Le CROS souhaite se servir cet outil pour garder un contact avec un public de jeunes. Beaucoup de fédérations sont très en avance sur le sujet. Notre implication crée un débat, en particulier dans le corps enseignant sportif. Tous ne sont pas favorables à ce que le CROS se tourne vers le esport. Le cliché des joueurs sédentaires devant leur écran qui se nourrissent mal est tenace. Mais cette discipline, c’est la capacité de faire des performances et pour cela il faut s’entretenir. Notre réflexion est d’expliquer qu’il faut un équilibre entre la pratique physique et le esport. Nous avons aussi constaté que les gens qui sont dans le numérique ont besoin de contacts humains, c’est bien de se tester sur des activités physiques avec d’autres personnes.
Comment comptez-vous développer le esport dans le mouvement sportif de la Région ?
À partir de septembre, avec six mois de retard, le CROS va lancer la formation éducateur sportif et coach esport en partenariat avec le CFA Futurosud, à Marseille, et suivie par le Ministère de l’éducation nationale, de la jeunesse et des sports. Ce sera une première en France, mais le but est de la dupliquer sur tout le territoire. La première partie est un brevet professionnel de la jeunesse, de l’éducation populaire et du sport (BPJEPS) et la deuxième aborde la spécificité du esport, avec toujours cette intention de trouver un équilibre. Il y avait une vraie demande, la formation, qui se déroule en 10 mois et environ 700 heures et qui peut accueillir douze apprentis, est complète.

Propos recueillis par Leslie Mucret
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