Après avoir vu sa dynamique stoppée par la crise sanitaire, le football américain reprend peu à peu des couleurs. Développement des clubs, haut niveau, féminisation, passerelles avec le flag football : les axes de travail sont nombreux.
Parmi les sports qui ont vu leur élan stoppé par la crise sanitaire, le football américain arrive en bonne place. Licenciés, projets sportifs, résultats, dynamique globale : la discipline progressait, jusqu’à l’apparition de la Covid-19. « Nous sommes sur une reprise post-Covid qui n’est pas simple », confirme Brigitte Schleifer, présidente de la Fédération Française de Football Américain. « Ça repart progressivement, mais ça prend du temps. La discipline est exigeante en nombre de personnes à avoir pour constituer une équipe, c’est un frein pour certains clubs. Mais nous avons malgré tout des clubs bien structurés qui ont su se relancer. » Pour Olivier Moret, directeur technique national, « la discipline est plutôt en développement, il y a beaucoup de jeunes qui viennent vers notre sport. La principale difficulté est de pouvoir matcher avec des sports collectifs très installés, je pense notamment au rugby. Le football américain n’a pas une équipe dans chaque ville et village, le maillage géographique est une faiblesse et donc un vrai axe d’amélioration. »
« Les clubs ont mis beaucoup d’énergie en sortie de Covid »
Afin de renouer le fil de sa dynamique perdue en route, la Fédération Française de Football Américain affiche une priorité : aider, soutenir et accompagner les clubs. « Tout passe par la dynamique des clubs, constate Brigitte Schleifer. On sait que souvent, les clubs se construisent par la pratique des seniors. Mais il y a des clubs qui veulent développer les jeunes, d’autres la pratique féminine… C‘est assez aléatoire. » « Les premiers clubs en France sont apparus au milieu des années 1980, complète Olivier Moret. Nous sommes donc un sport assez jeune. Les clubs ont mis beaucoup d’énergie sur la période de sortie de Covid, ce sont des efforts qui portent sur la pratique masculine et sur le développement de la discipline auprès des jeunes. Dans une majorité des clubs, le développement auprès du public féminin, par exemple, arrive en troisième position. Forcément, son développement est donc compliqué. Il faut des bénévoles, des créneaux de terrains, mais aussi et surtout un changement de mentalité. Il y a énormément de femmes qui ne savent pas qu’elles peuvent avoir accès au football américain. »
« Il y a beaucoup de freins au développement de la pratique féminine »
La féminisation de la discipline est sans doute la thématique qui a le plus souffert de la crise sanitaire et donc de l’arrêt de la pratique. « La dynamique était excellente, plein de projets liés au collectif national étaient lancés, mais tout a été stoppé par la crise sanitaire. Et le fait est que nous avons beaucoup de mal à reprendre », confie Cléa Foret, référente de la commission féminisation au sein de la FFFA. « Pas mal de licenciées étaient en fin de carrière, tout un groupe a pris sa retraite pendant la période de crise sanitaire. Les clubs ont souffert pendant la Covid, et forcément, lorsqu’ils reprennent leur activité, ils se tournent plutôt vers les sections qui fonctionnent le mieux, à savoir les seniors et les jeunes. Il y a beaucoup de freins au développement de la pratique féminine. Aujourd’hui, nous avons des pratiquantes un peu éclatées partout sur le territoire, il n’est pas facile de coordonner des rencontres. Nous sommes rapidement confrontées aux problématiques de coût et de temps. » Malgré tout, l’espoir de relancer la pratique est bien présent. « Nous avons instauré, il y a quelques semaines, une commission féminisation. On se rend compte que la féminisation de notre sport ne passe pas seulement par les pratiquantes. Il faut aussi arriver à garder dans le giron les anciennes qui ont arrêté pour les avoir comme entraîneuses, arbitres ou dirigeantes. Plus on aura des féminines dans tous les rôles liés à la pratique, plus les femmes auront envie de se diriger vers cette pratique sportive. »
« L’audience est en hausse, c’est un aspect positif »
Pour repartir de l’avant, le football américain tricolore peut compter sur deux vitrines : son championnat Elite et son équipe de France. « Le championnat Elite n’est pas professionnel, il est amateur dans sa reconnaissance officielle. Depuis maintenant deux saisons, nous avons des matches qui sont télévisés par Sport en France. Les matches qui passent sont regardés, l’audience est en hausse, c’est un aspect positif », indique Olivier Moret. « Avec l’ensemble des clubs de D1, on partage toutes les données, qu’elles soient financières, sportives ou de communication, afin de placer un curseur pour avancer ensemble. L’idée est d’avoir une vision commune et d’avoir un projet fort sur le long terme. » Concernant l’équipe de France, quatrième du dernier championnat d’Europe, le projet sportif sur le long terme se veut également cohérent. « Plus on se déplace ensemble, plus on organise de stages, plus on a de chances d’être performants », analyse Brigitte Schleifer. « Mais le coût financier est aussi plus important. Il faut donc trouver le moyen de faire perdurer cette équipe dans la performance malgré nos moyens. En Equipe de France, on déplace une cinquantaine de personnes. Concilier cette donnée-là et les moyens qui sont les nôtres, c’est ce que nous faisons aujourd’hui pour mettre en place le projet de performance le plus cohérent possible. »
« La relance va venir par le Flag Football »
Le manque de moyens n’empêche pas la Fédération Française de Football Américain de se montrer optimiste, notamment grâce à une discipline en particulier. « La relance va venir par le flag football », révèle Brigitte Schleifer. « C’est une discipline où l’on apprend les bases : lancer, attraper, courir. Les clubs forment des jeunes à tout ça, le tout sans contact. Aujourd’hui, ils peuvent continuer en flag ou passer au football américain. Il existe des passerelles entre nos deux disciplines. Beaucoup de joueurs de football américain ont d’ailleurs commencé par le Flag. » Une pratique qui permet également d’attirer un public jeune, un aspect fondamental aux yeux d’Olivier Moret : « C’est une discipline sur laquelle on ratisse très large et qui peut permettre d’attirer ensuite beaucoup de monde vers le football américain. La qualité de nos écoles de football est un autre axe majeur. Derrière les seniors et la première division, il y a les U20 et U17. On rappelle sans cesse aux clubs de l’élite qu’il ne peut pas y avoir de haut niveau sur le long terme s’il n’y a pas des sections de jeunes bien formées. Aujourd’hui, c’est une priorité. » Et sans doute le moyen de redonner le sourire au football américain tricolore.
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Le cheerleading fait le show
Discipline intégrée à la FFFA, le cheerleading attire de plus en plus de pratiquants. Un sport jeune qui entend tendre vers le haut niveau.
Parmi les trois disciplines qui cohabitent au sein de la Fédération Française de Football Américain, le cheerleading vit de belles heures. « Depuis cinq ans, nous sommes en constante progression, les clubs se structurent et les encadrants sont de mieux en mieux formés pour accueillir les licenciés dans les meilleures conditions », confirme Marion Crochet, cadre technique fédérale en charge du cheerleading au sein de la FFFA. « On est actuellement à plus de 3000 licenciés. Sur l’année dernière, on a fini à plus de 4000. En l’espace de cinq ans, on a doublé notre nombre de licenciés. Nous avons un fort potentiel de développement car nous attirons des pratiquants qui sont majoritairement très jeunes. Nous devons donc leur proposer une offre qui les fera rester dans nos clubs et nous avons désormais davantage de ressources internes pour mettre cela en place. » Ouvert à tous, le cheerleading est une pratique mixte. « En cheerleading, on a besoin de tous les gabarits. Au-delà de la mixité, l’avantage de cette discipline est que tout le monde est le bienvenu », révèle Marion Crochet. « On a des sportifs dans nos clubs qui n’ont pas forcément toujours aimé faire du sport, qui ont souvent été jugés par leur physique ou qui ne sont pas forcément à l’aise avec leur corps. La particularité de ce sport, c’est vraiment que nous avons besoin de tous les gabarits. Il n’y a donc pas de jugement physique. »
Une médaille de bronze lors des Mondiaux 2022
En avril dernier, la sélection nationale de cheerleading a pris part aux Championnats du monde. « Ça a été une expérience assez incroyable, avec une très grande délégation de plus de 80 personnes », évoque Alix Vadot-Graux, entraîneuse d’une sélection nationale qui a réussi à décrocher la médaille de bronze. « On voit que ça y est, on a passé un cap. Nous sommes capables de concurrencer d’excellentes équipes mondiales, on comprend de mieux en mieux les ressorts de compétition et ce qu’attendent les juges. Grâce aux stages de préparation qu’on organise avec la Fédération, grâce au développement des clubs, on arrive à avoir des athlètes qui sont plus performants. » Fort de cette montée en puissance, le cheerleading espère désormais passer un nouveau cap : celui de la reconnaissance comme sport de haut niveau. La Fédération Française de Football Américain travaille en ce sens. Pour le cheerleading tricolore, ce serait une révolution.