Une conférence internationale « L’émancipation des filles par le sport : s’inspirer des bonnes pratiques à travers le monde » est organisée par le think tank Sport et Citoyenneté ce lundi 27 mai à l’Hôtel de ville de Paris. L’ancienne footballeuse Candice Prévost (au centre sur la photo) parlera du documentaire « Little Miss soccer ». Rencontre.
Vous allez participer à la conférence « L’émancipation des filles par le sport : s’inspirer des bonnes pratiques à travers le monde ». De quoi allez-vous parler ?
Cette conférence, organisée par le think tank Sport et Citoyenneté, mettra en débats les actions et les outils pour l’émancipation des filles à travers le sport. La présentation de l’ouvrage « Le sport, un outil d’émancipation des filles et des femmes à travers le monde », écrit par Marie-Cécile Naves, directrice des études au think tank Sport et Citoyenneté, sera le point de départ de cette conférence. Le projet dont je suis responsable, « Little Miss Soccer », est cité dans ce livre comme exemple de projets vertueux à travers le monde. Il s’agit d’un documentaire sur les femmes et le football que Mélina Boetti, ex-joueuse et journaliste avec qui j’ai travaillé sur Europe 1, et moi avons tourné dans plusieurs pays. Lors de la conférence, je rappellerai qu’il est important d’aller voir ce qui se passe à l’étranger pour mieux revenir en France. Cela nous permet de mieux situer où nous en sommes.
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A voir aussi > le programme de la conférence
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Quelles sont les origines du projet « Little Miss Soccer » ?
L’idée nous est venue, à Mélina et moi, pendant la Coupe du monde de football féminin en 2015. On parlait beaucoup d’émancipation et de traitement médiatique, mais nous nous sommes rendu compte que pour intéresser tout le monde, il fallait parler du football féminin au sens sociétal et non uniquement de schémas tactiques. À travers ce documentaire, nous avons voulu faire voyager le public, montrer des femmes qu’on ne voit pas habituellement. Nous avons parcouru les cinq continents et sommes allés dans des pays très différents culturellement et économiquement, des États-Unis où le soccer féminin est très important à l’Inde, où naître fille est une malédiction. Nous avons joué avec des femmes de plus 50 ans en Afrique du Sud, âge auquel leur carrière commence, alors qu’en France, on l’arrête à 35 ans. C’est assez incroyable ! Il y a tant de choses à dire sur le football !
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En savoir plus > littlemiss-soccer.com
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Quels messages voulez-vous faire passer à travers ce documentaire ?
Nous voulions montrer l’universalité du football, questionner les gens sur la place des femmes dans le sport et plus largement dans la société. L’égalité entre les hommes et les femmes est forcément un fil rouge dans le projet « Little Miss Soccer ». On voit même qu’en France on a du mal à revendiquer nos droits. Le documentaire permet de faire passer un message d’affirmation et de détermination en douceur et avec de l’authenticité.
Quand « Little Miss Soccer » sera-t-il diffusé ?
Il a déjà été projeté en avant-première. Le documentaire dans son format de plus d’une heure sera diffusé le jeudi 6 juin sur Planète + et A&E et on essaye de le faire passer sur l’une des chaînes du groupe Canal +. Les formats courts, d’environ 10 minutes, seront retransmis sur Canal+ entre les matchs de la Coupe du monde de football féminin. De plus, un livre qui retranscrit le cheminement de « Little Miss Soccer » est sorti mi-mai.
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Commandez le livre > www.lalibrairie.com
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Comment jugez-vous l’évolution du football féminin en France depuis le début de votre carrière jusqu’à aujourd’hui ?
Voir des filles jouer au football à haut niveau devient normal, alors qu’avant, elles étaient invisibles. Quand je jouais, j’ai vu les caméras investir les terrains, c’était le début de la médiatisation. Nous voyons une augmentation de la pratique et une meilleure structuration par les ligues et les districts, mais au final il reste des difficultés et des problèmes d’accessibilité. Il y a encore des joueuses qui ne peuvent pas évoluer avec d’autres filles, parce que l’association sportive est trop loin de chez elles et ça demande trop de contraintes. Dans un club, la pratique féminine repose souvent sur la volonté de seulement une ou deux personnes.
La Coupe du monde, qui aura lieu en France du 7 juin au 7 juillet, amènera-t-elle un nouveau coup de projecteur à la pratique féminine ?
La volonté d’organiser la Coupe du monde en France est un signal fort des institutions vers la structuration du football féminin. La diffusion de matches sur des chaînes gratuites est très important, c’est ce qui amène la visibilité et ainsi une légitimité. On attend aussi de voir les Français remplir les stades. Cependant, j’ai envie de dire que médiatiser pendant c’est bien, mais médiatiser tout le temps, c’est mieux. Il faut régulariser cette visibilité et continuer d’organiser ce genre d’événements. La pratique du football par les femmes est à un tournant, il va falloir unir les pratiques féminine et masculine sans suivre les mauvaises traces des garçons et garder l’authenticité et l’âme du football féminin.
Des conférences, comme celle de lundi, sont-elles un bon moyen de poursuivre cette dynamique ?
Une conférence est toujours une bonne idée, car on peut prendre la parole, être entendu et écouté. Les micros sont tournées vers des footballeuses qui ont des choses à dire. Nous avons une vraie responsabilité pour faire avancer la pratique et alerter.
Propos recueillis par Leslie Mucret
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