Le MMA sort de sa cage

Discipline née aux États-Unis, le MMA (Mixed Martial Arts) s’installe progressivement en France. Depuis février dernier, la Fédération Française de Boxe encadre ce sport, œuvrant concernant sa structuration et son développement.

Quel avenir pour le MMA en France ? C’est justement à cette question que doit répondre la Fédération Française de Boxe. Le 7 février dernier, le Ministère des sports a désigné la FFBoxe pour accompagner la structuration du MMA en vue d’une autonomie pleine et entière. Une « victoire » pour cette fédération, alors opposée aux fédérations française de karaté, de kickboxing – muay-thaï, de lutte, de Savate boxe française ainsi que la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) pour l’attribution du MMA. « La Fédération Française de Boxe a présenté un projet cohérent concernant la structuration et le développement du MMA », explique Patrick Wincke, directeur technique national de la FFBoxe. « Dans ce cadre-là, nous avons d’abord défini un calendrier qui commençait par la mise en place de règles. Une étape nécessaire avant la création de compétitions. Le contexte sanitaire fait que certaines choses prévues ont été décalées, mais la FFBoxe a tout de même pu avancer sur le MMA à l’occasion de cette année 2020. » Conditions d’accueil au sein de la fédération, projet des règles de pratique et encadrement médical, projet sportif alliant développement et performance, ébauche de règles de technique et de sécurité, mais aussi solidarité du sport professionnel avec le sport amateur : autant de thématiques essentielles à l’occasion de cette première année d’encadrement par la FFBoxe. « La formation des cadres a été le premier élément sur lequel il était nécessaire de travailler. On ne peut pas avoir de clubs qui enseignent le MMA si nous n’avons pas d’entraîneurs diplômés. Nous avons donc mis en place un grand nombre de formations, à la fois sur la reconnaissance des diplômes dans d’autres activités, mais aussi de modules complémentaires de ces diplômes », détaille Patrick Wincke. « Entre mars et septembre, des centaines d’entraîneurs ont suivi ces formations. Cela nous permet, depuis la rentrée, d’être plus aptes à accueillir des pratiquants dans les clubs. »

Objectif émancipation pour le MMA

Faire entrer le MMA dans les clubs, pas si simple que cela sur le papier. « L’engouement autour de la prise de licences va forcément prendre du temps. Les pratiquants de MMA n’ont pas l’habitude du monde associatif, la plupart pratiquent depuis des années soit dans des clubs spécifiques, soit dans des salles privées », révèle Patrick Wincke. « Aujourd’hui, personne n’est capable de dire ce que représente exactement le MMA en termes de licenciés en France. Seul l’avenir nous le dira. Mais compte tenu de cette donnée et du contexte général depuis près d’un an, l’engouement autour de la discipline est à la hauteur de nos attentes. » Et même si la prise de licences vient à connaître un succès fulgurant lors des prochains mois ou années, « cela n’aura pas d’impact au détriment des clubs de boxe », assure le DTN. « Ils ne seront pas phagocytés par le MMA au sein de la FFBoxe. Je rappelle d’ailleurs que l’objectif n’est pas d’intégrer le MMA à la FFBoxe, mais bel et bien qu’à terme, le MMA vole de ses propres ailes et ait sa propre fédération. D’ici là, il s’agit donc d’activer des synergies, par exemple en ce qui concerne le volet professionnel des deux disciplines ou au niveau local. » Le professionnalisme, une thématique au cœur du développement de la discipline. « Il faut que l’on travaille sur une reconnaissance du haut niveau par le Ministère des Sports, afin de donner ce statut aux athlètes, mais pour le moment, nous n’en sommes pas encore là. Ce qui est certain, c’est que le MMA est susceptible d’offrir des débouchées supplémentaires à des athlètes d’autres disciplines, c’est indéniable. Chaque sport dont l’une des techniques est commune avec le MMA est susceptible d’avoir des athlètes qui s’intéressent à cette pratique. »

Deux premiers galas réussis en 2020

Certains athlètes d’autres disciplines ont d’ailleurs déjà mis les pieds dans le monde du MMA cette année. Le 8 octobre dernier, le Palais des sports de Vitry-sur-Seine accueillait la première édition du MMA GP, un événement qui a rassemblé 600 spectateurs. « Étant donné les mesures prises en raison du contexte sanitaire, il aurait été difficile de savoir si nous aurions fait le plein La demande était en tout cas très forte. C’est le type d’événement qui nous permet de tirer des conclusions en matière d’organisation pour nous améliorer », confie Patrick Wincke. Six combats, les premiers officiels pour le MMA en France, sont venus animer une soirée marquée par la présence de Roxana Maracineanu, ministre déléguée aux Sports. Pierre Rouvière, Kevin Fall, Karim Ghajji, Alioune Nahaye, Laetitia Blot et Mickael Lebout ont marqué les esprits ont remporté ces premiers combats. Une semaine après le MMA GP, MMA Grand Prix, un second gala de dimension internationale était organisé à l’AccorHotels Arena de Paris. Dix rencontres ont eu lieu au cours d’une soirée où les français et françaises ont brillé, à l’image de Lucie Bertaud, Maguy Berchel et Cheick Kongo. « Non seulement les performances des combattants français ont été au rendez-vous, mais ces deux événements ont aussi eu un fort impact médiatique », se réjouit Patrick Wincke. « Ce sont deux premiers rendez-vous réussis pour le MMA en France. » Deux étapes qui en appellent d’autres, dès 2021.

Un championnat de France dès 2021 ?

« En 2021, le travail va particulièrement s’articuler autour de la création de conditions nécessaires à l’organisation de galas professionnels », révèle Patrick Wincke. « Il est important de mettre en place des règlements techniques et sportifs. Il faudra ensuite traduire ce règlement dans le monde amateur pour permettre de mettre en place des compétitions et ainsi de faire vivre le MMA dans les territoires. Dès lors que ces règlements seront établis et validés par le Ministère des Sports, nous pourrons procéder à une montée en puissance des compétitions. Il y aura peut-être des championnats de France, des épreuves de Coupe de France dès 2021, mais pour un calendrier complet il faudra peut-être attendre 2022. » Et concernant le développement de la pratique pour un maximum de pratiquants, la Fédération Française de Boxe planche sur un projet « qui pourra s’inscrire dans le cycle scolaire, voire universitaire », révèle le DTN de la FFBoxe. Histoire, évidemment, d’attirer un jeune public vers la discipline, étape fondamentale dans l’émancipation et le développement très attendus du MMA.

Par Olivier Navarranne
Quitter la version mobile