La Ligue Île-de-France de judo se démène pour développer le para judo dans la région. Formation des encadrants, organisation d’événements, tout est fait pour permettre à la discipline de continuer à grandir, à un peu plus d’un an des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
« 2023 est une année riche pour le para judo en Île-de-France. » Jean-Marie Coustal, conseiller du président de la Ligue Île-de-France de judo, Roger Vachon, se félicite du développement de la discipline dans une région qui concentre déjà la majeure partie des derniers médaillés olympiques de judo. Les événements vont en effet s’enchaîner cette année pour mettre à l’honneur le para judo. « L’objectif pour la Ligue Île-de-France, c’est de proposer du judo pour tous. C’est un sport accessible à tous. Tout le monde ne le sait pas encore », explique Lucie Dupin, embauchée comme cadre technique spécifique (CTS) pour le para judo. Pour permettre à la discipline de grandir, la Ligue Île-de-France a décidé de former les encadrants. « On met en place une formation pour que les professeurs puissent accueillir un public para judo. Cette formation sera lancée en mai et juin », précise Lucie Dupin.
Tarek Rouis, membre du comité directeur à la Ligue Île- de- France et au comité des Hauts-de-Seine de judo, est également enseignant, formateur judo sur le thème du handicap et en charge du handicap auprès de Jean-Marie Coustal. Il fait figure de pionnier avec la création de son club, l’Asnières Digital Fighting Jitsu (ADFJ) en juin 2015. « C’est un club que j’ai voulu inclusif. Quand j’ai passé mon diplôme d’enseignant, mon projet était le para judo. J’ai réuni une centaine de personnes à Asnières pour montrer qu’on était capable de faire du judo un véhicule pour l’inclusion. Le judo peut donner de l’espoir à des gens qui ne font pas d’activité du tout ou qui ignorent qu’ils peuvent pratiquer ce type d’activité. J’ai réussi ce pari et j’ai voulu continuer », expose-t-il. Tarek Rouis souhaite que les initiatives se multiplient sur le territoire francilien, en faveur des personnes en situation de handicap. « J’aimerais qu’il y ait plus d’initiatives sur l’ensemble du département et de la région. Les gens en situation de handicap ont besoin de connaître les activités comme le para judo. Il faut aller les chercher. Il faut inciter les clubs à faire les démarches, il faut des encadrants. La Ligue fait des efforts pour les former », raconte-t-il.
La para judo pour « rêver et s’amuser »
Tarek Rouis est persuadé que les personnes en situation de handicap « veulent rêver et s’amuser. » Le para judo peut leur apporter cela. Il se satisfait des formations mises en place pour aider les encadrants et espère que la pratique se développe : « Mon rêve serait qu’il y ait plus de clubs comme le mien dans le 92 et dans toute l’Île-de-France, et ça bouge. L’impulsion de Roger Vachon est très forte. Il est à fond sur le handicap. » L’ADFJ, ce sont 115 adhérents, dont une trentaine de personnes en situation de handicap. « J’accepte toute personne pouvant avoir une mobilité. Sur le tapis, il y a des personnes atteintes de trisomie, d’autisme, d’hémiplégie… On adapte le cours pour qu’ils fassent du para judo loisir. Nous ne sommes pas dans la compétition, mais il y a de la détection. Si on voit que certains peuvent aller un peu plus loin pour faire des compétitions adaptées, nous le signalons. Mais notre but premier, c’est l’inclusion », raconte-t-il.
Son exemple sera-t-il suivi par d’autres ? La Ligue Île-de-France organise de nombreux événements toute l’année, dans l’espoir de donner de bonnes idées aux clubs de la région. « On organise plusieurs actions pour développer le para judo, avec notamment une Coupe régionale le 10 mai. On collabore aussi avec l’Institut national des jeunes aveugles (INJA). On leur propose des cours toutes les semaines avec le comité de Paris. Pour la Semaine olympique et paralympique, on sera au Zénith de Paris le 3 avril. On proposera des initiations avec les jeunes de l’INJA. On organisera aussi avec la Ligue Île-de-France une grosse fête le 3 décembre, pour la journée du handicap. Le but est de mettre en valeur les instituts qui font du para judo et les pratiquants de para judo de la Ligue. Ce sera un très beau rendez-vous », détaille Lucie Dupin.
« Il faut que ça continue au-delà de Paris 2024 »
Événement phare dans la région, la journée “Sport Inclusion” a eu lieu à Asnières le 22 février sous l’égide de l’ADFJ. Pour cette quatrième édition, le public a répondu présent, au grand bonheur de Tarek Rouis. « Nos actions portent leurs fruits, se satisfait-il. Cette année, on s’est dit qu’on allait voir plus grand et sonder si d’autres communes étaient intéressées pour participer à cet événement. Nombreuses sont celles qui ont répondu positivement. Nous avons pu réunir tout le monde grâce à la mairie et à Marie-Dominique Aeschlimann, adjointe au maire d’Asnières, qui nous a accordé le complexe Teddy-Riner. Il y avait 450 personnes, une centaine d’éducateurs sur le tapis. On a fait des ateliers, plein de petits jeux. Il y avait évidemment le para judo mais aussi le chanbara, la boxe thaïlandaise… »
Pour aider au développement du para judo, La Ligue Île-de-France de judo, comme celles des autres disciplines d’intérieur, va pouvoir s’appuyer sur le Prisme (pôle de référence inclusif sportif métropolitain). Il sortira de terre cette année. Il s’agit d’un vaste ensemble de 13 000 m², conçu pour faciliter les pratiques du handisport. Le Prisme, dont le chantier a débuté le 7 octobre 2022, permettra la pratique simultanée de 2 000 personnes en situation de handicap. Il servira de site d’entraînement aux athlètes paralympiques lors des Jeux de Paris 2024. Au sein de ce complexe sportif se trouveront une salle de boccia, de danse et d’expression physique, une salle de musculation, une halle multisports pour accueillir des compétitions, une salle d’armes de six pistes, un mur d’escalade, une salle d’e-sport, et un grand dojo comprenant quatre aires de combat, dont la Ligue Île-de-France compte bien profiter. « Nous n’avons pas d’accord formel mais il n’y a aucune raison que ça ne puisse pas se faire. On les sollicitera pour mettre en œuvre de nombreuses actions. Le Prisme sera un repère. A nous tous de le mettre en valeur pour donner envie à d’autres régions et départements de faire la même chose », explique Jean-Marie Coustal.
Sur le terrain, on espère que l’élan donné au handisport ne sera pas coupé par les hautes instances dès la fin des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024. « Dès que les Jeux olympiques et paralympiques seront derrière nous, j’ai l’impression que tout tombera à l’eau, prévoit Tarek Rouis. Il faut que ça continue au-delà de Paris 2024 mais je parie qu’en 2026, on n’aura plus rien… » La Ligue Île-de-France de judo, elle, compte poursuivre le développement du para judo au-delà du grand événement sportif mondial.
Par Simon Bardet