Les clubs de natation de Bourgogne-Franche-Comté font preuve de résilience dans ce contexte sanitaire incertain et la Ligue continue de travailler sur le plan d’aisance aquatique. Entretien avec Daniel Planche, président de la Ligue régionale.
Connaissez-vous la situation des clubs de natation de la région Bourgogne-Franche-Comté depuis la rentrée ?
Déjà pendant juillet et août, nos dix clubs qui officient l’été ont connu des perturbations. Toutes les piscines découvertes n’ont pas rouvert et uniquement six d’entre eux ont repris leur activité. Il y a eu une perte de 400 licences. C’était déjà une situation compliquée. Après le démarrage de la saison, la ligue de Bourgogne-Franche-Comté a fait une enquête auprès des 46 clubs de la région. En tout, 26 ont répondu et ils estiment une baisse du nombre de licences de 20 à 30%. À la question « quel public est concerné ? », les réponses étaient majoritairement les personnes âgées et à risque, des populations préoccupées par le Covid-19. Il a été également constaté une baisse des licences des enfants de 10 à 20%. On peut penser que c’est parce que les parents attendent de voir comment se passent les premiers jours à l’école ou ont peur que la saison s’arrête au bout d’un mois. Du côté des compétiteurs, on ne peut pas dire grand-chose aujourd’hui. Nous avons l’hypothèse que ceux qui ont débuté le collège, le lycée ou même l’université reviendront au fur et à mesure.
Qu’est-ce qui handicape le plus les clubs ?
Ils suivent le protocole fédéral, notamment la consigne de nettoyer le matériel après chaque passage, mais sont aussi limités par les contraintes imposées par les collectivités. Certaines municipalités ont réduit la fréquence maximale d’intensité de leurs équipements aquatiques de 50%. La saison dernière, il n’a eu peu de répercussions économiques car les licences étaient payées et les annulations de compétitions ont été compensées par l’absence de frais de déplacement, mais il y a maintenant une crainte sur les finances. Les cotisations sont la plus grosse recette des clubs. Les annulations d’animations extra sportives comme les lotos les privent aussi d’une rentrée d’argent. Les clubs ont surtout la crainte de la fermeture des piscines. Cependant, on a pu constater une faculté d’adaptation et une absence de défaitisme. Les bénévoles tiennent et sont motivés.
Et quelle est la situation de la Ligue régionale ?
Nous partageons les mêmes inquiétudes. Nous sommes dans l’attente du nouveau protocole de la Fédération française de natation pour organiser notre compétition interclubs qui réunit habituellement tous les nageurs de la région, des plus jeunes aux maîtres-nageurs. On s’adaptera. Par ailleurs, pendant l’été, la Ligue a mis en place le dispositif national « j’apprends à nager » (photo) qu’elle gère pour la région depuis 5 ans. Nous avons eu le même problème de piscines fermées en milieu rural. Le dispositif a accueilli 300 à 500 enfants en moins et cela va se répercuter sur les licences. La Ligue de natation de Bourgogne-Franche-Comté est également organisme de formation. Depuis septembre, nous avons repris en présentiel avec huit à douze stagiaires en faisant respecter la distanciation, mais est-ce que ça peut durer ?
Comment allez-vous appliquer le plan « aisance aquatique » sur votre territoire ?
Le plan global Plan comprend quatre dispositifs pour lutter contre les noyades. J’ai déjà parlé de « j’apprends à nager » pour les enfants de 6 à 10 ans. La Ligue et les comités départementaux rencontrent les huit directions départementales de la cohésion sociale de la région ainsi que des conseillers pédagogiques et des professeurs des écoles pour favoriser un apprentissage massé de la natation grâce à des « classes bleues ». Pendant une semaine sur le temps scolaire les enfants apprendraient les bases de natation le matin et l’après-midi. Nous avons commencé à travailler ensemble en septembre et nous avons eu des bonnes prises de contacts. Nous espérons que ça va déboucher sur une cinquantaine de stages jusqu’au 30 juin 2021, période qui correspond à l’enveloppe qu’on nous a accordée. Toujours dans le cadre du plan d’aisance, la Ligue a répondu à un appel à projet de l’Agence nationale du sport pour former des intervenants qui s’occuperaient des enfants de 4 à 6 ans. Il ne s’agit pas de leur apprendre à nager, mais de leur donner des réflexes, des bons gestes éviter la panique en attendant d’être secourus et surtout d’éviter la noyade. Nous avons présenté deux dossiers, une formation sur Belfort pendant deux « classes bleues » issues des quartiers prioritaires de la ville avant la fin de l’année et une autre à Saint-Honoré-les-Bains, dans la Nièvre, pour des écoles en milieu rural au printemps 2021. Les projets ont été envoyés à la Fédération française de natation (FFN) qui s’assure de la cohérence avant de soumettre une demande globale à l’ANS.
Quelle est la situation de la région Bourgogne-Franche-Comté en termes de piscines ?
Nous sommes un territoire pas mal loti en équipements structurants. Des nouvelles piscines ont été construites au cours des dix dernières années dans des petites métropoles. Un des axes de la Ligue, toujours en lien avec plan d’aisance aquatique, est de développer la natation pour le loisir et la santé en milieu rural où il n’y a pas de piscines. Les petites communautés de communes n’ont pas le budget pour bâtir un équipement couvert. Il existe la solution des bassins mobiles temporaires. Pour le moment, nous sommes juste au stade de la réflexion avec la FFN, le Conseil régional et la Direction régionale de la jeunesse, des sports et de la cohésion sociale (DRJSCS). Une autre piste est de promouvoir la natation en eau libre.
Comment vous y prenez-vous ?
La Ligue a organisé deux étapes de Coupe de France fin août à Chalon-sur-Saône et Tournus (Saône-et-Loire) en faisant respecter les contraintes sanitaires. Avec plus de 100 nageurs, ces compétitions ont été une belle réussite. Elles ont permis de terminer la saison. Des nageurs de clubs qui reprenaient y ont aussi participé.