Quelques mois après les Jeux paralympiques de Paris 2024, la Seine-Saint-Denis s’offre un symbole fort de l’héritage olympique. Inauguré en février 2025 à Bobigny, Le Prisme s’impose déjà comme le plus grand centre d’Europe entièrement dédié à la pratique inclusive du sport. Plus qu’un équipement sportif, ce pôle unique se veut une vitrine de l’accessibilité et une locomotive pour le handisport en Île-de-France.
Un temple du sport inclusif
Construit sur trois niveaux et s’étendant sur 13 000 m², Le Prisme est un projet hors norme. Pensé dès sa conception pour accueillir les personnes en situation de handicap, ce complexe réunit deux salles multisports, un mur d’escalade, un terrain de basket 3×3, une salle d’armes, un espace de balnéothérapie, mais aussi une salle de motricité entièrement sécurisée, conçue pour les personnes polyhandicapées. Les équipements sont modulables, sans obstacles, avec un soin tout particulier accordé à la signalétique, à l’éclairage et à l’acoustique.
L’objectif est clair : faire du sport un droit universel, et non un privilège. « Le Prisme incarne une révolution silencieuse, celle de l’égalité d’accès à la pratique sportive », résume un responsable de l’UCPA, gestionnaire du site aux côtés du Groupe SOS Solidarités et du Département de la Seine-Saint-Denis.
Une ambition portée par les Jeux
Imaginé en amont des Jeux olympiques et paralympiques de Paris, Le Prisme devait initialement accueillir les entraînements de délégations internationales. Aujourd’hui, il prend une dimension bien plus large : 18 000 sportifs sont attendus chaque mois, valides ou non, issus des clubs, des établissements médico-sociaux, des écoles ou du grand public.
Le Département de la Seine-Saint-Denis, à l’origine du projet, entend faire de cet équipement un lieu de mixité sociale et physique, un « accélérateur d’inclusion ». À travers des animations, des stages, des compétitions ou des formations, Le Prisme vise à sensibiliser les usagers à la diversité des pratiques et à bousculer les représentations autour du handicap.
Une dynamique territoriale inédite
Le financement du Prisme (49 millions d’euros) illustre un engagement collectif rare. La Région Île-de-France, l’État, la Ville de Bobigny, Paris 2024 et l’Agence nationale du sport ont chacun contribué à cet investissement. Cette mobilisation traduit la volonté de faire du sport un outil structurant pour les territoires, en particulier ceux confrontés à des défis sociaux majeurs.
Pour les associations locales, c’est aussi une opportunité concrète : enfin un lieu où les pratiquants handicapés ne sont pas cantonnés à des horaires restreints ou des espaces secondaires.
Une inspiration au niveau européen
Si la France accuse historiquement un retard sur la pratique handisport, Le Prisme pourrait bien changer la donne. Ce pôle inédit suscite déjà l’intérêt de plusieurs villes européennes, curieuses de s’inspirer de ce modèle où l’inclusivité n’est pas un supplément d’âme, mais la pierre angulaire du projet. Le Prisme envoie un signal fort : l’accessibilité n’est pas une contrainte, c’est une ambition. Et à Bobigny, elle devient réalité.
Romane Legros