Le skeleton, sport ultra spectaculaire des Jeux d’hiver

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À la vitesse d’une voiture, la tête au ras du sol, le skeleton est un sport captivant, mais la discipline intrigue. Quelles motivations poussent ces athlètes à se lancer tête en avant ?

Voici des athlètes qui regroupent tout ce que le cinéma aime dans le sport. Des sportifs face à eux-mêmes, sur une piste glacée, à 120 km/h. Cette épreuve olympique réunit tous les éléments suscitant l’admiration chez les spectateurs. Un athlète de skeleton s’élance sur 40 mètres, avant de s’allonger sur une planche en métal, la tête en avant. Protégés par un simple casque, les sportifs atteignent des pointes à 120 km/h en pilotant la tête au ras du sol. Les compétitions classent les coureurs par une addition des temps effectués.

Le skeleton est né à Saint-Moritz, en Suisse. En 1887, les premiers concurrents décident de partir la tête en avant, et créent ainsi le skeleton. Le sport a ensuite évolué. Les pratiquants ont développé une luge adaptée, dont la forme rappelant un squelette a donné son nom à la discipline. Ce sport apparaît ensuite aux Jeux olympiques en 1928 et 1948. Le skeleton ne fait son retour qu’en 2002, aux JO de Salt Lake City.

La piste de Saint-Moritz est mythique, et c’est surtout la seule naturelle accueillant des compétitions internationales. En France, les athlètes n’ont que La Plagne pour s’entraîner. Elle a vu le jour pour les Jeux olympiques d’Albertville en 1992. Il existe peu d’installations de ce type dans le monde. La piste de La Plagne a été dirigée, de sa création jusqu’en 2021, par Alain Bessard. Une expérience qui a occupé une grande partie de sa vie, jusqu’à inspirer sa fille.

Agathe Bessard, l’étoile française

Agathe Bessard est une locale de La Plagne. Elle a grandi autour de la piste glacée. Sa première grande performance a été une médaille de bronze aux Jeux olympiques de la jeunesse, en 2016. Depuis, Agathe Bessard est présente au plus haut niveau en étant systématiquement aux championnats du monde et en Coupe du monde. Agathe Bessard a décroché la première victoire française au niveau international le 9 janvier dernier, en finissant championne d’Europe junior. Elle a aussi remporté la Coupe d’Europe junior.

Son ambition était de participer aux Jeux olympiques d’hiver de Pékin en 2022. Elle a réussi à remplir les quotas internationaux pour se qualifier, mais la Fédération Française des Sports de Glace en a décidé autrement. Agathe Bessard ne remplissait pas les critères fédéraux pour faire partie de la délégation française. Le skeleton n’a donc vu aucun Tricolore aux Jeux olympiques d’hiver 2022.

Agathe Bessard : « On est dans les temps pour mes performances »

Qu’est-ce qui vous a plu dans le skeleton ?

Toutes les caractéristiques de ce sport, son image, la recherche de sensation, l’adrénaline. Pour toutes ces raisons, le skeleton a toujours été la discipline qui m’a attirée. La question de pratiquer un autre sport ne s’est même pas posée.

Comment pilote-t-on le skeleton ?

Pour les mouvements légers, principalement en ligne droite, un mouvement de tête peut suffire. Mais pour des mouvements plus importants, dans les virages, on met en jeu l’épaule et le genou opposés à la courbe afin d’orienter le skeleton.

Quelle est la part de physique dans la performance ?

Sur les pistes où la poussée de départ est capitale, la différence faite par le pilotage est moindre. Par opposition, sur les pistes où cette poussée est moins importante, les athlètes pourront faire plus de différences grâce au pilotage. La piste de La Plagne fait partie de ces pistes plus techniques.
L’effort du skeleton est difficilement comparable à une autre épreuve. L’effort dure plus d’une minute. Mais en plus d’engager ses muscles sur cette durée, on subit une pression qui rend ce sport unique. Les virages à haute vitesse amènent le plus de pression et en font une discipline très physique.

À quel âge les athlètes sont-ils les plus performants au skeleton ?

Le pic de performance se situe vers la trentaine. On est donc dans les temps pour mes performances.

« Sans mes sponsors et mes proches, ma saison n’aurait pas été possible. »

Est-ce qu’un modèle économique différent est possible pour le développement du skeleton ?

Si la fédération appuie pour développer la pratique, ce sera un plus. Aujourd’hui, je ne suis pas aidée par la fédération. Sans mes sponsors et mes proches, ma saison n’aurait pas été possible. La campagne de crowdfunding a elle aussi été un succès, et m’a aidée pour réaliser ma saison. Je suis accompagnée par plusieurs sponsors, principalement des sponsors locaux. Pour eux, soutenir une athlète locale est une fierté.

La saison se poursuit-elle ?

Non, ma saison est terminée. Aujourd’hui, je prends du temps pour moi et je descends à La Plagne pour le plaisir.

Frédérique Blancon : « Le développement du skeleton doit passer par un nouveau modèle économique »

Comment le skeleton peut-il se développer en France ?

Le développement du skeleton doit passer par un nouveau modèle économique. N’avoir qu’un seul équipement est évidemment un frein pour le développement de la discipline. C’est une pratique qui nécessite un investissement important. La pratique n’est pas ouverte à tous les enfants, ce qui est aussi un frein. La Fédération ne peut pas investir massivement sur une pratique représentant peu de licenciés.
Le skeleton fait partie des sports qui doivent construire un modèle économique pérenne pour être viables dans le temps. Les fonds nécessaires ne peuvent pas uniquement être ceux de la FFSG. L’investissement doit se partager entre les partenaires institutionnels et les partenaires privés. De cette manière, le skeleton pourra profiter d’un développement plus important.

Concernant Agathe Bessard, comment se fait-il qu’elle n’ait pas été sélectionnée pour faire partie de la délégation française aux JO 2022 ?

Agathe Bessard a rempli les critères de la fédération internationale. Mais elle est très loin dans notre programme de sélection. La présence d’Agathe Bessard aurait pu être plus étudiée si cela se jouait à une ou deux places. Malheureusement, ce n’est pas le cas. Maintenant, Agathe Bessard performe et est aujourd’hui reconnue. Mais pour être aux Jeux olympiques, elle doit encore progresser. C’est le développement d’un athlète de très haut niveau. Ce développement est long et difficile, mais en progressant, elle pourra peut-être y prétendre à l’avenir.

Est-ce problématique pour la Fédération de ne pas avoir de représentants français en skeleton aux Jeux ?

On ne vient pas aux Jeux olympiques juste pour le plaisir d’être là. Il y a des objectifs de performance élevés, inhérents au haut niveau. On aimerait évidemment pouvoir concourir dans la discipline. Mais avec un projet pour le skeleton, un modèle économique pérenne, Agathe pourra être la vitrine de ce sport avec un projet qui la portera et qui permettra au skeleton de gagner en visibilité.

Nicolas Derrien

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