“Le transfert le plus audacieux de la saison” : le Stade Français s’installe au Camp des Loges

Crédit photo : Matthieu Chaperon

Le Stade Français a inauguré ce mercredi son nouveau centre d’entraînement au Camp des Loges de Saint-Germain-en-Laye, occupé durant 52 ans par le PSG jusqu’à son départ en 2023.

Adieu au ballon rond, bonjour au ballon ovale ! Laissé vacant par le Paris Saint-Germain, parti s’installer à Poissy en 2023, le Camp des Loges est devenu officiellement ce mercredi le nouveau fief du Stade Français Paris. Une nouvelle page dans l’histoire du club ainsi que du centre de performance yvelinois, désormais maquillé en rose, des vestiaires aux salles de conférence.

“Le départ du PSG a été une déchirure pour moi”, avoue Arnaud Péricard, maire de Saint-Germain-en-Laye. “Mais j’y ai vu une opportunité de pouvoir arrimer dans les Yvelines un club dirigé par un yvelinois (Thomas Lombard, directeur général du Stade Français, est né au Chesnay-Rocquencourt). Quand je l’ai contacté pour envisager ensemble une implantation du Stade Français au Camp des Loges, il a dit banco !”, ajoute-t-il, avant de saluer l’ensemble des acteurs mobilisés sur le projet pour leur rapidité à transformer le complexe en un site de rugby.

En effet, depuis sa création en 1904, le Camp des Loges a toujours été une vitrine du ballon rond. A l’origine, ses infrastructures étaient réservées aux militaires implantés à quelques centaines de mètres du site, d’où son nom, avant que le Paris Saint-Germain ne s’y installe en 1970. Le club parisien sera donc resté 52 ans, avant de déménager à Poissy en 2023. En plus du PSG, le Camp des Loges a également accueilli de nombreux rassemblements de l’équipe de France, avant que le Centre National de Clairefontaine ne voie le jour.

“C’est un lieu de mémoire du sport français, il s’est passé des choses magnifiques ici, les plus grands joueurs de foot sont passés par ici”, résume Arnaud Péricard. Parmi ces derniers, l’emblématique Luis Fernandez était d’ailleurs présent pour l’inauguration. D’abord formé au PSG, il est devenu successivement joueur, entraîneur et dirigeant du club parisien, entre autres expériences, entretenant ainsi un lien fort avec le Camp des Loges.

Ainsi, grâce à ce passage de témoin, le site ne tombera pas en désuétude, comme le craignait Valérie Pécresse, présidente de la région Île-de-France : “On a quand même construit un tramway qui vient jusqu’ici exprès”, ironise-t-elle avant de saluer Arnaud Péricard pour son idée “audacieuse, mais en fait assez visionnaire”. “L’Île-de-France est une très grande terre de rugby, on a deux grands clubs dans le Top 14 (avec le Racing 92), le Stade Français fait partie de l’histoire de la région. C’est le transfert le plus audacieux de la saison, et il n’y a pas que le PSG dans la vie sportive de l’Île-de-France !”, conclut-elle en souriant.

Un centre d’entraînement repensé en mode rugby

Afin d’effectuer la transition football-rugby, environ 5 millions d’euros ont été investis, répartis entre le club, la ville et la région. L’essentiel de ce budget est consacré à la création d’une nouvelle salle de musculation, celle du PSG n’étant pas adaptée : “Les exigences d’une salle de sport sont plus élevées pour des joueurs de rugby que pour des joueurs de foot”, sourit Thomas Lombard, directeur général du club.

Cette nouvelle salle, encore en construction, devrait être ouverte aux joueurs au maximum début 2025. Dotée de beaucoup d’espace (731m²), elle aura une hauteur sous plafond de pas moins de 8 mètres, afin de permettre aux joueurs de travailler les touches. Le sol sera quant à lui constitué de dalles sportives d’une part et de gazon synthétique d’autre part, dans l’optique de pouvoir courir dans de bonnes conditions. 

Tout le reste du site est d’ores et déjà opérationnel, accueillant l’effectif du Stade Français depuis le début de la saison. Les deux terrains de football ont été bien sûr transformés en terrain de rugby, avec un nouveau gazon hybride, et les vestiaires ont été agrandis puisque le Stade Français compte plus de joueurs que l’ancien locataire des lieux. Autres nouveautés, un sauna, un hammam, ainsi que des bains chauds et froids ont été construits afin d’optimiser au mieux la récupération physique des joueurs. Dans ce même objectif, des espaces de soin, dotés de nouvelles machines dernier cri de récupération et de rééducation, ont été installés en lieu et place de l’ancienne salle de musculation du PSG.

Des changements qui permettent au Stade Français de travailler dans de bien meilleures conditions qu’auparavant à Jean Bouin : “Être uniquement sur le site de Jean Bouin nous posait des difficultés à pas mal de niveaux. Le fait d’avoir maintenant deux terrains et des bâtiments dans lesquels on a de l’espace nous procure plus de confort, et donc plus d’efficience dans la qualité du travail effectué. Aujourd’hui, la professionnalisation du rugby fait que les clubs ont tous tendance à se doter de meilleurs outils de performance et de développement”, explique Thomas Lombard. 

Formation et ambition au cœur du projet

Le directeur général du club parisien a également pointé du doigt une nette amélioration pour le quotidien des jeunes du centre de formation : “À Jean Bouin, les jeunes étaient éparpillés dans des résidences universitaires, dans des appartements et sur plusieurs sites d’entraînement, ils devaient prendre les transports pour aller de l’un à l’autre. Ici, l’unité de lieu est extrêmement positive puisqu’ils sont logés dans une résidence universitaire à 5 minutes d’ici. Ils viennent à l’entraînement puis peuvent rejoindre leur campus pour suivre leurs études facilement, car le Camp des Loges est très bien desservi.”

Le déménagement du Stade Français profite également aux sections féminines du club, qui restent de leur côté à Jean Bouin, et bénéficient ainsi désormais à temps plein des infrastructures et du terrain. “Ça va favoriser tous les efforts faits pour le développement du rugby féminin au Stade Français”, commente Thomas Lombard.

Une nouvelle ère débute ainsi pour le Stade Français, qui souhaite profiter de cette opportunité pour étendre son rayonnement sur l’ensemble du territoire francilien : “Nos joueurs ne sont pas que des joueurs, mais aussi des ambassadeurs, ils doivent être inspirants, motivants, et donner envie au travers de leur parcours à des jeunes de faire la même chose. De plus, ce nouveau centre d’entraînement est certes celui du Stade Français, mais aussi celui de tous ceux qui aiment le rugby”, souligne Thomas Lombard, qui affirme que le site sera “ouvert et visitable”, en premier lieu pour les écoles et ses voisins militaires du Camp des Loges.

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