Il reste peu de vélodromes en France. Le public s’est détourné progressivement des compétitions cyclistes sur piste, entrainant la démolition de nombreux équipements au fil des décennies. Certains, pourtant, survivent envers et contre tous : c’est le cas du vélodrome de Montargis. Plusieurs fois promis à la démolition, chaque fois sauvé, il accueille encore des compétitions sportives et des manifestations culturelles.
Un vélodrome calqué sur le Vel d’Hiv
Le vélo semble toujours avoir fait partie de la vie de Montargis. En 1910, déjà, la ville s’était dotée d’un vélodrome : une piste de 333 mètres aux virages légèrement relevés… Puis, en 1919, un instituteur de la ville propose la construction d’une infrastructure qui offrirait aux habitants des installations adaptées à différentes pratiques sportives, dont le vélo. Mais c’est en 1920 que l’instituteur – qui devient directeur sportif de l’USM Montargis – persuade le conseil municipal d’adhérer à son projet. L’architecte de la ville propose alors un projet comprenant un vélodrome inspiré du Vel d’Hiv de Paris. Sa piste en béton, de 250 mètres, présente ainsi 2 virages relevés à 45°, sous lesquels seront installés les vestiaires…
De l’abandon à la renaissance
Le nouveau stade de Montargis, et son vélodrome, sont inaugurés en 1924. Le « Vélodrome de la Forêt » connait très vite un grand succès et accueille de grandes rencontres sportives. Mais, après la Seconde Guerre Mondiale, les compétitions cyclistes sur piste perdent de leur attrait auprès du public. Le vélodrome est de moins en moins fréquenté et presque abandonné. En 1965, le maire de Montargis s’inquiète de sa dégradation et demande une expertise. L’étude préconise la démolition de l’ouvrage. Mais les cyclistes locaux, soutenus par des élus, parviennent à éviter cette issue. Quelques travaux remettent le vélodrome en état : il accueillera à nouveau des compétitions sur piste. Mais, il ne s’agit que d’un sursis : quelques années plus tard, la fermeture du vélodrome est à nouveau envisagée. Des passionnés vont à nouveau le sauver, et même obtenir des subventions pour réaliser quelques travaux. Dans les années 80, plusieurs rencontres cyclistes régionales ou nationales, voire internationales, sont organisées et remportent un beau succès.
Une couverture envisagée, finalement abandonnée
Mais peu à peu, ce nouveau succès s’essouffle. En 2003 la communauté d’agglomération, l’Agglomération Montargeoise et Rives du Loing (AME), prend à sa charge la gestion et l’entretien du vélodrome. L’histoire se répète : une nouvelle expertise est demandée, pour statuer sur la rénovation ou la démolition de l’équipement. Une idée est alors émise : puisque la France est candidate à l’organisation des Jeux Olympiques de 2012, le vélodrome ne pourrait-il pas être rénové, couvert, et accueillir des épreuves ? Le projet séduit, son financement conjoint par l’Agglomération, le Département, la Région et l’État est envisagée. La presse va même, en 2004, évoquer ces travaux. Mais la candidature de la France n’est pas retenue. Le projet tombe aux oubliettes.
Une nouvelle vie entre sport et musique
Pourtant, l’agglomération n’abandonne pas le « Vélodrome de la Forêt ». Certes, il restera soumis aux intempéries, mais il survivra ! Et, pour cela, des travaux de rénovation sont réalisés. Le parapet en bois est reconstruit en béton, la piste est rénovée, les éclairages remis aux normes. Le vélodrome, encore une fois, renait de ses cendres et accueille à nouveau des compétitions sportives : la course du Million, le national de VTT… Des manifestations qui enchantent les passionnés, mais ne suffisent pas à faire vivre le vélodrome. Celui-ci a pourtant su se réinventer et s’ouvrir à de nouveaux usages, notamment grâce au festival Musik’Air qui, chaque année depuis 2003, fait vibrer fin juin tout Montargis !