Le monde du volley français sait qu’il doit évoluer pour avoir un horizon plus dégagé dans le riche paysage sportif français. Les présidents des équipes professionnelles ont des pistes pour que les formations tricolores retrouvent de leur superbe en Ligue des champions.
Pour Bruno Soirfeck, « il faudrait peut-être revoir les statuts, les règlements en interne, quitte à faire du protectionnisme. C’est de la politique générale pour les institutions du volley français, mais moi je pense que les clubs de l’élite et de Ligue B devraient être très, très restreints dans leur capacité à embaucher des étrangers. (…) Il reste beaucoup de travail, il faut s’appuyer sur ceux qui bossent, pas sur ceux qui pensent que tout va bien et qui ne veulent pas plus de règlements. C’est le sport professionnel, soit tu acceptes d’être là-dedans, soit tu passes ton chemin. » Le président du TVB va dans le même sens : « Aujourd’hui, dans le volley français, seuls les très, très bons joueurs percent. Tous les autres joueurs vont perdre espoir et lâcher très vite le volley. On perd ainsi une base, alors que beaucoup de joueurs pourraient être de bons joueurs européens. Ils lâchent, car il n’y a pas de place pour eux sur le terrain. Quelle est la conséquence économique de la politique actuelle ? Elle est désastreuse parce que nos meilleurs joueurs partent à l’étranger. Nous n’avons plus de joueurs français et nous sommes obligés de prendre des étrangers que l’on va payer plus cher qu’un Français… cette politique détruit notre volley. »
Réduire les charges sociales
Un sujet qui met tout le monde d’accord, de Tours à Nice en passant par Rennes, Chaumont, Paris et Narbonne. « En Russie, il n’y a rien de juridiquement légal, mais globalement, il n’y a pas de charges pour un joueur étranger. En Pologne, les charges sociales sont de 15 %. En Italie, le volley professionnel est sous l’égide du CONI, le Comité national olympique italien, et est donc exonéré de charges », détaille Yves Bouget. Une différence énorme avec la France, qui pèse très lourd chaque année. « Je pense que ce qui peut faire la différence, ce serait qu’un jour ou l’autre, l’État français se penche sur le problème des charges sur les salaires. La carrière d’un sportif est très différente d’un salarié lambda. Il n’y a donc pas de raison de payer autant de charges. Mais ça, c’est le problème du foot depuis très longtemps. Vous avez dû voir que le PSG paye plus de charges sociales que toute la Liga réunie », explique Jérémie Ribourel.
Réduire le nombre de matches internationaux
« On est le seul sport où des joueurs peuvent faire sur une saison plus de matches internationaux que de matches en club, avec toutes les compétitions internationales qu’on a », explique le président de Chaumont, bien démuni en cette rentrée. « C’est encore une année compliquée. À Chaumont, nous avons repris les entraînements avec 5 joueurs seulement, les autres sont au championnat d’Europe et mon coach entraîne la Bulgarie. On va récupérer nos joueurs fin septembre, début octobre… Là aussi, on a une fédération internationale… Nos joueurs sont partis en mai, ils ont fait la Ligue des nations, puis les tournois de qualification olympique, puis le championnat d’Europe… (…) Au moment où l’on parle d’écologie, on est un sport qui pollue plus que les autres. En plus, la Ligue des nations ne se fait pas sur un site, vous faites le tour de la planète… Et à la trêve, il y aura encore un tournoi de qualification olympique… Si vous prenez un international d’un club qui ne joue pas les play-offs, il jouera plus avec son pays qu’avec son club pendant l’année. Ça n’existe nulle part ailleurs ! » Un constat soutenu par le rival niçois : « C’est un gros problème du volley, les saisons internationales sont 10 fois trop longues, on met à disposition des joueurs aux équipes nationales gratuitement… On a créé une association des Ligues professionnelles avec les Italiens, les Belges, les Allemands et les Grecs, puisqu’on est tous concernés par le même problème. Nous avons une action auprès de la CEV pour essayer de modifier tout ça, mais c’est compliqué parce que la CEV, c’est un État dans l’État. »
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