La numéro 2 mondiale Léa Van Der Zwalmen a décroché deux médailles d’argent lors des championnats du monde féminin de jeu de paume (10-16 avril) en simple et en double. La Bordelaise revient sur ses performances.
Comment se sont déroulés ces championnats du monde pour vous ?
Très bien (sourire). Sachant que j’avais un peu moins d’entraînements de prévus, puisque j’ai depuis décembre la casquette de présidente du club du jeu de Paume de Bordeaux, plus mon travail à plein temps qui s’accélère. J’ai attaqué ces championnats avec un peu d’hésitation parce que je savais que je ne m’étais pas entraînée aussi bien que ce que j’aurais aimé. En parallèle, j’avais moins de pression sur moi. Je suis arrivée détendue. C’était une impression particulière parce que ces championnats ont eu lieu en Angleterre, au sein du club de la championne en titre, Claire Fahey. J’ai commencé le championnat avec un peu d’appréhension et tout en étant assez modeste avec mes ambitions. Je ne pouvais pas prétendre à faire des miracles avec le peu d’entraînement que j’ai fait.
Et concernant vos matchs ?
J’ai passé les premiers tours avec beaucoup de facilité. J’avais de super sensations sur un terrain qui ne m’était pas connu. Il était assez particulier, il rebondissait un peu plus. Cela m’a plutôt favorisé, car j’ai plutôt un jeu de patience. Je suis davantage sur la construction de l’échange. En quart, je gagne 6-1, 6-1 et en demi 6-3, 6-0 contre la numéro 3 mondiale. J’étais assez contente de la battre car elle était assez hargneuse (sourire).
En finale simple, j’étais contre la grande championne, Claire Fahey. Elle était très affutée. Après, il ne faut pas oublier que c’est la seule professionnelle. Je perds au terme d’un match plutôt serré même si le score est assez sévère (6-1, 6-1). Il y a eu beaucoup d’échanges très disputés. J’ai mené plusieurs fois le jeu, mais elle a un petit coup d’accélérateur en plus, chose que je n’ai pas encore. Elle mérite amplement son titre parce qu’il n’y a personne qui prend ce sport aussi sérieusement qu’elle.
En double, j’étais associée à la Hollandaise Saskia Bollerman. Elle aussi est très prise par son travail. En plus, aux Pays-Bas, il n’y a pas de terrains de jeu de Paume donc elle essaye de faire au mieux avec du tennis et du padel. Ce n’était donc pas gagné d’avance pour nous deux (sourire). On a un jeu très complémentaire. En septembre, on avait remporté l’Open de France en battant Claire Fahey associée à une joueuse plus faible. Mais cette fois-ci, l’Anglaise était avec Tara Lumley, la numéro 3 mondiale. On a perdu 6-4, 6-5. On est un peu déçues parce qu’il y avait vraiment la place, pour le coup, de gagner un set. Je suis très fière d’avoir disputé un match d’une qualité aussi élevée. Ces deux médailles de vice-championne du monde me boostent pour le reste de la saison.
Percevez-vous une évolution de votre côté quand vous jouez contre Claire Fahey, la numéro 1 mondiale ?
Clairement. Plus je joue contre elle, plus je m’habitue à son jeu. Elle est vraiment très impressionnante. Quand je compare à l’année dernière, où j’avais eu la chance de jouer contre elle en finale, elle m’avait écrasé mentalement. Je n’avais pas pu jouer mon jeu, elle m’avait étouffé. C’était un sentiment un peu atroce de la regarder jouer, de ne rien pouvoir faire. Un an après, je constate que je ne suis plus autant impressionnée. Je savais que je n’allais pas pouvoir gagner contre elle dans ces championnats, mais j’avais vraiment envie de la faire courir, de ne pas lui donner de cadeaux. J’étais vraiment dans une optique mentale différente. Je la respecte énormément, mais je ne me suis pas laissée écraser.
Vous sentez qu’elle doute davantage ?
Totalement. C’est quelque chose de flatteur et qui me conforte dans l’idée d’essayer de la titiller. Quand on voit son comportement sur le terrain, elle commençait à jeter un petit peu sa raquette, à crier sur chaque gros point que l’on faisait. C’est de bon augure pour moi.
Vous y auriez cru si on vous avait dit que vous décrocheriez deux nouvelles médailles d’argent ?
Sincèrement, je ne pensais pas être capable de produire un si beau jeu en étant si peu préparée. Je n’étais pas dans mes meilleures conditions alors le fait que j’y sois parvenue, c’est très réconfortant. Mentalement, j’avais pris la compétition différemment : j’avais pris une semaine de congés, passé du temps avec ma famille, pris le temps de me vider l’esprit. Pour moi c’est une question de mental et je l’ai prouvé encore plus durant cette semaine de championnat.
Vous pensez faire la même chose pour l’US Open à Washington (19-21 mai) ?
Je vais me donner les moyens pour. Je suis motivée pour mettre l’accent sur la forme physique. J’ai repris les entraînements en début de semaine donc j’espère en sentir les bénéfices. L’objectif sur cet US Open, c’est de refaire une finale en simple en essayant de gagner quelques jeux de plus. En double, je devrais jouer avec la même partenaire que lors de ces championnats du monde et Claire Fahey sera associée avec une joueuse plus faible donc on a les moyens de gagner. Cela serait vraiment bien de repartir avec le titre en double.
Propos recueillis par Séverine Bouquet