La Fédération française de voile poursuit le développement du kitesurf en France en s’appuyant sur l’Engie Kite Tour. Sportifs de haut niveau et amateurs surfent ensemble lors de cette compétition qui se déplace sur toute la façade maritime. Présentation.
Le 13 mars dernier, 85 riders adeptes du kitesurf, dans les catégories allant du foil au twin-tip en passant par la planche directionnelle, étaient sur la plage Pereire, à Arcachon. L’Engie Kite Tour y débutait son édition 2020. Depuis 10 ans, cette compétition se déroule en France sous forme d’étapes organisées sur toutes les façades maritimes de l’Hexagone, pour promouvoir le kitesurf. Ce rendez- vous affiche une grande particularité : les adeptes assez autonomes dans leur pratique peuvent s’inscrire et prendre le départ aux côtés des athlètes de haut niveau. « Depuis le début, l’esprit de l’Engie Kite Tour est de permettre ce mélange entre les sportifs de haut niveau et les kitesurfeurs occasionnels », insiste Laure Collin, responsable de la discipline à la Fédération française de voile. « Cela amène des échanges, une dynamique de groupe. Comme la compétition vient chez eux, les kitesurfeurs autonomes sont motivés et ravis à l’idée de se battre avec des athlètes de l’équipe de France, mais aussi d’écouter leurs conseils. »
« Comme un retour aux sources »
La Fédération française de voile a accueilli cette compétition dans son giron il y a deux ans, lorsque le ministère des Sports lui a transféré la délégation depuis la Fédération française de vol libre. « Engie a souhaité continuer d’accompagner le kitesurf (voir encadré) et pour nous, cette compétition est un bel outil de développement de l’activité avec l’appui des clubs locaux », décrit Laure Collin. « On profite des étapes pour organiser des formations, des échanges autour de l’activité, toujours dans l’optique de développer la pratique. » Avec le recul d’une première édition de quatre étapes en 2019, la Fédération peut constater que la recette prend. « Nous avons commencé l’année 2019 avec 30 participants et ils étaient 90 pour la finale à la Grande-Motte. 70 riders autonomes étaient inscrits pour la première épreuve de 2020 à Arcachon », souligne la responsable kite. Ces amateurs ont pu surfer sous le regard du quadruple champion du monde de kitefoil, Nicolas Parlier. Ambassadeur de l’Engie Kite Tour depuis 2018, le membre du Cercle de voile d’Arcachon (CVA), d’ailleurs vainqueur de cette journée à domicile, s’attache à participer à un maximum d’étapes. « C’est un plaisir de participer à l’Engie Kite Tour, c’est comme un retour aux sources », confie-t-il. « Cette compétition existe depuis 10 ans, ce sont les premières courses auxquelles j’ai participé. C’est sympa, après tout ce temps, on recroise les mêmes têtes. » L’effet Madeleine de Proust est le même chez Alexia Fancelli, elle aussi ambassadrice de la compétition depuis deux ans. La jeune femme de La Ciotat est déjà détentrice de quatre titres dans la catégorie kitefoil et médaillée de bronze aux derniers championnats du monde : « L’Engie Kite Tour a été une de mes premières compétitions en 2014 », se souvient la licenciée du Hyères Kitesurf Association (HKA). « J’aime le principe de mélanger sportifs de haut niveau et amateurs, on retrouve tous les niveaux. » Nicolas Parlier ajoute : « C’est une chance d’avoir ce Tour en France, ce système fait progresser les jeunes générations. Les kitesurfeurs français jouent le jeu et cette compétition se déroule dans une ambiance conviviale. » Celui qui a remporté cette compétition d’abord en 2011 (en catégorie Junior), 2012 et 2013 a une autre raison de l’apprécier : « On fait le tour de la France et c’est intéressant de surfer dans différents départements, en utilisant le même système qu’à l’international. » « D’année en année, on organise une épreuve dans un nouveau spot pour développer la discipline », explique Laure Collin. « En général, on reste deux ans sur le même territoire, puis on change. »
Dans l’expectative…
L’édition 2020 de l’Engie Kite Tour avait débuté comme prévu à Arcachon, avec le CVA à l’organisation, le 13 mars. Mais dès l’après-midi, le gouvernement a interdit les rassemblements de plus de 100 personnes en France afin d’endiguer l’épidémie de Covid-19. Les deux dernières journées de cette étape ont été annulées par la Fédération française de voile. Uniquement treize courses ont été validées. « Tout le monde était satisfait de l’événement et un peu dégoûté de devoir arrêter après une journée, mais il fallait respecter les décisions », raconte Alexia Fancelli, vainqueur en kitefoil chez les dames. « Le vent est monté au fur et à mesure et quand il est plus constant, on est plus à l’aise. J’étais super contente de valider toutes les manches en tête. C’était ma deuxième compétition de la saison après avoir été blessée pendant l’hiver. » Malgré la situation encore incertaine face à la pandémie de Covid-19, l’Engie Kite Tour devrait aller à son terme. « On se laisse du temps », précise Laure Collin. « Les organisateurs sont réactifs, ce qui nous donne une souplesse dans l’organisation. » De leur côté, les sportifs de haut niveau trouvent des solutions pour rester en forme pendant le confinement en attendant d’avoir à nouveau accès aux plages « grâce à une séance d’entraînement physique d’environ une heure par jour », raconte Alexia Fancelli. « J’ai aussi révisé les points stratégiques et tactiques sur les différents points d’eau, fait beaucoup de visualisation mentale et regardé des vidéos. J’en ai aussi profité pour faire du bricolage sur le matériel. » « Sans accès aux plans d’eau, ce n’est pas possible d’accomplir l’entraînement spécifique au kitefoil », regrette Nicolas Parlier. « Mais, il restait le vélo et la préparation physique à faire à la maison. Et aussi du jardinage. Par ailleurs, je suis en troisième année de kiné à Montpellier, alors j’ai continué à travailler mes cours. »
« Donner aux gens une bouffée d’oxygène »
La compétition étant suspendue jusqu’au 31 juillet par directive ministérielle, le calendrier de l’Engie est forcément bouleversé. « Au sein de la Fédération, il est envisagé de redémarrer d’abord la compétition au niveau local en août, avant d’envisager des épreuves nationales pour l’automne », précise d’abord Laure Collin. Le passage de l’Engie Kite Tour à Wimereux, dans le Pas-de-Calais, initialement prévu du 12 au 14 juin, a été déplacé aux 11, 12 et 13 septembre. En revanche, l’étape bretonne de Lorient-Gâvres, qui devait avoir lieu du 26 au 28 juin, a été annulée. « Avec toutes les compétitions de voile reportées à l’automne, le calendrier est chargé et nous n’avons pas trouvé de date pour cette étape », confie Laure Collin. L’épreuve à la Grande-Motte, puis les finales à Hyères, auront lieu fin septembre, début octobre. « Je ne sais pas encore comment je vais me positionner. Je suis dans l’attente d’informations », avoue Alexia Fancelli. « Les dates des étapes internationales ne sont pas encore validées, mais, par exemple, Hyères et la Grande-Motte tombent pendant le tour international et Wimereux un jour après le championnat du monde. C’est dommage parce que le calendrier initial avec deux épreuves de l’Engie Kite Tour en juin me convenait. » Avec ou sans ses têtes d’affiche, la FFV souhaite faire redémarrer le Tour. « On veut se donner la possibilité de continuer pour assurer ce lien social et promotionnel », affirme Laure Collin. « Au sortir de cette période où on a tous été confinés, on veut donner aux gens une bouffée d’oxygène, leur permettre de se retrouver sur leur spot, tout en respectant les gestes barrières et la distanciation sociale. »