Sélectionnée pour les Mondiaux de Budapest, l’heptathlète normande arrive en pleine forme, après une période plus difficile physiquement et mentalement. Interview.
Ce samedi 19 août, vous attaquez l’heptathlon de vos premiers championnats du monde en extérieur. Dans quel état d’esprit abordez-vous la compétition ?
Je suis en pleine forme, j’ai très hâte de commencer ! C’est clair que je suis en bas de tableau, j’ai le 21e rang sur les 23 concurrentes engagées. Au vu de ma saison, je suis très heureuse d’être là. C’est une très bonne opportunité pour moi, mes premiers Mondiaux. Je n’ai vraiment rien à perdre, et tout à aller chercher. Je suis en position de chasseuse, ce que je préfère !
« De loin, on ne voit que les résultats, et pas cette face cachée du haut niveau »
Cette participation aux Mondiaux est d’autant plus une récompense, après des derniers mois assez difficiles ?
Après les championnats d’Europe d’Istanbul (abandon sur blessure à la cheville), ça a été compliqué. J’étais vraiment gênée physiquement, et c’était difficile mentalement. Ça n’allait pas. C’est une chose d’arriver à haut niveau, c’en est une autre d’y rester. Il y a beaucoup d’attentes, et les grandes performances ont tendance à être banalisées. On attend souvent de nous qu’on puisse réitérer nos meilleures perfs à chaque sortie, mais ça ne marche pas comme ça. J’étais dans la partie plus sombre du sport de haut niveau. Je pense que c’est important d’en parler. De loin, on ne voit que les médailles, les résultats, et pas cette face cachée.
Qu’est-ce que cela a changé dans votre manière d’aborder la saison en extérieur ?
Mentalement, ça a été une passe difficile. On a dû revoir toute la programmation qu’on s’était fixée avec mon coach. On n’est pas mariés au plan d’entraînement, le but c’est de s’adapter. On a tout misé sur une qualification via le ranking. L’objectif était de tout faire pour être en forme le jour J, ce week-end. J’ai été réaliste avec moi-même, je savais que dans ces conditions, je n’étais pas au niveau pour aller chercher les minimas. C’était un coup de poker et ça a marché.
« J’avais fait mon calcul de mon côté… »
Votre sélection était un peu spéciale, puisque vous avez été invitée par World Athletics pour votre ranking. Invitation ensuite validée par la FF Athlétisme. Comment avez-vous appris que vous serez du voyage ?
D’abord, j’ai attendu. Je savais que ça allait se jouer à pas grand-chose… J’avais fait mon calcul de mon côté, je savais que pouvait potentiellement passer. Mais on attend toujours d’avoir notre nom annoncé officiellement. Il y a eu beaucoup de désistements, comme la Polonaise Adriana Sulek, ou la double championne olympique et du monde Nafissatou Thiam. C’est pour cette raison qu’on se retrouve à trois Françaises sur l’heptathlon. Je suis très contente, j’ai hâte de me faire ma place sur un grand championnat, parmi les grandes !
Sur la route de Budapest, il y a eu les championnats de France. Qu’en tirez-vous ?
Les championnats de France m’ont servi d’étape pour faire des réglages et prendre des repères. Je manquais de fraîcheur et de confiance en moi pour m’exprimer, très clairement. Je m’étais beaucoup entraîné, avec ma rentrée en compétition décalée. Forcément, j’étais très déçue, et je perds mon titre. Mais la vérité d’un championnat n’est pas celle de celui qui vient après. Je suis vraiment confiante pour la suite et pour ces Mondiaux.