Léonie Cambours : « Les Jeux ne sont plus seulement un rêve, mais un objectif »

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Auréolée d’un sacre de championne de France de pentathlon, Léonie Cambours (21 ans) a été sélectionnée pour les Mondiaux en salle à Belgrade en mars dernier. Une première expérience à ce niveau pour celle qui incarne la relève française des épreuves combinées. Avec son entraîneur Wilfrid Boulineau, lui-même ancien athlète olympique, la Normande file tout droit vers les JO de Paris, et au-delà…

Tout d’abord, comment êtes-vous venue à l’athlétisme, puis aux épreuves combinées ?

J’ai commencé l’athlétisme à huit ans, un peu par hasard, pour suivre mes copines. Puis j’ai commencé les épreuves combinées après avoir rencontré mon entraîneur actuel, Wilfrid Boulineau. C’est lui qui m’a amenée vers ces disciplines et a décelé en moi un profil d’heptathlonienne. Je suis sérieusement focalisée dessus depuis 2017.

Forcément, à vos débuts, vous avez dû découvrir ou redécouvrir de nouvelles disciplines. Comment ça s’est passé ?

Le javelot, les haies, le demi-fond… ce sont des disciplines que je ne pratiquais plus ou presque pas ! J’étais plus sur les sauts, en longueur et en hauteur. C’est encore mon point fort aujourd’hui. J’ai dû réapprendre, et retrouver de la « caisse », du cardio. Mais j’ai vite progressé, et ça m’a donné la motivation nécessaire pour continuer. Il me reste encore des progrès à faire dans les lancers, de poids et de javelot, mais je m’améliore ! Aujourd’hui, je peux dire que je m’y épanouis.

Vous revenez à peine des championnats du monde en salle (à Belgrade, du 18 au 20 mars). Vous vous attendiez à être déjà appelée en équipe de France seniors, à seulement 21 ans ?

En début de saison, ce n’était pas du tout un objectif. D’autant plus que je suis encore cette année chez les Espoirs. Au fur et à mesure de la saison, j’ai vu que j’arrivais à faire des performances qui pouvaient me permettre de prétendre à une qualification, et qu’il y avait peut-être une petite chance… Cette sélection, c’était vraiment une bonne surprise. Là-bas, c’était juste incroyable. Je n’avais jamais connu ça, c’était largement un cran au-dessus des compétitions internationales auxquelles j’ai déjà participé avec les Espoirs.

« Un pas dans la cour des grands »

Votre performance à Belgrade, c’est une satisfaction ? Une place en finale, septième au total, c’est à la hauteur de vos attentes, d’autant que vous étiez arrivée sans pression ?

De base oui, mais je me suis quand même mis la pression ! L’enjeu était important, je voulais faire du mieux possible. C’était un pas dans la cour des grands ! J’étais contente, parce que j’ai plutôt bien performé. J’aurais voulu faire mieux, en termes de total de points, ainsi que sur le poids et la longueur. Mais c’est difficile d’être parfaite sur les deux jours de compétition, et ça s’est bien passé pour moi sur les autres épreuves.

Une des performances qui vous a ouvert les portes pour ces Mondiaux, c’est ce titre de championne de France, en début de saison 2022 à Miramas. Cette fois c’était différent, vous étiez favorite…

J’avais déjà fait des performances qui me permettaient de viser la qualification pour Belgrade, mais ce titre a confirmé ma forme et ma confiance. Les années précédentes, j’arrivais plutôt en toute discrétion. Cette fois-ci, il y avait beaucoup d’attentes autour de moi, j’étais plus observée ! Je savais aussi que je jouais ma place aux Mondiaux, alors les émotions ont parfois pris le dessus.

« Pour performer, il faut savoir se lâcher sur la piste »

En début d’année 2022, vous avez donc connu une grosse période de compétition. C’est pour cette raison que vous avez décidé de mettre en pause les études ?

En juin, j’ai eu ma licence STAPS, et depuis septembre, je ne me consacre qu’à l’athlétisme. Enfin presque, je suis aussi une formation à distance d’écrivain public, quelque chose qui me sera toujours utile plus tard. C’était un choix de ma part de ne pas continuer sur un master en STAPS. J’ai préféré faire ma licence en trois ans, avec peu d’aménagements, et faire un break ensuite. En conciliant sport et études, c’est très difficile de faire les deux à 100%. Je pense que j’ai pris la bonne décision.

Lors d’une interview en 2020, vous disiez avoir connu un vrai échec sportif deux ans auparavant. Vous pouvez nous dire ce que c’était ?

Oh, ça remonte ! Après avoir commencé les épreuves combinées, j’ai eu une période un peu compliquée : tout fonctionnait à l’entraînement, mais je n’arrivais pas à le reproduire en compétition. J’avais du mal à faire sortir ce côté guerrier, compétitif, et à gérer la pression. J’ai connu plusieurs échecs, et cette année 2018 a été comme un électrochoc. Bien sûr qu’il faut le physique, la technique, mais le mental est indispensable, il faut savoir se lâcher sur la piste. Depuis, j’ai amélioré ma confiance en moi, je me suis débloquée à ce niveau-là. Je ne suis pas suivie par un préparateur mental ou autre, c’est principalement avec mon entraîneur que ça se passe.

Justement, parlons de votre entraîneur, Wilfrid Boulineau. En tant qu’ancien athlète olympique, son expérience est précieuse pour votre objectif d’aller aux JO ?

Ça fait maintenant cinq ans que je travaille avec lui, et on a une super relation. On est vraiment une équipe, on perd et on gagne à deux. Ce que je suis en train de vivre, il l’a déjà vécu. Souvent, je n’ai même pas besoin de parler, il comprend très bien ce que je ressens. C’est vraiment un plus.

« Je vise 2024, avec 2028 en tête »

Les Jeux olympiques, c’est quelque chose qui vous fait rêver depuis longtemps ?

Oui, j’en rêve depuis toute petite. Désormais, ce n’est plus seulement un rêve, c’est vraiment un objectif réaliste et concret. 2024 va arriver très vite, c’est dans à peine deux ans maintenant ! J’y pense tout le temps, tous les jours je sais que ma préparation sert à m’amener vers ces Jeux à Paris. C’est d’autant plus motivant que ce soit en France. Dans un coin de ma tête, je pense aussi à 2028, puisque je serais plus dans l’âge de maturité dans ma discipline.

D’ici les Jeux, quels sont les grands objectifs ?

La première grande échéance, ce sont les championnats d’Europe à Munich [du 15 au 21 août, NDLR]. C’est ce pour quoi je me prépare depuis le début de la saison, l’objectif premier. Avant cela, en juillet, il y aura peut-être les championnats du monde [à Eugene aux Etats-Unis, du 15 au 24 juillet, NDLR]. Ça sera peut-être un peu juste pour se qualifier, mais finalement c’est aussi ce que je me disais pour Belgrade, et c’est passé ! Je ne me ferme pas de portes. J’ai hâte de voir la suite !

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