Les voyants sont au vert pour la balle orange

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Les vendredi 21 et samedi 22 avril, l’Accor Arena de Paris sera à nouveau le théâtre des finales de Coupes de France. Un rendez-vous incontournable qui réunit basketteurs amateurs et professionnels. L’occasion de faire le point sur l’état de santé du basket français à moins de 500 jours des Jeux de Paris 2024.

Près de 700 000 licenciés

Le basket français s’approche doucement de la barre des 700 000 licenciés qu’il avait franchit pour la première fois lors de la saison 2018/2019 (710 970). Mi-mars, près de 690 000 pratiquants étaient affiliés à la FFBB. Après le trou de la période Covid, la discipline est repartie du bon pied. « On en est à 589 000 licenciés pour la compétition, précise Jean-Pierre Hunckler, le premier vice-président de la FFBB, auxquels il faut ajouter 100 000 licenciés hors compétition. C’est-à-dire les personnes qui prennent des pass pour les tournois 3X3 ou encore les opérations dans les écoles. Rien que pour la compétition, on progresse de 13% par rapport à la saison passée où on était déjà en progrès de 24%. » L’accalmie sur le plan sanitaire n’explique pas tout. La dynamique plaide pour la balle orange. « On a dépassé notre record de licenciés en compétition qui datait de 2016 », complète l’élu. 34% des licenciés sont des femmes. Une proportion identique à celle de la saison passée. Avec le handball, le basket est le sport collectif français où la proportion de licenciées est la plus importante même si, en valeur absolue, le foot reste en pole.

Le coup de booster du basket 3X3

La FFBB avait senti la vague arriver et s’est donné les moyens de fédérer autour du 3X3. « Le 3X3 en France, c’est 2,5 millions de pratiquants ! avance Jean-Pierre Hunckler. Il y a des gens à aller chercher, y compris chez les quarantenaires. C’est-à-dire ceux qui ont arrêté les championnats en raison des contraintes mais veulent continuer sur des tournois ou du 3X3. » La FFBB avait lancé, dès 2017, un vaste plan pour construire ou rénover des terrains en extérieur. « C’est un bon moyen de découvrir le basket pour les jeunes. La labellisation par la Fédération permettait d’obtenir des subventions. Nous, on finançait les panneaux de basket. Cela a permis de réhabiliter pas mal de terrains. On en est aujourd’hui à 450-500 terrains réhabilités ou construits neufs. Nos très bons résultats internationaux sur le 3X3 ont aussi pesé. » Dans la lignée des équipes de France de 5X5, les Bleus du 3X3 ont fait fort ces dernières années. Les femmes sont les actuelles championnes du monde et d’Europe alors que ces messieurs ont décroché le bronze aux Mondiaux l’année passée.

Des salles qui ne désemplissent pas

On le constatera encore les vendredi 21 et samedi 22 avril à l’Accor Arena avec les finales de Coupes de France où 15 000 spectateurs sont attendus le second jour. Les compétitions domestiques se portent très bien dans l’Hexagone. « On bat des records en Betclic Elite mais aussi en ProB. Chaque fois qu’un match de Betclic Elite est délocalisé dans une arena, les records de spectateurs sont battus. On l’a vu récemment avec Nanterre contre l’Asvel à la Paris La Défense Arena. C’était aussi le cas avec Paris-Levallois contre l’Asvel à l’Accor Arena devant plus de 11 000 spectateurs. A Roland-Garros, le Paris-Levallois avait aussi fait plus de 10 000 spectateurs. Aujourd’hui, si on avait les structures, des clubs seraient en capacité, sur des grosses affiches, de faire entre 9 000 et 10 000 spectateurs », salive Jean-Pierre Hunckler.

Le dimanche 12 mars entre Nanterre et l’Asvel, c’est tout simplement le record de spectateurs en Betclic Elite et ses équivalents qui a été battu avec 16 319 fans. 15 des 18 clubs de Betclic Elite ont un taux de remplissage d’au moins 80% et la barre symbolique du million de spectateurs pourrait être franchi en fin d’exercice. A l’issue des 153 matchs de la phase aller, les salles ont accueilli 564 000 spectateurs. Aux étages du dessous, des clubs sont aussi dotés d’outils performants tels Orléans en ProB qui a pris possession de la Co’Met, le nouveau complexe événementiel de l’agglomération, le 1er avril face à Angers. « Poitiers est aussi un bon exemple avec la nouvelle salle du Futuroscope. C’est un club qui, en Nationale 1 masculine, est capable de faire 4 000 à 4 500 spectateurs. »

Le phénomène Victor Wembanyama

Il n’est pas l’unique responsable du bon taux de remplissage des salles mais on ne peut nier l’impact de Victor Wembanyama sur la bonne santé du basket français. A 19 ans, le probable numéro un de la prochaine draft NBA est la locomotive qui peut faire entrer le basket hexagonal dans une autre dimension. « J’ai récemment entendu dire qu’en France, on a trois joueurs d’exceptions dans trois sports collectifs majeurs, assène Jean-Pierre Hunckler. Il y a Kylian Mbappé en football, Antoine Dupont au rugby et donc Victor Wembanyama. Pour le basket français, c’est une chance inouïe. Il faut savoir en profiter. On a besoin d’icônes pour faire rêver les jeunes. » A charge pour le gaillard de 221 centimètres d’entraîner les Bleus dans son sillage. Comme l’ont fait d’autres joueurs de talent avant lui.

Après la génération de Tony Parker et Boris Diaw désormais retirée des parquets puis celle de Rudy Gobert et Evan Fournier qui fait les beaux jours des Bleus actuellement, celle de Victor Wembanyama ne demande qu’à entrer en scène. « Toutes ces générations qui se succèdent, c’est le résultat de notre travail de formation depuis les clubs jusqu’au plus haut niveau, appuie Jean-Pierre Hunckler. On est aujourd’hui l’un des meilleurs pays au monde pour la formation des jeunes joueurs. Cela nous permet d’avoir une rotation et des nouvelles générations qui arrivent régulièrement. Victor, c’est une opportunité extraordinaire. Comme a pu l’être chez les femmes Céline Dumerc pour le 5X5 et l’est actuellement Laëtitia Guapo pour le 3X3. »

Des clubs en bonne santé financière

Il y a les mastodontes Monaco et Asvel qui gonflent les chiffres mais malgré cela, les budgets des clubs de Betclic Elite suivent une courbe ascendante. Les budgets prévisionnels des 18 clubs de l’élite masculine étaient de 6,8 millions d’euros en moyenne en début d’exercice (+8% par rapport à 2021/2022) alors que la médiane s’établissait à 5,8 millions d’euros (+12%). Le club de la Principauté, solide sur le front de l’Euroligue, affiche ainsi une enveloppe à 20,7 millions d’euros (+47% par rapport à la saison passée !) et celui de Tony Parker de 15,7 millions d’euros (+5%). « Il y a de la disparité entre les clubs, admet Jean-Pierre Hunckler, mais l’important, c’est que tous les clubs sont à peu près sains. Si on détaille le déficit des clubs de Betclic Elite et qu’on enlève le dossier de Pau-Lacq-Orthez, tous les clubs sont bénéficiaires. Nos clubs sont globalement bien gérés et capables de faire progresser leurs budgets, tout en restant financièrement positif. » Des vertus qui s’appliquent aussi aux étages inférieurs. Chez les hommes comme chez les femmes. « En Ligue féminine, on retrouve, là encore, des disparités. Bourges, l’Asvel et Basket Landes sont devant mais tous les clubs progressent et sont dans le vert. » Et en dessous ? « Il y a dix ans, la Ligue féminine 2 était en grand danger financier. Grâce au travail effectué et aux règles mises en place, les douze clubs sont désormais très sains financièrement », glisse Jean-Pierre Hunckler qui est aussi le trésorier de la FFBB.

Par Stéphane Magnoux

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