La Commission des athlètes de haut niveau du Comité national olympique sportif français adresse une lettre ouverte aux autorités sportives et politiques pour exprimer leur sidération au sujet des mutilations forcées des athlètes hyper-androgènes et intersexes.
« Choqués, émus, indignés, interloqués ! Ce sont les sentiments que nous, athlètes de la CAHN (Commission des athlètes de haut niveau du Comité national olympique), avons éprouvés lorsque nous avons pris connaissance des images diffusées sur France 3 le 30 septembre dernier. À l’heure même des Mondiaux d’athlétisme de Doha, nous avons tenu à visionner en entier le reportage réalisé par la chaine allemande ARD. Notre stupeur a été croissante devant les exactions subies par des jeunes femmes, athlètes hyper-androgènes ou intersexes de différentes nationalités, qui ont été poussées à subir de véritables mutilations sexuelles.
Des mutilations qui les ont gravement mises en danger et ont affecté leur santé physique et mentale pour le reste de leurs vies. Des mutilations qui semblent commanditées par ceux-là même dont la mission est de les protéger, de nous protéger. Au-delà d’avoir perdu leur droit à exercer leur passion, ces athlètes ont perdu leur droit de travailler. En plus d’avoir perdu leur identité, elles endurent quotidiennement un corps mutilé. Certaines, murées dans une honte injuste, abandonnées sans suivi médical et privées de tout soutien psychologique, ont frôlé la mort. Nous exprimons notre soutien et notre solidarité avec ces athlètes qui souhaitaient simplement pouvoir pratiquer leur sport et participer à des compétitions internationales. Nous souhaitons qu’une pleine lumière soit faite sur les faits présentés dans ce reportage et, si les faits sont confirmés, que les responsables soient poursuivis en justice afin qu’ils aient à répondre de leurs actes.
Certaines opérations sembleraient avoir eu lieu sur le territoire français et auraient été pilotées par des médecins français, sous couvert de la Fédération internationale d’athlétisme ! Comment la France, pays des Droits de l’Homme, membre fondateur des Nations unies et qui accueillera en 2024 les Jeux olympiques et paralympiques, pourrait-elle être le théâtre de ce genre de pratiques dans la plus totale indifférence ? En tant qu’athlètes olympiques français élus par nos pairs, en activité ou retraités, fervents défenseurs des valeurs humanistes du sport, nous ne pouvons pas nous taire, nous ne pouvons pas fermer les yeux. Nous attendons des réponses claires.
Monsieur le Président de la Fédération Internationale d’Athlétisme,
Nous vous demandons des explications publiques sur les pratiques révélées dans ce reportage, en particulier sur les liens entre ces mutilations forcées et les critères hormonaux régissant la participation aux épreuves féminines d’athlétisme que vous avez imposés. Ces expérimentations médicales, si elles sont avérées, visent à solutionner de manière immorale et violente une « iniquité physique » entre des athlètes dépassant un certain taux d’hormones et d’autres entrant dans une norme toute relative. Nous vous demandons de vous engager à ne plus proposer d’opérations ni de traitements hormonaux comme condition pour concourir. Nous vous demandons de respecter les droits humains et de protéger la santé des athlètes. Nous attendons des autorités qui ont le devoir de nous protéger qu’elles assument leurs responsabilités.
Monsieur le Président du Comité International Olympique,
Nous vous demandons de prendre position sans attendre en exigeant l’arrêt de ces pratiques ignobles et indignes de la condition humaine. Nous vous demandons de vous assurer que les fédérations internationales et nationales représentées au programme olympique respectent des procédures claires en la matière, en application de la charte olympique et du droit international. Le monde du sport doit avoir le courage de se regarder en face et d’agir pour que cela ne se reproduise plus jamais.
Madame la Ministre de la Santé, Madame la Ministre des Sports,
Nous vous demandons de déclencher sans délai une enquête administrative afin de déterminer si, oui ou non, des médecins français, pratiquant sur le territoire français dans des hôpitaux français, participent à des expérimentations scientifiques sur des athlètes hyper-androgènes ou intersexes aboutissant à des gonadectomies réalisées sans aucune information préalable, sans suivi post-opératoire et mettant en danger leur santé. Et de déterminer si, oui ou non, ces pratiques ont été réalisées avec le soutien voire l’encouragement de responsables du sport international, notamment de la Fédération Internationale d’Athlétisme. Dans l’affirmative, nous souhaitons que toutes les procédures disciplinaires et judicaires soient engagées pour que justice soit rendue. Nous souhaitons également que la question du traitement des personnes hyper-androgènes et intersexes soit davantage encadrée et régulée par les pouvoirs publics et que ceux-ci s’assurent de leur respect par les instances dirigeantes du sport.
Ces femmes sont des êtres humains et des athlètes de haut niveau, comme nous. Nous partageons avec elles la même passion pour le sport et ses valeurs. Valeurs qui dépassent les frontières et font vibrer le cœur de millions de supporteurs. Leur santé et leur avenir sont en danger. L’image du sport est une nouvelle fois salie. Les Droits de l’Homme et la dignité humaine sont bafoués. Mesdames, Messieurs, nous vous demandons donc d’agir ! »