Ligue 2 – Jean-Pierre Scouarnec : « C’est une cellule de crise au quotidien ! »

Actuel 14e de Ligue 2, l’USL Dunkerque a connu un intense baptême du feu, entre matches décalés ou menacés et l’ombre de la Covid-19. L’occasion de faire le point avec Jean-Pierre Scouarnec, président du club.

Vous êtes 14e de Ligue 2, qu’avez-vous tiré comme enseignements de cette première partie de saison ?
Quand on arrive en Ligue 2, on arrive dans un monde pro que l’on ne connaît pas. Cela faisait 24 ans que nous n’étions pas revenus dans ce championnat donc c’est une vraie découverte. Nous découvrons les rouages du monde professionnel, le fonctionnement de la Ligue etc… Nous devons apprendre, vite, et appréhender ce championnat de la meilleure des manières mais ce n’est pas facile. Nous pensions arriver en Ligue 2 avec toutes les chances de notre côté, avec l’arrêt du championnat de National nous avons pu créer des fonds propres qui nous auraient permis de bien survivre. Ensuite, les droits TV nous auraient permis d’avoir des revenus plus conséquents que ceux auparavant. Enfin avec l’arrivée d’un investisseur franco-américain, qui devait investir à hauteur de 60% dans la société et dégager des liquidités nous permettait de voir les choses d’un très bon œil. Mais nous avons vite appris à déchanter, rien ne s’est fait !
Non pas sur le plan sportif car les résultats sont là mais à côté, au niveau du développement du club,
tous ces coups durs successifs nous ont mis en difficulté. Avec tous ces points-là, mis bout à bout, ce n’est plus un apprentissage, c’est une cellule de crise au quotidien ! Nous sommes, comme tous les clubs français en ce moment, embourbés dans les droits TV. Nous avons vite compris que nous ne toucherons plus grand-chose de la LFP, nous avons dû trouver des solutions, et vite ! Nous avons dû prouver à la DNCG (Direction National du contrôle de gestion, ndlr) qu’il n’y avait pas de risque de faillite mais le club aura des dettes. Tous les clubs français sont dans une situation alarmante.
 
La ligue 2 est-elle un championnat à part ?
Sur le plan sportif, oui. C’est un championnat qui a tendance à ressembler au National mais avec une qualité technique et des équipes nettement supérieures. On peut tout simplement diviser le
championnat en deux. Les dix premiers vont se battre pour accéder à la Ligue 1 et les dix derniers vont eux se battre pour rester en Ligue 2. Aujourd’hui, hormis Chambly et Dunkerque, la quasi totalité des autres clubs du championnat ont déjà évolué en Ligue 1. Ils ont donc plus de moyens, ont pu créer de plus grosses structures, leurs équipes sont donc plus compétitives. Pour arriver à rivaliser avec ces équipes-là, la seule solution c’est la formation.
 

 
Quels sont vos objectifs sur le court et moyen terme ?
L’objectif premier est de rester en Ligue 2 et ne jamais se retrouver dans les 3 derniers. Jusqu’à maintenant, les résultats sont là et cela se passe bien. Nous voulons aussi produire et donner naissance à un centre d’entrainement Le projet est en cours, la partie terrain est déjà terminée et pour tout ce qui est vestiaires et locaux, tout sera terminé à la fin de la saison. Nous voulons aussi mettre en place un centre de formation. Nous sommes en phase d’être homologué. Nous voulons le mettre en service la saison prochaine et normalement être homologués pour la saison 2022/2023. C’est en projet mené conjointement avec la communauté d’agglomérations. Nous aurions aussi aimé développer un réseau de recrutement post-formation. C’est-à-dire repérer des jeunes qui sont capables de jouer en Ligue 2 mais avec la crise que nous traversons, ce projet a été ralenti.
 
Est-ce difficile d’exister avec une telle densité de clubs professionnels dans le Nord ?
Dunkerque est le club qui a été le plus longtemps en deuxième division. Nos voisins ont toujours existé et nous nous y sommes habitués. Nous sommes capables dans le Nord d’avoir une densité de clubs professionnels ou quasiment professionnels sur un territoire qui est assez grand. Nous retrouvons cela en Bretagne. C’est alors possible d’exister puisque chacun à une implantation territoriale et nous continuons de nous développer sur l’ensemble du territoire au niveau du sponsoring. Il n’y a pas de problématique de pouvoir dans un territoire comme les Haut-de-France.

Propos recueillis par Arthur Glory
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