Lisa Barbelin s’apprête à participer aux championnats d’Europe de tir à l’arc en extérieur, du 6 au 12 juin, à Munich (Allemagne). Titrée l’an dernier, également en or en salle, la Tricolore progresse à une vitesse fulgurante. À 22 ans, elle rêve forcément d’or à Paris en 2024.
Lisa, comment abordez-vous cette nouvelle saison en extérieur ?
J’ai évidemment pour ambition de conserver le titre de championne d’Europe. Même si conserver n’est pas forcément le bon terme… Je dois aller conquérir ce titre, qui est un objectif très important. Par rapport à l’an dernier, je pense que je vais aborder cette compétition dans un état d’esprit différent. J’ai très envie de laisser de côté ce titre acquis l’an dernier et de tout remettre en jeu. C’est ce qui me caractérise : j’aime bien remettre les compteurs à zéro avant chaque début de saison… avant chaque début de compétition aussi (rires) ! Il est capital à mes yeux de ne pas me reposer sur mes lauriers, de me montrer conquérante sur chaque événement et de prouver à mes concurrentes que je suis là pour gagner. Pour ces championnats d’Europe, on verra ce que ça va donner. J’espère que ça me mènera de nouveau vers le titre.
Vous parlez de remettre les compteurs à zéro. C’est d’autant plus vrai que vous disposez désormais d’un nouveau coach…
En effet, nous sommes désormais coachés par Oh Seon-Tek. C’est un entraîneur coréen très connu dans le monde du tir à l’arc. L’objectif va donc être de trouver nos marques et de mettre en place les bonnes choses pour nous permettre de performer aux Jeux de Paris en 2024. Ce que j’attends de lui, ce sont des bases techniques plus importantes. Je pense qu’on peut s’améliorer dans tous les domaines, mais il est vrai qu’avec de meilleures bases techniques, la progression sera au rendez-vous. C’est ce qui peut me permettre de m’installer durablement au plus haut niveau.
« 2024, c’est de l’excitation plus que tout »
Deux ans de travail avec ce nouveau coach, est-ce suffisant en vue des JO ?
C’est suffisant à condition de mettre la bonne volonté, de travailler d’arrache-pied tous les jours. Nous sommes désormais à moins de 800 jours des Jeux, et chaque journée compte. Je ne sais pas combien de flèches il faudra tirer pour être prête le jour J, peut-être plus de 100 000 d’ici 2024. Peu importe la durée pour laquelle le nouveau coach sera là, le plus important, c’est de se lancer à fond et de croire en ce que nous voulons mettre en place. Et surtout de croire à notre objectif qui est de décrocher une médaille à domicile dans deux ans. 2024, c’est de l’excitation plus que tout. Je ne ressens pas du tout d’appréhension par rapport à la pression ou au fait que je sois plus attendue au fil des mois et des années. Ce rendez-vous à domicile, ce sera 1000 fois de l’excitation.
Qu’est-ce qui a déjà évolué dans votre façon de travailler ?
Il est clair qu’on a changé pas mal de choses. L’évolution concerne surtout le volume d’entraînement. On reste à six jours sur sept d’entraînement, mais le volume de flèches tirées est beaucoup plus important. La préparation physique est également différente. Maintenant, c’est très axé sur le relâchement de chaque geste, mais aussi l’aisance, la fluidité, la simplicité. On bosse beaucoup sur le cardio. Avant, on faisait des cycles avec des fractionnés. Désormais, on court de longues distances par exemple. C’est une méthode de travail différente, mais c’est super, c’est toujours positif de voir différentes méthodes.
« Les Jeux de Tokyo, c’était une compétition merveilleuse »
Une méthode qui a déjà porté ses fruits, avec une très belle saison en salle…
Il est vrai que ma saison en salle a été très bonne. Je suis allée chercher ce titre de championne d’Europe qui faisait partie des grands objectifs de ma saison. Décrocher ce titre européen, sachant que je l’avais déjà en extérieur, c’était forcément dans un coin de ma tête. Je voulais aussi améliorer le record de France en salle. J’ai réussi à accomplir ces deux objectifs dans la même saison et ça, c’est forcément très positif. Je suis contente que ça arrive maintenant. Désormais, place à la saison en extérieur. Comme je l’ai dit, on repart de zéro.
Vous avez pris part aux derniers JO de Tokyo, avec une élimination en 32es de finale. Comment avez-vous vécu ces Jeux olympiques ?
Les Jeux de Tokyo, c’était une compétition merveilleuse. C’est quelque chose que je souhaite à tout sportif de vivre un jour. Je trouve que ça change une vie. Je m’entraîne en structure depuis septembre 2015 pour arriver à cet objectif, prendre part à des Jeux olympiques. Y parvenir après tant d’années d’entraînement était donc un moment merveilleux. Malheureusement, sur le plan sportif, ça s’est arrêté plus tôt que prévu, mais ça va quand même m’apporter beaucoup de choses pour la suite de ma carrière.
« C’est merveilleux d’avoir tout cet amour autour de moi »
Est-ce un rendez-vous qui vous a changé en tant qu’archère ?
Toute expérience est très bonne à prendre et c’est vrai que l’expérience des Jeux olympiques, c’est puissance 1000 par rapport à tout ce que j’ai vécu jusqu’à maintenant. Il est important de savoir regarder en arrière et de voir ce qui était bon et moins bon pour continuer à avancer. Je sais que les Jeux olympiques m’ont beaucoup servi dans ma fin d’année dernière et dans cette saison en salle qui s’est avérée très positive.
Participer aux JO, c’est aussi être plus attendue désormais. Comment ressentez-vous cette pression ?
Peut-être que je suis plus attendue, mais je n’ai pas envie d’y prêter une quelconque attention. Je préfère me concentrer sur ma performance sportive, de faire ce que j’aime chaque jour de ma vie. Tant mieux si ça marche. Pour éviter de penser à cette pression, j’ai la chance d’avoir des gens autour de moi qui me soutiennent, c’est mon oxygène. C’est ultra important pour moi, ils sont là, ils peuvent m’aider, je peux leur rendre la pareille aussi. C’est merveilleux d’avoir tout cet amour autour de moi. Parfois, ça me permet aussi de sortir toutes ces flèches de mon esprit (rires).
Vous n’avez que 22 ans. Les études arrivent-elles à se faire une place au milieu de toutes ces flèches ?
Pour le moment, je dirais que oui (rires). Mais je ne sais pas encore dans quel sens ça va aller pour l’année prochaine. J’ai eu mes derniers partiels au mois de mai, donc je suis plutôt tranquille en vue des compétitions à venir. Pour l’année prochaine, la question ne s’est pas encore posée. Avec l’augmentation du volume d’entraînement, ça va forcément devenir un peu plus compliqué !
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