Lucas Chanavat : « Un nouveau cycle »

23.11.2017, Falun, Sweden, (SWE): Lucas Chanavat (FRA) - FIS world cup cross-country, photoshooting, Falun (SWE). Photo : Modica / Icon Sport

Lucas Chanavat est le numéro un français dans sa discipline du sprint, en ski de fond. Classé 3e du sprint des derniers championnats du monde, celui qui est également membre de la MGEN-Académie a accepté de répondre à nos questions, en pleine préparation de sa nouvelle saison…

 

Lucas, c’est actuellement l’intersaison pour tous les skieurs. Comment se passent ces longs mois d’été pour un athlète de sport d’hiver ?

En ski de fond, c’est la période où l’on fait le plus gros du travail de préparation physique. Nous avons attaqué depuis début mai environ, et l’on s’entraîne quotidiennement jusqu’à fin septembre. Pour donner un ordre d’idée, on tourne entre quatre-vingt-cinq et quatre-vingt-dix heures d’entraînement par mois. Ce qui représente des journées comportant deux séances de deux heures chacune, avec obligatoirement une journée de récupération par semaine.

Le sprint est une discipline assez particulière. Y a-t-il des points spécifiques sur lesquels s’oriente principalement votre préparation ?

Évidemment, il y a quelques critères sur lesquels on va insister. Par exemple, on va plus chercher à travailler sur la résistance à l’acide lactique et le développement de la puissance. Mais ce sont des choses que l’on développe bien plus en automne, où l’on affine vraiment nos entraînements. Sinon, le « gros » du travail est axé sur celui d’un athlète qui fait de la distance. On fait beaucoup, beaucoup d’heures, et c’est à nous de savoir nous en servir, de les réutiliser et les transformer pour le sprint.
« Je vis de mon sport pour la première fois »

Votre opération d’une hernie discale en 2014 vous oblige-t-elle à adopter des séances spécifiques d’entraînement par rapport à d’autres athlètes ?

C’était le cas au début. Après mon opération, j’ai mis un an à revenir au sport. Avec mon coach, on a alors calculé nos plans sur un cycle de 4 ans, jusqu’aux JO de l’hiver dernier. La priorité était d’abord de se reconstruire, principalement au niveau de l’endurance. Chaque année, un fondeur fait entre sept cent cinquante et huit cent cinquante heures d’entraînement. Et c’est le cumul de ces années de travail qui fait que l’on progresse dans ce domaine. Avec une année à l’arrêt total, soit zéro heure d’entraînement, il a fallu d’abord retrouver ce fond d’endurance avant de pouvoir passer à la suite. J’ai commencé à bien revenir en 2016 où je fais champion du Monde espoir. L’année suivante, je fais mon retour sur un circuit Coupe du monde sénior où je termine huitième, puis troisième en 2017. Et, si j’ai eu des complications, notamment au niveau de l’adducteur, c’est à partir de l’an dernier que je n’ai véritablement plus eu de gêne au niveau de ma blessure.

À bientôt 24 ans, arrivez-vous à vivre de votre sport ?

J’y suis parvenu pour la première fois cet hiver. En partie grâce à mes sponsors, la MGEN-Académie, mais aussi le team FDJ et le Grand Bornand, ma station d’origine. Mais, ce qui permet surtout d’en vivre et d’avoir un statut professionnel dans mon sport, c’est que je suis désormais un sportif militaire. Je fais partie de l’équipe de France militaire de ski depuis l’automne dernier. C’est encore tout récent !

Les Jeux olympiques ont dû être un tremplin pour vous, que ce soit pour la notoriété ou avec les sponsors…

À vrai dire, pas vraiment (rires). Cela n’a pas changé grand-chose pour moi. J’avais les mêmes sponsors avant la compétition.
« Le général, c’est ce qui représente un athlète »

En parlant des JO… Il y a six mois, vous aviez déclaré que votre 34e place était difficile à expliquer. Et désormais ?

Je ne veux pas mettre cela sur le compte d’un quelconque phénomène, mais je pense que je n’ai pas été très chanceux avec les conditions météo. Par exemple, il y a eu d’énormes rafales de vent au moment de mon départ. Le chronomètre métallique est tombé juste avant que je parte. Je n’ai pas réussi à passer au-delà, j’étais perturbé. Celui qui a été champion olympique (le Norvégien Johannes Høsflot Klaebo, NDLR) est passé juste derrière moi et lui n’a pas été particulièrement troublé (rires). Mais, honnêtement, je n’avais pas trop de chances de médailles sur ce format. Là où j’en avais vraiment, c’était sur le team sprint.

Quels sont vos prochains grands rendez-vous ?

Les Championnats du monde, l’hiver prochain à Seefeld (Autriche). C’est une piste que j’affectionne plutôt bien, puisque j’y ai fait un podium l’an dernier. J’ai terminé deuxième derrière le champion olympique.

Après une troisième place au général du sprint de la Coupe du monde 2017, on imagine que vos ambitions seront très élevées pour cette nouvelle saison…

Exactement, plus d’ambitions pour cette année avec un calendrier qui me convient bien. J’ai vraiment à cœur d’être fort au classement général, car j’estime que c’est ce qui représente un athlète, surtout en sport d’hiver. Je veux au minimum me maintenir par rapport à l’an dernier, mais j’aimerais vraiment progresser.
L’envie de partager

Même si ce n’est pas pour tout de suite, les prochains Jeux olympiques doivent aussi être dans un petit coin de votre tête…

Oui, justement, c’est vraiment le format qui me correspond le mieux. Alors je repars sur un cycle de 4 ans où je vais mettre toutes les choses en perspective pour être performant à ce moment-là. C’est un véritable objectif !

Dans votre vie il y a le sport, mais aussi ce qu’il l’entoure, comme la MGEN-Académie. Si vous deviez décrire ce que ça vous apporte ?

Un énorme soutien ! C’est avant tout beaucoup d’échanges, avec des personnes que j’apprécie personnellement. Tous les sportifs qu’il y a sont accessibles et ouverts. Nos parrains (Martin Fourcade et Marie-Jo Perec, NDLR) les premiers ! Bon… je suis plus proche de Martin Fourcade avec le côté hiver (rires). Mais ce sont tout de même beaucoup de contacts qui se font, de partages d’expérience. Au-delà du côté sponsor, c’est vraiment la notion d’échange qui ressort.

Cette période sans compétitions peut également être l’occasion de vous consacrer à vos autres passions, comme la photographie…

Oui, je suis passionné de photographie, mais surtout de vidéo à la base. La photo c’est plus rapide. Cela prend moins de temps pour sortir l’appareil où je veux, quand j’ai une idée pour faire une photo originale. Je trouve cela assez sympa comme moyen pour partager mon sport, vu que je ne fais pas une discipline extrêmement médiatisée. Alors, si nous les athlètes pouvons contribuer à ce partage, c’est vraiment intéressant de pouvoir le faire.

Par Maxime Charasse
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