Lucile Razet : « Les Mondiaux, un vrai challenge à relever »

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Atteinte de la maladie de Stargardt, Lucile Razet espère être sélectionnée pour les championnats du monde de para-athlétisme de Paris (8 au 17 juillet). La spécialiste du 400 m de 22 ans (T13) se projette avec l’envie de se surpasser. 

Déjà, comment vous vous sentez actuellement ? 

Bien (sourire). Les entraînements se passent bien. Je suis en école de kiné, j’ai eu une grosse période de stage de janvier à mars. Elle est terminée donc cela me permet d’avoir un peu plus de temps, d’avoir un planning plus facilement modulable pour gérer mes entraînements. J’ai plus de fraîcheur, d’énergie et de bonnes sensations. La motivation est toujours bien présente.

Comment conciliez-vous votre carrière sportive et vos études ? 

Je suis dans une petite école de malvoyants qui ne bénéficie pas d’aménagements pour les sportifs de haut niveau. Dès mon entrée dans l’école, je leur ai présenté mon double projet sport-études. On a tout de suite été très accueillants avec moi, ils ont eu la volonté de me soutenir dans ce projet. Ces aménagements, c’étaient des droits pour m’absenter pour des compétitions, des stages… C’était quand même à moi de rattraper mes cours manqués. Je fonctionne comme cela. Mon quotidien, c’est d’aller en cours la journée et de m’entraîner souvent en fin d’après-midi. La clé, c’est d’être organisé.

Comment abordez-vous mentalement les championnats du monde de para-athlétisme de Paris

C’est une grosse étape. J’ai vraiment envie d’être sélectionnée. Ce seraient mes premiers championnats du monde seniors. Cela veut dire beaucoup. J’ai beaucoup d’envie, c’est un vrai challenge à relever pour moi. Cela serait l’occasion de montrer ce que je vaux et de prouver que je suis à la hauteur pour représenter les couleurs de la France au Stade Charléty. Je connais bien cette piste, car ma première compétition internationale handisport, je l’ai faite dans ce stade. Mon record datant de l’année dernière a été réalisé sur cette même piste donc j’ai de beaux souvenirs là-bas (sourire).

Comment vous préparez-vous jusqu’aux championnats du monde ? 

Continuer mes entraînements, optimiser mon temps pour l’entraînement… Je dois travailler sur mon mémoire, mais c’est quelque chose que je peux faire à distance, utiliser des périodes creuses pour. Je ferai tout pour être la plus performante possible, pour m’exprimer au mieux sur la piste.

On a jusqu’à fin mai pour faire les minima de sélection (400 m : 59s09). Une fois sélectionnée, mon but sera de décrocher la plus belle des médailles. Quand on arrive dans un championnat, on n’est pas juste là pour participer. Ce que je veux, c’est être la meilleure, me surpasser. Sur ces championnats du monde, il y a aussi un 200 m, une distance qui n’existe pas dans ma catégorie au niveau paralympique. Je vais tenter de me qualifier (minima : 28s09).

Courir un 200 m, qu’est-ce que cela change ? 

J’ai appris récemment l’ouverture de cette course. On n’est pas sur les mêmes bases de vitesse entre le 200 et le 400 m. Pour le 400, la vitesse et le sprint doivent être importants. Dans ma programmation d’entraînement, c’était prévu de travailler cela. Le fait de m’aligner sur un 200 m, ce n’est ni surprenant ni aberrant. Au contraire, cela va bien avec le travail que je réalise. Le 200 se couple bien avec le 400 m.

« Les championnats du monde vont permettre de se situer au niveau international »

Vous avez été vice-championne du monde junior en 2019 du 400 m. Que retenez-vous de cette médaille internationale ? 

Il était vraiment particulier ce championnat. J’avais fait 100, 200 et 400 m. Sur les deux premières épreuves, j’avais vraiment réalisé des contre-performances. J’étais tétanisée de stress. C’était ma première compétition avec autant d’ampleur, autant de monde, autant de pays représentés. Je m’étais mis une pression énorme qui m’avait complètement perturbée. Sur le 400 m, je me suis dit que je n’avais plus rien à perdre. Cette médaille était très belle et m’a permis de repartir avec le sourire. C’était mon premier podium international. J’espère revivre la même chose dans la cour des grands.

Les Jeux paralympiques arrivent vite… 

Justement, c’est aussi l’objectif de ces championnats du monde. Une fois sélectionnée, le but sera de montrer qu’on est fort. Les résultats engageront déjà d’éventuelles sélections pour les Jeux. C’est donc le début du chemin vers les Jeux. Les championnats du monde vont permettre de se situer au niveau international parce qu’avec les années covid que nous avons connues, le ranking actuel est assez perturbé. Il y a des athlètes qui n’apparaissent pas parce qu’elles n’ont pas couru, celles qui apparaissent encore alors qu’elles ont arrêté leur carrière… Tout est assez flou. C’est pour moi l’occasion de me situer. L’année dernière, nous n’avons pas eu de compétition. On manque un peu de repères à l’échelle internationale. Les championnats sont un bon moyen de remettre les pendules à l’heure.

Est-ce que vous estimez qu’il s’agit d’une chance pour vous de côtoyer les Jeux aussi tôt dans votre carrière ? 

Depuis que j’ai commencé le haut niveau, on m’en parle de plus en plus. Là ça avance à grand pas. Avant, c’était l’échéance à long terme, maintenant, c’est devenu à court terme. Si on arrive à ce stade de la compétition, ce n’est pas la chance. C’est le résultat d’un long travail. C’est en tout cas l’objectif de la saison d’après. Cela serait grandiose de se qualifier, un rêve. J’ai l’opportunité d’être sélectionnée pour des Jeux paralympiques à la maison à 23 ans. Tout cela accumulé renforce mon envie. Dans la carrière d’un sportif, les Jeux c’est le Graal.

Propos recueillis par Séverine Bouquet 

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