L’USON Nevers Rugby ne veut pas grandir trop vite

L’USON Nevers Rugby, seul club de rugby de Bourgogne-Franche-Comté en Pro D2, connaît un début de saison difficile. Mais Régis Dumange, son président, se concentre en particulier sur le développement du club étape par étape. Interview.

 
Comment jugez-vous les premiers matchs de votre équipe dans cet exercice 2020-2021 ?
Le début de saison est compliqué. Nous avons laissé filer quelques points faciles. Lors de la première journée contre Grenoble, on est passé à côté de la première mi-temps alors qu’on a réussi à les mettre sur le reculoir lors de la seconde. À Aix, on doit gagner plus facilement et à Aurillac, on a dominé de manière territoriale, nous avons pris deux essais en contre. En revanche, l’équipe a pris dix points sur dix à la maison. Il faut attendre les prochains matchs pour savoir si ces échecs à l’extérieur sont des accidents.
 
Est-ce que la situation sanitaire complique votre début de saison ?
Tous les mercredis, on attend les résultats des tests du Covid. Nous avons dû retirer quatre personnes positives alors que le groupe se dirigeait vers Aurillac. Le coach a dû changer l’équipe en court de route. On ne sait pas trop comment la saison va se dérouler dans ces conditions très aléatoires à cause du Covid-19. On peut arriver le jour du match et ne pas tenir compte de ce qui a été fait toute la semaine à l’entraînement parce que des joueurs auront été testés positifs. C’est un peu fatigant, mais on essaye d’être conciliant.
 
Avez-vous fixé un objectif de classement au terme de ce championnat 2020-2021 ?
Entrer dans le top 6, voire dans les quatre premiers. Lors de ses trois premières saisons en Pro D2, l’équipe s’est classée 7e, puis 6e et 5e. La logique de cette suite arithmétique serait de finir 4e en 2021.
 

 
La sixième place est qualificative pour les barrages. L’accession en Top 14 était-elle un objectif à court terme ?
J’ai dit aux rugbymen qu’ils ne sont pas dans l’obligation de monter en Top 14. Mes joueurs sont des compétiteurs, ils pensent à l’élite, mais je leur ai dit de jouer du mieux possible et que je n’avais pas d’exigences. Si c’est pour monter dans le Top 14 et enchaîner les défaites, ce n’est pas la peine. Nous en sommes à notre quatrième année professionnelle, il ne faut pas être trop gourmand. C’est déjà remarquable pour la région Bourgogne-Franche-Comté et le département de la Nièvre d’avoir un club qui joue haut de tableau de la Pro D2. Si on a l’opportunité de monter, il faudra dans un premier temps réfléchir à la descente, trouver comment rivaliser avec les clubs des métropoles.
 
Vous ne semblez pas très optimiste…
Avec cette situation sanitaire, on se pose beaucoup de questions sur l’avenir. Le rugby professionnel ne touche pas beaucoup de droits TV et dépend beaucoup du système de sponsoring. Si les stades sont vides, que les spectateurs ne voient pas les publicités, plus personne ne va vouloir investir dans notre sport. La solution serait de s’appuyer sur des partenaires locaux, mais Nevers n’est pas dans une région riche. Mon entreprise Textilot Plus est le plus gros sponsor de l’USON. On peut déjà remercier les partenaires et les supporters qui continuent de nous suivre dans cette période compliquée et espérer que ce championnat 2020-2021 aille à son terme.
 

 
Mis à part votre entreprise, vous êtes donc accompagné au niveau local ?
L’USON a l’avantage de ne pas avoir la concurrence d’autres clubs professionnels. C’est plus facile de conclure des partenariats qui nous permettent de tenir. L’accompagnement de sociétés nationales est indispensable pour passer un niveau, mais il faut d’abord que le produit soit vendable. Quand l’équipe aura fait une demi-finale, voire une finale de Pro D2, cela prouvera que l’USON Nevers Rugby aura plus de maturité, on pourra se permettre de démarcher des gros partenaires. Le club peut déjà compter sur 7 000 à 7 200 supporters à chaque match pendant des périodes normales. Il faudrait porter la capacité du stade du Pré Fleuri à 10 000, voire 12 000 personnes, pour être plus attractif. C’était un projet en cours avec la municipalité, mais il a été reporté.
 
Comment comptez-vous consolider la place de l’USON dans le rugby professionnel ?
J’ai créé une académie privée pour la préformation, qui suit le modèle des académies fédérales. Ce sont surtout des jeunes du Centre et de l’Auvergne qui nous ont rejoints. Notre but maintenant est de finir notre centre de formation pour alimenter nous-même l’équipe première d’ici cinq à dix ans. Le pôle de Dijon est situé trop loin de Nevers et leurs jeunes ont tendance à quitter la région Bourgogne-Franche-Comté une fois leur formation achevée. Je trouve cela illogique. En les faisant venir dans notre académie, on leur ouvre une porte sur le monde professionnel via la Pro D2. Le centre de formation permettra aussi de travailler avec les écoles de rugby du département, laisser les jeunes s’aguerrir dans leurs clubs avant qu’ils rejoignent l’élite. Nous allons profiter de ce ralentissement lié à la pandémie de Covid-19 pour continuer de développer ces projets.

Propos recueillis par Leslie Mucret
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